Le Stade Maursois a la particularité de jouer en championnat d’Occitanie malgré sa position géographique et administrative, dans le Cantal, en Auvergne-Rhône Alpes. Il faut dire que le Cantal est un entre deux… régions. Mais sa position à l’extrême sud du département lui a conféré le droit, assez logique finalement, de batailler avec des clubs occitans plus proches (du Lot et du Tarn-et-Garonne) pour s’éviter des déplacements aux confins des Alpes. Maurs n’a pas profité sportivement de cette faveur, puisque dernier de la poule 4, et relégué en promotion honneur… d’Occitanie. Une descente qui s’accompagne pour autant d’un certain dynamisme et de nouvelles perspectives. Dont une, plutôt surprenante. Au premier abord seulement…
Et oui, dans le même temps, Bagnac-sur-Célé a également vécu une saison galère avec 17 défaites en autant de matchs. La descente en première série était actée, mais pourtant, les Lotois du nord vont rester en PH. Quel rapport avec Maurs nous direz-vous ? Tout simplement parce que les deux clubs, séparés de 7km (mais appartenant à deux régions différentes, vous avez bien suivi), vont se rassembler au niveau des groupes séniors et unir leurs forces. Ils vont aussi profiter à plein de la nouvelle règle post covid-19. A savoir, la possibilité de se rassembler pour une saison, sans fusionner, pour envisager un rapprochement définitif, ou pas, à l’issue de cette saison 2020-2021.
Les deux clubs voisins parlent le même langage ovale. Ce que Rémy Seyrolle, vice président de Maurs, et co-initiateur du projet avec son homologue lotois Quentin Ginibrière, nous confirme : « C’est une initiative partagée en fait. On n’envisageait pas forcément cette idée il y a peu, mais les besoins de chacun ont fait que nous avons bien compris que nos intérêts étaient communs. Le rugby de village se meurt, on raisonne en rugby de territoire, surtout par chez nous. Le bassin économique est similaire aussi. Mais ce rassemblement n’est pas fait pour nous sauver, il est acté pour nous aider à progresser, et à changer nos objectifs aussi. »
Il faut dire que Maurs, par manque d’effectif, ne pouvait pas présenter d’équipe réserve, et répondre ainsi favorablement aux instances, pour rester en Honneur. De son côté, Bagnac, relégué en première série, peut ainsi rester en promotion. Du gagnant-gagnant donc pour tout le monde. Mais au-delà du simple aspect de l’échelon sportif, se cache une autre réalité, que nous développe Rémy Seyrolle : « Nous travaillons depuis sept ans sur un pôle jeune, nous avons recréé une équipe cadets et juniors, un poste d’agent de développement pour maintenir et faire progresser l’école de rugby. Résultat, nous avons une nouvelle génération de 30 jeunes, dont certains juniors vont frapper à la porte des grands. Nous pouvons leur proposer un meilleur environnement sportif. »
Du côté lotois, le président Moulène approuve et souligne : « Tout le monde va y gagner oui, joueurs, dirigeants, supporters. Chacun va apporter sa pierre à l’édifice, dirigeants, joueurs, entraîneurs… et l’objectif sportif dès cette saison sera de qualifier les deux équipes pour les phases finales. » Ce rassemblement redonne donc un coup de fouet aux deux clubs, avec l’appui de tous les joueurs, très motivés à l’idée de reprendre le chemin des terrains en nombre, pour batailler pour le haut du classement, et non pas pour la descente. « C’est un test pour les deux clubs » confesse Rémy Seyrolles qui enchaîne avec enthousiasme : « On ne s’est pas posé la question de savoir s’il y aura fusion ou pas à la fin de la saison prochaine. Les entraîneurs des deux équipes vont déjà se répartir les fonctions pour coacher les deux équipes séniors. Ils ont discuté entre eux, et la répartition est actée. L’effectif sera de 50 à 60 joueurs, plus quelques tutorats, et des jeunes prêts à monter. Nous avons tout à gagner, à nous tous de faire du bon travail, je suis très confiant. »
Se posera alors une dernière question avant de disputer la première rencontre sous l’entité Bagnac-Maurs : avec quel jeu de maillots et quelles couleurs joueront les séniors ? Le vice président cantalou souriait : « Ce n’est pas le plus important à ce jour, mais à défaut de moyens, nous jouerons avec les maillots des deux clubs à tour de rôle si nécessaire, et si le Coq Sportif se montre généreux, nous ferons faire un maillot aux couleurs des deux clubs. » Ciel et blanc d’un côté, rouge et blanc de l’autre, le bleu-blanc-rouge pourrait bien être à… l’honneur dans les prochains mois. Ce rassemblement l’est déjà aujourd’hui. Pour preuve, cette réunion en tribune partagée hier entre joueurs et dirigeants bagnacois et maursois. Certains étaient déjà là en 2016, lors de la finale du Limousin qui les opposait au Stadium de Brive. Ils ont déjà des souvenirs en commun, comme adversaires, à eux d’en créer, comme partenaires. Les soirées au club house de Pierre Fabre et Robert Bories promettent de belles discussions et de bons moments…