La finale du championnat de France de Régionale 2 promettait une belle opposition de styles et de caractères, puisqu’elle mettait aux prises Basques et Catalans. En effet, sur la pelouse de Cazères (31), se faisaient face l’US Millas, qui disputait là sa troisième finale consécutive, et le Saint-Pée UC, dont le dernier titre national remontait à 2014. Le dernier match de la saison promettait donc du jeu et de l’enjeu… (Par Marco Matabiau/ Photos Alain Montségur)
Régionale 2 : Millas – Saint-Pée, le bouclier en direction des Pyrénées Orientales ou Atlantiques ?
Le match
Les Basques entamaient les débats pied au plancher. Long enchainement autour de l’ouvreur Lucu (oui, le frère de Maxime), qui sautait jusqu’à son arrière Maya, lequel mettait son ailier Etcheveste en débordement. Sur le retour, hors-jeu catalan, et trois premiers points dans l’escarcelle de Lacroix (3-0, 3ème). La réplique millassoise ne tardait pas: prise en touche de Le Gal, maul porté et faute adverse. Martinez s’élançait et remettait les deux formations à égalité (3-3, 8ème).
L’embellie ne durait toutefois que quelques instants puisque Pech, l’autre ailier des Rouge et Noir, écopait d’un carton blanc à proximité de sa ligne (10ème). La pénalité était jouée à la main, mais la féroce défense grattait au sol et annihilait l’action. Partie remise pour le SPUC. Après un nouvel enchainement de qualité, le demi de mêlée Otondo trouvait son troisième ligne Sanchez dans le petit côté, puis Lucu qui volleyait pour Etcheveste. Parfaitement décalé, l’ailier débordait et résistait au retour du talonneur Metlaine pour inscrire le premier essai de cette finale (8-3, 14ème).
Privés de ballons, très souvent pénalisés, inhabituellement maladroits, les Catalans continuaient de subir et encaissaient trois nouveau points, toujours par la botte de Lacroix (11-3, 23ème). L’USM effectuait alors quelques changements devant, espérant redynamiser l’ensemble de l’équipe. Enrique (Cyril), Guenoun et Vencell sortaient, Martinez, Llech et Touxagas (l’ancien Dragon) entraient.
La demi-heure passé, Millas réussissait enfin son premier lancement de jeu: faux appel au centre, puis Amrani allongeait pour Collgros, qui libérait Martinez sur son aile. Faute basque à proximité de la ligne. Pénalité, jouée à la main. Le ballon porté se structurait autour d’Enrique (Jordi), mais Le Gal ne pouvait aplatir. Renvoi sous les barres (31ème).
Une opportunité venait de passer. Dans le camp d’en face, pas question de faire de même. A l’approche de la pause, pilonnage en règle de la ligne, notamment par le pilier Gaillet et le troisième ligne Lopez. La charnière éjectait et Lucu allongeait vers Etcheveste, décidément le cauchemar de la défense catalane. L’ailier filait réaliser un doublé. Pourtant en positon difficile, Lacroix rajoutait deux unités (18-3, 39ème). Le score n’évoluait plus jusqu’au repos.
Millas recolle, mais se saborde
A la reprise, le staff millassois procédait à un nouveau changement. Gironne laissait sa place à Bellet, lequel entrait à la mêlée. De fait, Gironne passait en 9. Revenus avec de meilleures intentions, les Rouge et Noir attaquaient parfaitement ce second acte. Ballon gagné sur mêlée adverse, puis le jeu se déployait côté droit. Bellet servait Guenoun, lequel négociait à merveille le deux contre un pour envoyer son ailier Pech derrière la ligne. Du bord de touche, Martinez transformait (18-10, 46ème). De plus, Lopez recevait à son tour un carton, jaune celui-là.
Cela n’empêchait pas les Senpertars de reprendre leurs distances sur une nouvelle pénalité de Lacroix (21-10, 48ème). Au tour désormais des Vert et Noir d’effectuer du changement dans le paquet d’avants: Davant, Gaillet et Laxalt laissaient leur place à Alfaro, Yanci et Berrouet.
