Pour ce huitième de finale de championnat des réserves de Promotion Honneur, deux équipes aux trajectoires bien différentes se faisaient face. D’une part, Cazères le Fousseret avait terminé second de la poule 3 (derrière Montéjeau Gourdan Polignan) et avait ainsi enchainé de bons résultats tout au long de la saison. De son côté, Lisle sur Tarn, en poule 4, avait bien mal démarré, déclarant forfait lors des deux premières rencontres de la saison, puis avait peu à peu pris ses marques avant de se qualifier lors de l’ultime journée face à Montredon. La belle histoire allait-elle se poursuivre, ou la logique serait-elle respectée? (Par Marco Matabiau/ Photos Raoul Denax).
Les deux équipes entamaient la rencontre avec des intentions de jeu. Lisle se montrait tout d’abord dangereux en contrant un dégagement au pied de l’arrière garde commingeoise (3è), puis faisait le forcing par ses avants au sortir d’une mêlée dans les 22 adverses, obtenant une pénalité bien placée. L’ouvreur Caminade la transformait et lançait les hostilités (3 – 0, 7è). Les ententistes réagissaient dans la foulée, le demi de mêlée Arrouy dynamisant une pénalité et trouvant au soutien son arrière Kaisse avant que ce dernier ne prolonge vers Cieutat, mais l’action avortait pour un en-avant sur le renversement. Sur la mêlée suivante, l’UCF volait le ballon, Hidalgo Sanchez perçait le rideau défensif et l’action se poursuivait. Quatre temps de jeu plus tard, l’ouvreur héritait à nouveau du ballon et allongeait sa passe côté droit pour Kaisse qui, au prix d’un superbe cad’ dèb’ sur son adversaire, marquait en coin (5 – 3, 15è).
Lisle sur Tarn ne s’en laissait pas compter et reprenait ses esprits. Après une belle prise en touche, Piques s’échappait du maul porté et trouvait la brèche, se fendant au passage d’une superbe feinte de passe. A hauteur, le pilier trouvait Caminade, qui créait un point de fixation. Le ballon, vite éjecté, échouait dans les mains de Desbouges: le trois-quart centre sautait alors une bonne partie de sa ligne d’attaque pour trouver son arrière Issoufi en bout de ligne. L’essai était imparable. Caminade ajoutait les deux points de la transformation (10 – 5, 23è). Autour de la demi-heure de jeu, Kaisse (après Hidalgo Sanchez quelques minutes auparavant) quittait ses partenaires, visiblement victime d’une grosse béquille. Salis le remplaçait. Sur sa première action, il lançait l’attaque qui voyait Sol se faire projeter en touche par Issoufi une bonne soixantaine de mètres plus loin. Peu avant la pause, les Tarnais commettaient une faute au sol, permettant à « Toto » Salis (à qui certains supporters, le long de la main courante, trouvaient même des airs de ressemblance avec le chanteur Vianney) de ramener les siens à deux petits points (10 – 8, 38è). La première période avait été intéressante, la deuxième serait haletante.
Un chassé-croisé de folie
Le second acte reprenait sur le mêmes bases que le premier. Salis se voyait offrir une pénalité 30 mètres en face des barres mais ajustait mal son coup de pied (46è). Caminade ne connaissait pas ce type de problème et redonnait 5 points d’avance à Lisle après une faute au sol des rouge et bleu (13 – 8, 50è). Cazères Le Fousseret réagissait quasi immédiatement: sur une pénalité jouée à la main, l’intenable Salis décalait Rabaud. L’ailier débordait côté droit mais était repris. Sur le retour, Salis prenait l’intervalle et usait de son physique pour avancer au maximum. Le ballon était libéré, et Loze, bien servi par Arrouy, plongeait en-but. Du bord de touche, Salis, le couteau suisse commingeois (il évolue habituellement en numéro 8, mais a aussi le tampon pour jouer en première ligne), transformait d’un maitre coup de pied et donnait l’avantage à son équipe (15 – 13, 55è). Un avantage de courte durée puisqu’après une mêlée, Caminade prenait l’espace et se faisait plaquer. Quelques « pick and go » plus tard, le nouvel entrant Bruel récupérait le ballon, cassait un plaquage, pivotait sur lui-même et inscrivait le deuxième essai tarnais. Caminade transformait et Lisle repassait devant (20 – 15, 60è).
C’est le moment que ce diable de Salis choisissait pour ressortir de sa boite: après plusieurs temps de jeu, il recevait le ballon côté droit à une dizaine de mètres de la ligne, feintait la passe et prenait le trou pour marquer sans opposition et remettre les deux équipes à égalité (20 – 20, 66è). On approchait de la fin du match et on sentait bien que la moindre erreur pourrait être fatale. Justement: l’UCF cafouillait un ballon d’attaque et les Lislois ne laissaient pas passer leur chance. A la mi-terrain, ils poussaient au pied. Au duel avec un adversaire, Pages était le plus rapide et allait marquer entre les barres. Caminade transformait à nouveau (27 – 20, 76è). Lisle sur Tarn tenait son exploit. Du moins, c’est ce que tout le monde croyait jusque dans les arrêts de jeu. Après une belle relance de son triangle arrière, Salis mettait Arru dans l’intervalle. Le trois-quart centre se faisait la belle côté droit mais était repris tout près de la ligne. Caminade se mettait à la faute et prenait un carton blanc (80è). La pénalité obtenue était jouée à la main. Servi en bout de ligne, Daure marquait l’essai de l’espoir. En position pourtant délicate, Salis s’élançait, le ballon s’élevait et retombait juste derrière la barre transversale: 27 – 27, fin du temps réglementaire. Vingt minutes supplémentaires allaient donc être nécessaires pour désigner le vainqueur.
