Le samedi 24 avril dernier, Anthony Arty, 26 ans, a connu, face à Massy, sa première titularisation en Nationale avec les Caouecs blagnacais. Quasiment trois ans jour pour jour après une rupture des ligaments croisés, subie face à Villefranche-de-Lauragais en phases finales de Fédérale 2, alors qu’il portait les couleurs de l’Isle-Jourdain. Le demi de mêlée revient sur cet itinéraire particulier qui a connu quelques détours, notamment par le pays du long nuage blanc… (Par Marco Matabiau)
Dire qu’Anthony Arty a pas mal vadrouillé au cours de sa carrière rugbystique ne serait nullement lui faire injure. Débutant à l’US Colomiers, il rejoint en juniors l’AS Tournefeuille, puis se retrouve propulsé avec les séniors en Fédérale 2 à 17 ans et demi seulement. Après deux saisons en équipe fanion, il intègre les Espoirs de Montauban pour un an, puis quitte le chef-lieu du Tarn-et-Garonne (chose qu’un certain Fernand Naudin, en son temps, déconseillait pourtant de faire) pour s’engager avec L’Isle-Jourdain, en Fédérale 2, où il retrouve son camarade tournefeuillais, Simon Andreu. S’en suivront trois belles saisons, malheureusement conclues par cette terrible blessure au genou (voir photos ci-dessous) qui va éloigner Anthony des terrains pour un bon bout de temps: « Je me suis fait opérer à la Clinique Occitanie de Muret, puis j’ai fait ma rééducation chez ITEPS Sport, toujours à Muret« .
Pendant cette période, le natif de Montpellier finalise le projet qu’il entretenait déjà avant de se blesser : « J’avais pour intention d’aller passer une année en Nouvelle-Zélande et de jouer là-bas. Pourtant, je n’avais absolument aucun contact sur place. J’ai écrit des courriers à deux clubs. Un club d’Otago m’a très rapidement répondu, se montrant intéressé. Ils m’ont demandé d’envoyer des vidéos de match, ce que j’ai fait. Ils m’ont recontacté pour me dire que c’était bon« . En février 2019, Anthony débarque donc aux antipodes, à Otago, dans l’île du sud. Il s’engage avec le Oamaru Athletic Marists Rugby Football Club, dans lequel il est accueilli à bras ouverts : « Quand je suis arrivé, le club s’est occupé de tout et m’a énormément aidé pour toutes mes démarches extra-sportives. Je suis tombé sur des gens très respectueux et accueillants. Ils m’ont trouvé un logement, une voiture, et même un travail« . En effet, ses connaissances en électro-technique lui permettent d’être embauché dans une grosse entreprise (spécialisée dans l’abattage de moutons et de vaches) pour laquelle il assure la maintenance.
« Je ne me souviens pas avoir eu à réaliser un plaquage à l’entraînement ou fait une réelle opposition…«
Le tout malgré quelques petites difficultés à s’exprimer en anglais : « J’avais quelques bases scolaires oui, mais on va être clair: je ne parlais pas un mot. Là, tu te dis que t’es pas invité. Les trois premiers mois ont été difficiles sur ce plan« . Alors, comme il l’avait fait pour préparer sa venue de l’autre côté du monde, Anthony prend les choses en main : « Je me suis mis à relever des phrases et expressions que les gens autour de moi utilisaient souvent, je les ai consignées dans un petit cahier. Les mois suivants, j’ai ainsi pu mieux comprendre certaines conversations, puis progressivement être capable de tenir de véritables discussions. Cela m’a aussi permis de discuter avec les gars pendant la troisième mi-temps au lieu de rester tout seul dans mon coin comme au début« .
Côté terrain, son intégration se passe pour le mieux. Son capitaine d’alors Mark Herron raconte: « Anthony a tout de suite été très apprécié. Il s’est vite installé comme titulaire au sein de notre équipe. C’est un joueur passionné qui prenait personnellement chaque défaite. Il fallait parfois lui expliquer qu’une bière ou deux après le match, ça peut parfois être un bon remède« . Si bien qu’après le championnat disputé avec Oamaru, il est, au mois de juin, sélectionné par North Otago pour participer à la Mitre 10 Heartland Cup: « Là, tu montes encore d’un cran. Tu joues contre des équipes comme Otago ou Canterbury. C’est l’antichambre du Super Rugby, si bien que tu te retrouves parfois avec des gars qui descendent des squads de Super Rugby ou qui reviennent de blessure avant de réintégrer les Highlanders ou les Crusaders« .
Même s’il n’est pas titulaire (« le gars que j’avais devant, c’était le demi de mêlée de New Zealand Heartland, un peu l’équivalent d’une équipe nationale amateur, juste en dessous des All Blacks et des Baby Blacks« ), Anthony obtient du temps de jeu (entre 20 et 25 minutes par match) et devient champion de Nouvelle-Zélande, remportant la Meads Cup, l’un des plus prestigieux trophées néo-zélandais. Une véritable fierté, et une sacrée ligne sur la carte de visite. Du terrain, il retient surtout les méthodes d’entraînement, fort différentes de celles de l’hexagone : « En France, on fait souvent du contact. Là-bas, je ne me souviens pas avoir eu à réaliser un plaquage à l’entraînement ou fait une réelle opposition. L’accent est plutôt mis sur la technique individuelle, la préparation physique, la mise en place et les répétitions des divers lancements de jeu, quasiment à vide« .
Pour son retour en France, le désormais champion de Nouvelle-Zélande pose tout d’abord ses valises à Lavaur, où évolue alors son pote Simon Andreu. Il est contacté par Nicolas Hallinger, le coach de l’époque, et arrive dans le Tarn au mois de décembre. La saison tourne néanmoins court (Anthony ne joue que trois matchs avec l’ASV) du fait de l’épidémie de Covid-19. Cette pause forcée met aussi en évidence la distance entre le domicile et le Stade des Clauzades. Conseillé par Mathieu Del Ben (qu’il connait des ses années tournefeuillaises), il entre alors en contact avec Christophe Deylaud, le manager blagnacais. Les deux hommes tombent d’accord : à Anthony de montrer maintenant ce dont il est capable.
Pourtant, tout ne se passe pas comme prévu : « J’avais déjà pris un coup sur le genou en Nouvelle-Zélande. J’avais une fissure. Puis je me suis fait mal au ménisque à Lavaur. J’ai de nouveau été opéré : on m’a suturé le ménisque. J’ai été opéré une fois encore, d’un kyste« . Par conséquent, Anthony n’a repris le collectif qu’au mois de février, puis la compétition au mois de mars. Vingt minutes avec les espoirs à Dijon, vingt minutes avec la première face à Chambéry, avant d’être titulaire pour le déplacement à Massy : « Malgré la défaite (27-35), on a fait un gros match. On a répondu présent dans l’engagement face à une équipe qui joue la montée en Pro D2. Reste maintenant à recevoir Nice avant de terminer la saison à Bourgoin« . Pas d’Otago ni de Canterbury, mais un bien alléchant programme néanmoins…