Dans un message posté sur Instagram ce lundi 17 novembre, Abdoulaye Gassama, joueur U18 du SCO d’Angers, dénonçait avoir été victime, avec son partenaire Georges Hodebourg de Verbois, d’insultes racistes par l’un de ses adversaires lors du match face à l’US Tours. Le jeune homme de 18 ans, étudiant en première année de licence d’histoire, s’est exprimé sur ce sujet.
Une semaine après la vidéo de cris de singe survenus pendant le match de Fédérale 1 opposant Montmélian à Tricastin envers le troisième ligne visiteur Brahima Koita, ainsi que des insultes lors du match de l’équipe féminine de Bobigny, une nouvelle affaire de racisme touche le rugby amateur. Celle-ci se serait passée ce samedi 16 novembre sur le terrain de Tours, lors de la 6ème journée du championnat U18 national, entre le SCO d’Angers et l’UST.
Abdoulaye Gassama et son coéquipier Georges Hodebourg de Verbois, tous deux joueurs du SCO, décrivent avoir été victimes d’insultes racistes, proférées par un adversaire. Abdoulaye est revenu pour RugbyAmateur sur cette scène :
« On jouait sur leur terrain, c’était l’une des dernières actions du match où il n’y avait eu aucun mauvais geste. La rencontre était pliée, ils avaient plusieurs essais d’avance. Sur une phase de ruck, j’entends la fin d’une phrase « … de merdes, » émanant d’un joueur adverse. J’ai à peine eu le temps de me replacer, que Georges me répète la phrase entière qu’il a entendue, qui s’adressait à nous deux : « Petits noirs de merde. »
Choqué, le jeune joueur décide de prévenir immédiatement l’arbitre de la rencontre, Monsieur Anthony Marceau. « Un essai a été marqué juste après et, lorsque l’on attendait la transformation, je suis allé directement voir l’arbitre pour lui signifier ce qu’il venait de se passer. Il me dit qu’il n’avait pas entendu, qu’il ne pouvait donc pas sévir, mais qu’il le mentionnerait dans son rapport de match.
Je comprends sa position, mais je ne trouvais pas normal qu’il ne soit pas sanctionné. À la fin du match, les esprits se sont un peu échauffés. Georges était touché et voulait des explications, il n’y a pas eu de violence et les coachs ont rapidement calmé tout le monde. »
Abdoulaye, touché, a reçu de nombreux soutiens, notamment de la part de ses adversaires : « Forcément, ça m’a fait quelque chose, mais ça ne m’a pas peiné. J’arrive à passer au-dessus de tout ça. Je trouve surtout triste que de tels propos soient tenus en 2024. Il y avait beaucoup d’incompréhension, car nous avions souvent affronté Tours, et il ne s’était jamais rien passé de mal.
Beaucoup de joueurs adverses, que ce soit après le match ou sur les réseaux, sont venus s’excuser pour ces propos et pour m’apporter tout leur soutien. Ils m’ont dit qu’ils étaient prêts à en assumer les conséquences. Mais ce qui serait bien, c’est que seul le joueur identifié soit sanctionné, et non toute son équipe qui a eu un comportement irréprochable. »
Le message d’Abdoulaye Gassama : « Une prise de conscience et que ça ne se reproduise plus »
Le jeune angevin a donc décidé de s’exprimer sur ses réseaux sociaux en dénonçant ces insultes racistes tout en demandant des sanctions. Il souhaite surtout, par son message, que cet acte ne reste pas anodin et que les mentalités changent. Il nous confie :
« J’ai posté ce message pour ne pas qu’on banalise un tel acte. Cela aurait pu passer pour quelque chose d’anodin si je n’avais rien dit. Mais justement, je me suis dis, on ne peut pas laisser passer ça. Alors si, à ma petite échelle, ça pouvait alerter, il faut qu’il y ait une prise de conscience et que ça ne se reproduise plus, ce serait super. »
Et le message a pris énormément d’ampleur : « J’ai reçu beaucoup de messages oui. Beaucoup d’autres adversaires du championnat, notamment des joueurs de Plouzané, des Espoirs de Rennes, qui m’ont apporté leur soutien. Tout comme mon club bien sûr. L’affaire a été prise très au sérieux. Finalement, si on compare cet acte isolé à tout le soutien reçu, ça redonne de l’espoir. »
Le deuxième ligne, qui a débuté le rugby à Laval il y a trois ans, répète que « c’est la première fois que ça m’arrive sur un terrain, ça reste un comportement isolé d’un seul joueur, mais je le répète, il ne faut pas en faire une généralité ».
Le manager du club ainsi que le président du SCO Rugby ont tout de suite contacté le joueur pour échanger avec lui, pour le soutenir dans les démarches. De son côté, l’US Tours aurait convoqué le joueur et ses parents, ce lundi. Pour l’heure, ces derniers n’ont pas communiqué sur cette affaire…