Régionale 2 (vidéo) – Castelnau-Montratier tient son exploit contre Caraman, et sa grande finale
Caraman, triplement couronné l’an passé (vainqueur du Terroir, champion d’Occitanie et de France de 2ème série), restait sur son incroyable dynamique victorieuse cette saison encore. Une seule défaite en phase régulière, une place de numéro un régional, un 16ème de finale contre Carmaux maîtrisé, un 8ème plus compliqué mais victorieux contre Espalion, et de fait une nouvelle montée actée en régionale 1. Mais qui pourrait bien arrêter la Jeunesse Sportive Caramanaise ? Castelnau-Montratier avec son nouveau staff, étaient déjà bien contents de se qualifier pour les phases finales. Les victoires en 16èmes contre Rabastens, en 8èmes contre Sidobre et en quarts face au Tuc ont ouvert les portes de la régionale 1, et encore un peu plus l’appétit de Lotois décomplexés et sans (trop de) pression. Dans cette course au titre, rien de tel qu’un vélodrome, celui de Villemur-sur-Tarn, pour servir d’écrin à une demi-finale entre la JSC et le COC (Club Olympique Castelnaudais) plus ouverte qu’il n’y paraissait… (par David Campese, photos Christophe Fabriès)
Le premier remplacement du match intervient dès la première minute avec le… sifflet de M. Tartini qui n’a visiblement pas apprécié la pluie battante. Passée cette micro coupure, Castelnau-Montratier a l’initiative du jeu, alterne les percussions au près, et les ballons à l’aile. Caraman veille au grain, quoi de plus normal face à un « Coc » entreprenant… mais se met à la faute. Le jeune ouvreur lotois Téo Christophe (20 ans) arme son pied gauche pour la première fois du jour, et en bonne position, ouvre le score (3-0).
Il ne faut pas attendre longtemps pour assister à la réaction de Caraman, qui, sur le renvoi, mal contrôlé par les Castelnaudais, permet à Cluscart, après un ballon porté et du jeu à une passe, d’aller marquer le premier essai de cette partie, transformé par Caux (3-7).
Dans la continuité, le COC vole un ballon en touche, obtient une pénalité, que Christophe valide à nouveau (6-7). Alors que le jeu se stabilise un peu, Paul Minihot, déjà touché à la bouche quelques instants plus tôt, reste à terre, allongé sur le dos, il crie de douleur, le bras droit allongé. Le pilier lotois, victime d’une double luxation de l’épaule et du coude, restera de longues minutes à attendre les pompiers qui l’emmèneront après les premiers soins, sur un brancard, applaudi chaleureusement par tout le stade.
Après cette pause forcée de trente minutes, le jeu reprend par une pénalité en faveur de Caraman, face aux poteaux. Le demi de mêlée Bastien Caux, depuis les 22, enquille sans trembler (6-10, 20ème). Christophe lui répond cinq minutes plus tard et réduit l’écart (9-10). Caraman remet la main sur le ballon dès le renvoi suivant, et enclenche un ballon porté dont les avants, plus solides, ont le secret. Le COC y laisse des plumes, s’accroche bec et ergots, mais se met à la faute, à deux reprises. L’arbitre prévient que le carton va sortir de sa poche au prochain maul écroulé.
Sur l’action suivante, alors que le camion rouge et blanc n’est qu’à cinq mètres de la terre promise, Paul Gaydou, le capitaine lotois, arrache le ballon, s’extirpe du regroupement et repousse le danger. Caraman, dans ce moment fort, n’aura inscrit aucun point. Et aurait même pu en encaisser suite à un ballon tombé, tapé au pied par l’arrière Périé, qui poursuit sa course au rythme des rebonds capricieux de l’ovale, flirtant avec la touche. Ce dernier termine finalement sa course à 15 mètres de l’en-but lauragais. La touche sera mal négociée, et la mi-temps sifflée sur ce score de 9-10, somme toute assez logique.
