Au Stade Raymond-Gasc de Cugnaux, la finale de Promotion Honneur opposait deux des outsiders de la compétition, passés par les barrages, et qui en avaient fait voir de toutes les couleurs à leurs supporters. En effet, dès le premier tour et sous le déluge, Saint-Orens avait dû en arriver aux tirs au but pour se défaire de Foix (3-3 à l’issue des prolongations) avant de dominer le TLA (13-6) puis Lézat (16–6). Pour sa part, Saint Lys avait brillamment éliminé Carmaux (28-12) avant de sortir les favoris verfeillois au bout du bout des prolongations (16-9), pour finalement valider son ticket en finale face à Montredon (24-19). Deux équipes au mieux de leur forme à ce moment de la saison donc, et déjà assurées d’évoluer à l’échelon supérieur l’an prochain. Voilà qui promettait une bien belle empoignade… (par Marco Matabiau/ Photos Isabelle Marques).
Le ton de cette finale était donné quand , après réception du coup d’envoi, le troisième ligne saint lysien Barrau renversait un défenseur saint-orennais. La première mèche était d’ailleurs allumée par les joueurs du Canton, quand l’ailier Riot perçant plein axe. Le ballon sortait vite, « Saint O » se mettait à la faute. Mais Durand ratait la pénalité provoquée (6è). Il fallait attendre près de dix minutes pour voir le premier vrai enchaînement des Rouge et Noir. Saint-Lys se laissait déborder et concédait une pénalité qu’Aguilar transformait (3-0, 10è). L’arrière saint orennais Orrière imitait son partenaire quelques instants plus tard des 45 mètres (6-0, 13è). Sur l’action, Riot se blessait et quittait ses camarades, laissant sa place à Calvel.
Même mené, Saint Lys ne se défaisait pas de ses principes de jeu: dans ses 40 mètres, l’arrière Durand jouait vite une touche et trouvait son ouvreur Santouil. Ce dernier déchirait le rideau défensif adverse mais se faisait reprendre. Le ballon ressortait et échouait côté droit à Barrau, qui allongeait jusqu’à Bazzo. L’ailier, malgré un bel effort, se faisait projeter en touche à quelques centimètres de l’en-but. Ce n’était que partie remise puisque, quelques secondes plus tard, après un pilonnage en règle, les joueurs du Canton obtenaient une pénalité que Durand n’avait aucune difficulté à convertir (6 – 3, 19è).
Après un court mais salvateur « water break », Saint Orens se retrouvait à 14, le pilier Chaumet étant sanctionné pour un grattage illégal (23è). Même si les dix minutes en supériorité numérique ne permettaient pas aux joueurs du président Perez de marquer, ils allaient le faire avant la pause: bien soutenu par son capitaine Bouchard, Pierre plongeait en but après un bon travail préparatoire de son pack. Durand transformait (10 – 6, 35è). C’était le score à la pause.
Saint Lys, d’abord contenu, fait sauter la digue…
Après une accumulation de fautes dès la reprise, Saint Lys recevait un carton jaune: Jeauneau, pour avoir poussé le sauteur adverse en l’air, laissait ses camarades à 14 contre 15 (48è). Aguilar profitait de la pénalité pour ramener les siens à un petit point (10 – 9, 49è). Quelques instants plus tard, le buteur rouge et noir tentait une nouvelle pénalité mais la manquait. Néanmoins, Saint Lys hésitait à la réception et le dégagement au pied était contré. Le centre Cazaux n’en demandait pas tant et plongeait sur le cuir pour inscrire un essai opportuniste (14 – 10, 55è). Peu avant la pause fraicheur du second acte, le saint lysien Dutech, qui avait pris le relais de Durand, manquait une pénalité des 22 mètres en bonne position (60è). On se disait alors que les occasions manquées pourraient être préjudiciables aux joueurs du Canton, mais ces derniers allaient démontrer toute leur force de caractère lors d’un dernier quart d’heure de folie.
C’est tout d’abord Pierre, encore bien aidé par ses camarades du paquet d’avants, qui inscrivait un nouvel essai, redonnant un petit point d’avance à ses couleurs (15 – 14, 66è). C’est ensuite Barrau, sur une mêlée à cinq côté droit, qui ramassait le ballon et baissait l’épaule pour marquer l’essai du break (transformé depuis le bord de touche par Durand) et donner un peu d’air aux siens (22 – 14, 73è). Enfin, après une belle action préparatoire et un débordement de l’inoxydable Bouchard (qui, sans une glissade malheureuse, aurait pu inscrire l’essai lui-même) côté droit , Brachet venait parachever la victoire du Canton (27 – 14, 79è). Il ne restait plus qu’à gérer la fin de rencontre, ce que les hommes de Pierre Astolfi et Christophe Montaut faisaient à merveille. M. Bralley sifflait ensuite la fin du match : Saint Lys s’imposait ainsi en finale de Promotion Honneur.
Au terme d’une finale globalement maîtrisée, l’US Canton Saint-Lys avait donc remporté son premier titre (catégorie séniors) depuis 1980. On ne peut pourtant pas dire que Saint Orens lui ait rendu la tâche facile. Néanmoins, les joueurs de Jacques Lanta et Christophe Basset sont peut-être apparus plus nerveux que d’habitude (à l’image de ces deux touches non trouvées en première période ou de cette occasion d’essai vendangée à dix minutes de la fin) et ont été moins présents dans l’agressivité, notamment défensive. Cette défaite (plutôt lourde si l’on tient compte de la physionomie du match) ne remet nullement en question la superbe saison des rouge et noir qui ont atteint les deux objectifs qu’ils s’étaient fixés, à savoir bien figurer dans les phases finales et monter en division supérieure.