Plus entreprenant, Millas trouvait désormais quelques brèches: lancement autour d’Amrani et Le Gal, lequel levait le ballon pour Bosch (de retour au centre de l’attaque pour cette finale). « Bosco » semblait filer vers l’en-but, mais c’était sans compter sur le retour de Lucu. Point de fixation, puis les avants repartaient autour avant de commettre un en-avant. Encore une opportunité d’envolée (50ème).
Les protégés du président Faliu continuaient d’appuyer. Deux « cocottes » consécutives mettaient à mal la résistance adverse, puis Bellet, toujours lui, sautait directement pour Llech, qui marquait en coin. Millas recollait ainsi aux basques de Saint-Pée (21-15, 57ème). De manière momentanée cependant, puisqu’après une nouvelle belle séquence collective, le SPUC obtenait une énième pénalité, elle aussi transformée par Lacroix (24-15, 63ème).
Les affaires se gâtaient même puisque Lucu, sur un jeu au pied long, était victime d’un plaquage à retardement. Bilan: gain de 50 mètres et pénalité. L’artilleur en chef Lacroix se faisait un plaisir d’engranger trois nouveaux points (27-15, 66ème).
Millas faisait le forcing pour revenir. La mêlée gagnait une nouvelle munition. Une pénalité, jouée à la main, s’en suivait, mais le jeu au pied de Gironne (revenu en jeu) était bloqué par Sanchez et le contre s’organisait, faisant une fois de plus reculer les Catalans de 50 bons mètres. Désormais fébriles, les Rouge et Noir, visiblement émoussés, multipliaient les fautes de mains et rendaient trop facilement les ballons.
La fin de match voyait même Amrani passer ses nerfs sur Lucu et écoper d’un carton rouge (80ème+2). Un dernier ballon gagné dans l’alignement, un dernier dégagement et Monsieur Lavigne donnait l’ultime coup de sifflet de l’après-midi: Saint-Pée-sur-Nivelle pouvait célébrer son titre de champion de France.
Disputée devant un nombreux public (qui, avant de quitter le stade, a laissé la tribune propre comme un sou neuf), cette finale a tenu toutes ses promesses quant à l’opposition de style à laquelle on s’attendait. Plus armée devant, l’US Millas a par moments réussi à enclencher sur les ballons portés, dans le sillage des frères Enrique. Néanmoins, les hommes de Christophe Perez, Romain Nierga et Christophe Grando ont fait preuve d’une trop grande indiscipline et ont mis près d’une demi-heure à entrer dans la partie.
Pas facile ensuite de se refaire, malgré les efforts conjugués de l’omniprésent Le Gal et du percutant ailier Martinez. S’ils peuvent tout de même être fiers de leur solide exercice 2023/ 2024 (deux finales), les Millassois échouent une fois de plus sur la dernière marche nationale. Une quatrième défaite en finale qui va finir par hanter les nuits catalanes.
Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. Ces mots de Rodrigue ont rarement trouvé meilleur écho que dans les rangs du SPUC. Avec une moyenne d’âge d’à peine 22 ans, le groupe piloté par David Gaillet et Christian Sanchez a maitrisé cette ultime affrontement de bout en bout. Il faut dire qu’avec une colonne vertébrale composée des Sanchez, Otondo, Lucu et Maya, l’édifice est fondé sur des bases solides.
Aux enchainements de belle qualité ont en effet succédé de solides séquences défensives, mettant à mal les moindres velléités catalanes. Le parfait alliage pour aller chercher un nouveau titre, dix ans après celui de Promotion Honneur obtenu aux dépens de Tartas.
Réactions
Christian Sanchez (Entraîneur, Saint-Pée): « Du bonheur, de la joie, des pleurs d’émotion. Impensable en début de saison. On souhaitait avant tout progresser d’année en année avec ce groupe qui a eu des misères pendant quatre ou cinq ans. Depuis deux ans, le travail fourni avec le staff et les dirigeants porte ses fruits. Incroyables, les progrès réalisés. Qui plus est, ils ont une marge de progression et une insouciance. Ils ne se mettent pas la pression. C’est extraordinaire ».
Christophe « Pépé » Perez (Entraîneur, Millas): « La quatrième finale d’affilée perdue, dont trois en championnat de France. Dur, mais il n’y a pas grand-chose à dire, tant nous avons été indisciplinés. On est tombés sur une équipe jeune, qui circulait bien, qui a bien joué. Toutefois, on revient dans le game à 20 minutes de la fin. On fait des fautes inutiles. Face à un tel buteur et un garçon comme Lucu qui a dominé les débats, c’est difficile.