Caraman inefficace, Castelnau-Montratier réaliste…
Le deuxième acte commence par un nouvel en avant, sur la réception du coup d’envoi donné par Caraman. Castelnau-Montratier récupère le ballon humide, une mêlée à 30 mètres, et envoie du jeu : bonne alternance entre avants et arrières, et si le rideau défensif de Caraman reste imperméable, il se met à la faute. Christophe, en bonne position, redonne l’avantage aux siens et de la couleur aux « maux bleus » (12-10, 42ème).
Caraman repart à l’attaque, balaye le terrain avec du jeu à une ou deux passes, Caux joue dans le sens ou sur le retour, donne des munitions à ses centres, mais la troisième ligne lotoise, avec notamment les jeunes frangins Baptiste et Nathan Vignals, découpe tout ce qui se présente.
A force de subir, le COC se fait malgré tout sanctionner. Des 40 mètres, Caux prend sa chance, mais rate la cible une première fois, puis une seconde, de 45 mètres, avant de céder sa place à Descombes. Caraman domine, enclenche un ballon porté, écroulé par les avants lotois. Hébrard prend le but aux 22m en coin, mais l’ailier lauragais rate lui aussi les perches.
A l’heure de jeu, l’on se dit que Castelnau est au point de rupture tant les joueurs s’envoient en défense et mettent les mains sur les genoux au moindre arrêt de jeu. Les coachs font logiquement tourner, Paul Gaydou sort sous les applaudissements nourris des nombreux supporters bleus et noirs, tout comme Nathan Vignals.
Caraman campe dans les 30 mètres lotois, sans parvenir à franchir, ni marquer le moindre point. Sur un en-avant, le COC hérite d’une mêlée, et joue un petit côté ambitieux depuis ses 22 : l’ailier Brocard hérite du ballon, accélère, déborde, tape à suivre aux 50 mètres, mais se fait devancer à la retombée par Alard, l’arrière caramanais, qui assure la couverture. Ce dernier relance aussitôt, donne sur le pas à son ailier Hébard, qui se fait plaquer à retardement après avoir tapé à suivre. Berkau, entré en jeu cinq minutes plus tôt, est pris par la patrouille, et reçoit un carton jaune logique.
On joue la 65ème minute, et dans ce final haletant, une supériorité numérique est forcément un avantage indéniable. D’autant plus qu’au point de chute du coup de pied à suivre précédent, Guillaume Blache, le troisième ligne centre de Caraman, prend le ballon et indique les poteaux à M. l’arbitre. Trois pas d’élan pour l’ancien du FCV, et le ballon part vers les perches : le coup de pied de mammouth passe ! 12-13, Caraman à 15 contre 14 prend un avantage que l’on pense alors décisif.
Sur le renvoi pourtant, Caraman, plus fébrile qu’à l’accoutumée, se fait sanctionner. Périé, l’arrière du COC, en moyenne position, prend sa chance, mais son ballon fuit les poteaux. Dans la foulée, les Lotois héritent d’une touche, mais le lancer, pas droit encore, rend le ballon à Caraman qui n’en demandait pas tant. Les hommes de Michel Blanc et Lilian Cancian ont tous les atouts en main, et même le pied de Valentin Coustel, talon polyvalent, qui tape un rasant bien senti depuis son camp, jusqu’à l’entrée des 22 lotois.
Alors que l’on voit mal comment Castelnau va pouvoir desserrer l’étreinte, Gras reçoit un carton jaune pour un déblayage au sol illicite. Les forces se rééquilibrent, le jeune ouvreur Christophe distille un nouveau coup de pied tactique bien senti depuis ses 22, Blache, en couverture, utilise encore son pied à l’entrée de ses propres 22, pour sauver la patrie rouge et blanche, mais dévisse complètement. Berkau fait son retour sur le terrain après ses dix minutes au frigo, le COC se retrouve à son tour à 15, mais contre 14 cette fois.