Pour sa part, Saint Lys a proposé une partition quasi parfaite, s’appuyant une nouvelle fois sur son pack dominateur pour faire craquer son adversaire. En effet, sans jamais s’affoler, l’équipe du Canton a peu à peu mis son emprise sur ce match et a fini par dérouler. Mention spéciale à Bouchard, au four et au moulin tout au long de la rencontre, et à Barrau, capable tant de s’imposer physiquement que de faire jouer ses coéquipiers après le contact. Les deux équipes vont à présent pouvoir se régénérer avant d’aborder le championnat de France le 6 mai prochain.
Réactions
Michel Perez (Président, Saint Lys): « Très heureux. C’est un club qui mérite ce titre. Les joueurs aussi. On ne va pas dire qu’on le sentait, mais quand on a un tel groupe, capable de faire des trucs apparemment irréalisables, ça ne peut que marcher. On leur avait dit qu’on se moquait de la manière. Ils ont quand même proposé du beau rugby. Ils y ont aussi mis du coeur. Je pense qu’on est là pour un moment et qu’on va encore embêter du monde. Le club traine une mauvaise image depuis longtemps. On va tout faire pour remédier à cela. Tout le monde le mérite: dirigeants, joueurs et bénévoles. »
Michel Minvielle (Président, Saint Orens):« Malgré tout content de cette saison, car au mois de janvier, on était vraiment dans le dur. L’équipe a su se remobiliser et remonter la pente en enchainant les victoires. Là, on tombe sur un os en finale. On manque aussi un peu de jus à la fin. Je tiens néanmoins à féliciter tout le groupe, tous ces jeunes, qui j’espère resteront l’an prochain. Cela leur fera une belle expérience pour aller batailler en Honneur la saison prochaine. »
Christophe Montaut (Entraîneur, Saint Lys): « Une très belle finale. Saint Orens a envoyé beaucoup de jeu. De notre côté, on a resserré un petit peu plus devant. On a bien conservé le ballon et on est restés disciplinés. Même quand on prend cet essai, je ne suis pas inquiet. Je savais que si on remarquait derrière, notre banc allait faire la différence. »
Jacques Lanta (Entraîneur, Saint Orens): « Aujourd’hui, le meilleur a gagné. On a eu une petite occasion qu’on n’a pas su saisir. Après on le sait, une finale, ça se joue à rien. On ne marque pas toujours dans nos temps forts. Si on l’avait fait, ça change forcément le score et ça nous aurait encore plus poussé pour aller chercher la victoire. Au contraire, on rentre dans les travers, on se met la pression chez nous (…) Pendant la semaine, les gars étaient très impliqués. On a pourtant raté notre entame. On n’est pas allés chercher nos adversaires comme d’habitude. On a manqué d’agressivité défensive. »
Olivier Bouchard (Deuxième ligne et capitaine, Saint Lys): « C’est merveilleux pour une fois d’être champion. J’avais jusqu’à présent joué trois finales, que j’avais toutes perdues. On avait vraiement à coeur de ramener le bouclier, même si la saison a été compliquée. On avait pris conscience de notre potentiel au début des phases finales. A partir du barrage, on a vraiment élevé notre niveau de jeu. Aujourd’hui, c’est une réussite pour l’ensemble du club. C’est que du bonheur. J’en suis vraiment ému. Je ne sais pas quoi dire de plus: à 35 ans, je soulève mon premier bouclier, c’est merveilleux (…) Quand on a pris cet essai, on n’a pas perdu les pédales, on est repartis sur des choses simples, que l’on maitrise, sans faire de grandes envolées. On a fait des choses propres, en remettant la main sur le ballon pour les pousser à la faute. Au final, le physique a fait qu’on a été plus efficaces sur la longueur de la rencontre. »
Feuille de match
A Cugnaux (Stade Raymond-Gasc): US Canton Saint Lys XV bat Stade Saint Orens XV 27 à 14 (mi-temps: 10 à 6).
Arbitrage: M. Kevin Bralley assisté de MM. Vincent Panabières et Christophe Graviou (Comité des Pyrénées)
Pour Saint Lys: 4 essais Pierre (35è, 66è), Barrau (73è), Brachet (79è), 1 pénalité (19è) et 2 transformations Durand.
Pour Saint Orens: 1 essai Cazaux (55è), 3 pénalités Aguilar (10è, 49è), Orrière (13è).
Cartons blancs: à Saint Orens, Chaumet (23è).
Cartons jaunes: à Saint Orens, Delrieu (75è); à Saint Lys, Jeauneau (48è).
Composition US Canton Saint Lys: Durand; Bazzo, Frontil, Michard, Riot; Santouil (o), Lapeyre (m); Barrau T., Jeauneau, Tonnello; Bouchard (cap), Pierre; Melo Alvez, Doom Mo., Lacout.
Sur le banc: Rodriguez, Barrau D., Brachet, Henault, Calvel, Fontes, Dutech.
Entraîneurs: Pierre Astolfi et Christophe Montaut.
Composition Saint Orens: Orrière; Petton, Cazaux, Cauquil, Molet; Aguilar (o), Dupont (m); Bescos, Murard, Jullié (cap); Pelfort, Delrieu; Cristante, Gonzalez, Chaumet.
Sur le banc: Sisquet, Etchebarne, Vicente, Parker, Arnoud, Jean, Crison.
Entraîneurs: Jacques Lanta et Christophe Basset.