On peut donner toutes les consignes qu’on veut, il faut les appliquer. Pour les battre, il aurait fallu confisquer le ballon. Pour ma part, j’arrête ce soir après quatre ans et quatre finales. C’est plutôt bien, mais on n’a rien gagné. C’est ce qui m’embête le plus, pour les gens et les familles qui se déplacent ».
Mikel Lamothe (Troisième ligne, Saint-Pée): « On ne rend pas trop compte de ce que l’on a fait. Le club a eu de la difficulté par le passé. Là, on est un groupe de jeunes. La moyenne d’âge, c’est 22 ans. Les gars, c’est des branleurs. Un potentiel de fou. On a bossé. Aujourd’hui, ça paie. En face, c’étaient des monstres. On a produit un jeu plaisant à regarder. On n’a rien lâché. C’est fantastique ».
Cyril Enrique (Deuxième ligne, Millas): « Déçu, mais bizarrement moins que la première année. Celle-ci, on a de la place de l’emporter, mais on est trop indisciplinés. On fait beaucoup trop de fautes, on s’entête à vouloir relancer du fond du terrain à deux contre cinq. Il y a plus de mobilité dans leur camp. On a pêché sur des actions avec de longs temps de jeu. On fait beaucoup trop de fautes dans notre camp pour espérer revenir. 18 – 3 à la pause, c’est compliqué. Déçu pour ceux qui raccrochent les crampons là-dessus, pour tous ceux qui ont cru en nous. Aujourd’hui, le plus discipliné et le plus respectueux du jeu a gagné ».
Ximun Lucu (Demi d’ouverture, Saint-Pée): « Je suis fier de mon village, de tous ces jeunes. C’est magnifique pour eux. Je me suis senti un peu en mission. En fait, ils ont été à la hauteur toute la saison. On ramène le titre à Saint-Pée. Je suis trop heureux pour le village, et pour ces jeunes, vraiment ».
Mikel Guerendiain (Président, Saint-Pée): « Très heureux pour ce groupe de jeunes qui après des années compliquées n’a jamais lâché, sauvant le club. En toute humilité, cette victoire est méritée. Un jeu plus complet. On a su garder la tête froide. Les joueurs ont su rester dans leur match. Bravo aux dirigeants et aux bénévoles qui se paient aujourd’hui ».
Feuille de match
A Cazères (Stade des Capucins): Saint-Pée UC bat US Millas 27 à 15 (mi-temps: 18 à 3).
Arbitrage: M. Hugo Lavigne assisté de MM. Thomas Dufau Dussarat et Romain Bernachy (Nouvelle-Aquitaine).
Cartons blancs : à Millas, Pech (10ème).
Cartons jaunes : à Saint-Pée, Lopez B. (46ème).
Cartons rouges : à Millas, Amrani (80ème + 2).
Pour Saint-Pée-sur-Nivelle : 2 essais Etcheveste (14ème, 39ème), 5 pénalités (5ème, 23ème, 48ème, 63ème, 66ème) et 1 transformation Lacroix.
Pour Millas : 2 essais Pech (46ème), Llech J. (57ème), 1 pénalité (8ème) et 1 transformation Martinez M.
Composition Saint-Pée-sur-Nivelle : Maya; Lacroix, Borthaire (cap), Prieu, Etcheveste; Lucu (o), Otondo (m); Sanchez, Lamothe, Lopez B.; Laxalt, Bergara; Gaillet, Dabbadie, Davant.
Sur le banc : Alfaro, Yanci, Berrouet B., Olabe, Berho, Lopez P., Touya.
Entraîneurs : David Gaillet et Christian Sanchez.
Composition Millas : Collgros; Martinez M., Bosch (cap), Amrani, Pech; Gironne (o), Guillemin (m); Guenoun, Maincent, Le Gal; Enrique C., Enrique J.; Vencell, Metlaine, Llech N.
Sur le banc : Martinez E., Durand, Touxagas, Llech J., Bellet, Asencio, Aggery.
Entraîneurs: Christophe Perez, Romain Nierga et Christophe Grando.