La conquête en touche, souvent malmenée durant ce match, d’un côté comme de l’autre, est assurée au meilleur des moments par les Lotois. Christophe tente un petit côté, se faufile, tel un Fred Michalak de la grande époque, mais se fait coffrer à 15 mètres de la ligne d’en but. Ses avants lui viennent en renfort, ils font le siège de la ligne haut-garonnaise, sentant qu’il y a moyen d’aller derrière pour marquer l’essai libérateur.
Après plusieurs percussions et une bonne alternance, un décalage se fait, la supériorité numérique joue son rôle. L’essai est quasiment tout fait, mais stoppé illicitement au pied des poteaux, avec un double plaquage, dont un jugé trop haut. M. l’arbitre, qui file entre les perches pour valider un essai de pénalité. Explosion de joie d’un côté, stupeur de l’autre. 19-13, il reste deux minutes à jouer. Les entraîneurs lotois, en apnée, crient à leurs joueurs d’assurer la réception sur le renvoi et de ne surtout pas se mettre à la faute.
Message mal entendu : Caraman hérite du ballon et a la force morale, comme physique, d’aller provoquer son destin. Dans les 22, les Rouge et Blanc font voler le ballon de main en main, au large, au près, la défense bleue et noire ne lâche rien. Le suspense est total, les supporters poussent derrière leurs favoris. La tension est palpable, mais les acteurs livrent une partie propre, virile et correcte.
On joue la 80ème minute, c’est la dernière attaque de Caraman : une percussion, une deuxième, un renversement, un autre, une porte s’ouvre, un bras, une main, s’accrochent au maillot lauragais, un retour intérieur est possible, la passe aussi, on croit l’essai à portée de main… mais la passe, dans les chaussettes, se termine par un en-avant à 5 mètres de la ligne !
C’est fini ! Castelnau-Montratier vient de faire tomber Caraman. L’exploit est de taille pour les Lotois, qui font subir à la JSC la première défaite en phases finales depuis un an. L’émotion est à son comble, le COC chante sa joie, les larmes vont avec. Les embrassades sont nombreuses, les yeux humides, les sourires se passent de commentaires même si RugbyAmateur va les capter ici ou là (voir les réactions plus bas).
Pour Caraman, cette deuxième défaite de la saison (seulement !) est synonyme de cruelle élimination, mais les joueurs et les entraîneurs ont eu des mots forts après le coup de sifflet final. Touchés mais pas coulés, soyons certains que les Lauragais vont se relever de cette déception légitime, pour briller lors du championnat de France.
Pour Castelnau Montratier, cette qualification en finale, une semaine après avoir validé sa montée en régionale 1, est une nouvelle grande victoire, un rêve éveillé. Sans complexe, il faudra en sortir l’autre grand favori, Corbières XV, lors de la grande finale, prévue ce dimanche, à Auterive (31). Humbles et accrocheurs, les jeunes du Quercy n’ont pas le melon, et vont tout faire pour que les vins des coteaux soient sacrés dimanche.
Histoire d’effacer le souvenir malheureux de la finale 2017 disputée à Ernest Wallon. Le village des irréductibles lotois sera derrière les ses joueurs, c’est certain, pour jouer son rôle de 16ème homme. Les Corbières contre le Quercy blanc, faites vos jeux, la roue tourne. Dimanche, sur le vélodrome de Villemur, elle a encore tourné en faveur des sudistes du Lot…
Les réactions d’après match
Cyril Lelièvre (entraîneur Castelnau-Montratier)
Stéphane Péchambert (entraîneur des arrières de Castelnau-Montratier)
Anthony Batigne (ouvreur Caraman)
Johan Lobit (entraîneur des avants de Castelnau-Montratier)
Paul Gaydou (pilier et capitaine de Castelnau-Montratier)
Valentin Coustel (talonneur Caraman)
Guillaume Blache (3ème ligne centre Caraman)
Michel Blanc (entraîneur Caraman)
Nathan et Baptiste Vignals (troisièmes lignes ailes du COC)