La pelouse de Tuchan était maudite pour Trèbes, éliminé l’an passé en quart de finale de promotion honneur face à… Fleury Salles Coursan. Le destin ovale a voulu que ces deux équipes se retrouvent un an plus tard, au même stade, au propre comme au figuré. Il y avait de la revanche dans l’air audois, surtout après le 17-0 infligé par l’ESFSC sur le RCT en finale de terroir trois semaines auparavant, et une série de quatre victoires pour les joueurs de la Clape. Mais toutes les séries ont une fin, c’est bien connu…
Le Racing Club de Trèbes, mené à la pause (3-9) a su renverser une situation qui ne semblait pas compromise pour autant. Encore fallait-il mettre les bons ingrédients au bon moment, comme nous le confie l’entraîneur Nicolas Rey : « La première mi-temps a été difficile, on joue trop dans notre camp, on fait des mauvais choix, on prend 9 points, mais comme je l’ai dit aux joueurs, c’était 9 points cadeaux. On a commis des fautes évitables, donc il fallait faire plus et mieux en seconde période. C’est ce qu’ils ont fait. »
En effet, pendant que le RCT remettait son jeu en place, celui de l’ESFSC commençait à dérailler. Dans un match âpre comme on pouvait s’y attendre, l’indiscipline peut coûter cher. Déjà réduits à 14 et même à 13 en période, les joueurs de Fleury ont certainement laissé des forces et de la lucidité. Trois pénalités concédées en cinq minutes, et donc neuf points dans la musette. Trèbes vient de prendre le score (12-9), et le match à son compte.
Malgré une égalisation sur pénalité, les Blacks de Trèbes semblent plus frais : « On livre 40 minutes très abouties, dans l’occupation, en montée défensive, en gestion au pied, même si en conquête, on est un peu en dedans. On est visiblement plus frais physiquement oui, ce qui nous a permis de les contenir, d’autant qu’ils attaquaient loin de notre ligne. On est restés en place en défense, en étant efficaces en attaque. »
Nicolas Rey a tout compris avant tout le monde, et ses hommes lui donnent raison rapidement., Une pénalité, et surtout un essai du serial marqueur local, Antoine « Mur du son » Marson, permettent se mettre à l’abri d’un essai transformé (20-12). A l’heure de jeu, les portes des demi-finales s’ouvrent, le match vient de basculer, les joueurs de la Clape, ne se remettront pas de cette claque. Et aussitôt après la victoire, l’espoir d’un titre et donc d’une montée en fédérale 3, s’incrustent dans les esprits.
« Objectif de monter sur 5 ans, mais… »
Coach Rey tempère : « Nous sommes très contents de cette performance déjà, gagner ce match, être en demi-finale signifie beaucoup pour nous. La montée ? J’ai signé l’an dernier avec un objectif de monter sur 5 ans, mais si on peut le faire avant (rires)…. N’oublions pas que Trèbes était en promotion honneur l’an dernier? On voulait se qualifier dans un premier temps. On ne m’a pas mis à ce poste pour une montée obligatoire. Maintenant, si on va au bout, et on va tout faire pour, il y aura la montée aussi, on le sait, alors pourquoi pas… »
Et quand on demande enfin ce qui a changé au RCT pour expliquer une telle progression, la réponse est sans filtre : « Le club végétait anormalement à un niveau qui n’était pas le sien, en étant dans la proche banlieue de Carcassonne, il fallait monter. Et puis, nous avons pu compter sur des espoirs de « Carca » qui n’ont pas franchi le cap, mais qui ont d’énormes qualités. La passerelle existe dorénavant, le groupe est donc renforcé en qualité et en quantité, il est jeune mais bien entouré par quelques anciens, des quadras, comme notre ouvreur (Mickael Murcia) qui sont toujours en forme, et apportent beaucoup. »
Le groupe trébéen était resté dans sa très grande majorité certes, avec aussi les jeunes du club, mais la vingtaine de recrues l’a fait passer dans une nouvelle dimension, quantitative donc, mais aussi qualitative. Et même physique, avec l’arrivée de plusieurs treizistes, des gaillards comme Aaron Woods et Vavaé Tuilagi, de la famille de qui vous savez.
Un mix qui a payé pendant la saison régulière, autant que pour ces phases finales aujourd’hui. Et qui pourra s’exprimer contre une équipe de Tarascon qui possède un profil semblable, entre jeunes et quelques papas. Une demi-finale ouverte et prometteuse donc. En attendant, pour Trèbes, c’est un printemps doublement « Fleury »…