Une prolongation indécise et crispée
Revigorés par leur égalisation de dernière minute, les joueurs de l’UCF démarraient tambour battant, mais ce sont bel et bien les Tarnais, pourtant toujours en infériorité numérique, qui inscrivaient les premiers points de cet « extra time » par le pied de Fabries (30 – 27, 83è). Les noir et blanc cherchaient le KO, usant de tous les stratagèmes possibles: une combinaison en touche libérait Bruel, qui perçait sur 50 mètres avant d’être projeté en touche… et touché par des crampes. Cazères Le Fousseret se reprenait: Salis ratait une pénalité des 30 mètres en bonne position (87è) avant que l’ailier Cieutat ne réalise un superbe numéro de funambule sur l’aile droite. Il était toutefois repris tout près de la ligne d’essai (89è).
Loin de se décourager, les Commingeois remettaient la main sur le ballon dès l’entame de la deuxième partie de la prolongation. Ils bénéficiaient de deux pénalités consécutives, Lavocat pensait déborder mais se faisait finalement reprendre et sur le retour, Salis trouvait une nouvelle fois la faille et envoyait son pilier Maury à l’essai. L’ouvreur réussissait l’importantissime transformation (34 – 30, 94è). Le plus dur semblait fait. Cependant, Lisle récupérait le cuir sur le renvoi et obtenait une pénalité. Les hommes en noir optaient pour la pénal touche, mais perdaient le ballon. Il s’agissait là de la première balle gagnée par l’alignement de l’UCF depuis le début du match (95è). Les Tarnais jetaient leurs dernières forces dans la bataille: Caminade sortait touché à la cheville (déjà bandée avant le coup d’envoi) et, sur la dernière offensive, Desbouges perçait mais se faisait croquer avant de pouvoir assurer sa passe. M. Henriel, très bon ce samedi, mettait alors un terme à cette rencontre. Les nombreux spectateurs présents pouvaient enfin reprendre leur souffle.
Il est des matchs qui mériteraient deux vainqueurs. Ou pas de perdant. Ce huitième de finale fait partie de ceux-là. Les deux équipes se sont en effet livrées sans compter. Tous les ingrédients y étaient: un excellent état d’esprit, de l’intensité, du beau jeu, des erreurs, des retournements de situation, des exploits. De ce superbe spectacle collectif sont ressorties certaines individualités. Pour l’ASL, Piques, Bruel et Audouy ont bien menés le paquet d’avants alors que le centre Deflandre (dit « Chinois ») s’est démené au centre du terrain. Côté UCF, le troisième ligne Da Silva a fait une bonne entame avant de sortir prématurément et Campodall Orto a fourni un gros travail de fixation. Enfin, comment ne pas mentionner le formidable duel d’ouvreurs que nous a offert ce match de phases finales: tant le Lislois Caminade que le Commingeois Salis ont su à la fois régulé le jeu de leur équipe, prendre les espaces quand cela s’est avéré possible et inscrire des points (12 pour Caminade, 14 pour Salis, dont un essai). Les joueurs de Patrick Piedras et Éric Duclos poursuivent donc leur route. Quant aux Tarnais, certainement déçus à chaud, ils peuvent être fiers du travail accompli.
Réactions
Eric Duclos (Entraîneur, Cazères Le Fousseret): « Je pense qu’on a eu très chaud. On a trouvé de belles ressources. L’aide de Thomas Salis, en tutorat avec Tournefeuille, a été très précieuse. Les gars sont allés se le chercher et méritent cela au vu de l’investissement qu’ils ont consenti. Je tiens aussi à féliciter Lisle sur Tarn, une très belle équipe avec un super état d’esprit. A nous maintenant de bien travailler cette semaine pour espérer faire un parcours honorable dans ces phases finales. »
Régis Sacarrère (Entraîneur, Lisle sur Tarn): « Déçu et frustré de cette défaite. Néanmoins, il ne faut pas oublier d’où l’on vient. Cette équipe B part de très loin. Beaucoup de clubs pensaient qu’on déclarerait forfait général au troisième match. Petit à petit, on s’est construits, on est montés en puissance. Encore une fois, je voudrais ici rendre hommage à Sébastien Costes qui nous a quittés récemment. Cela a fait très mal au groupe émotionnellement, mais cela nous a aussi resserrés. On vient en huitièmes de finale, on tombe sur une belle équipe de Cazères avec quelques joueurs très intéressants qu’on n’a pas su maîtriser. On a vu aujourd’hui un beau match de rugby avec deux équipes qui étaient venues pour jouer. On s’est régalés, on s’est rendus coup pour coup. Je suis très fier du travail accompli par nos garçons. »
Thomas Salis (Demi d’ouverture, Cazères Le Fousseret): « Très difficile dès le début de match dans le combat. Ils étaient très agressifs et jouaient bien sur la largeur. On a eu du mal à entrer dans le match. On ne s’attendait peut-être pas à une telle opposition, d’autant plus qu’ils avaient très souvent joué à 12. Notre banc a été efficace. On a réussi à mettre de l’avancée. Tout a été compliqué parce que dès qu’on marquait, on reprenait la pression, des points derrière. On aurait pu tuer le match sur deux ou trois actions en première mi-temps mais on n’a pas su le faire. On a eu de gros soucis en conquête. Heureux d’avoir gagné tout de même. »
Feuille de match
A Seilh: Union Cazères Le Fousseret XV bat Amicale Sportive Lisloise 34 à 30 après prolongations (mi-temps: 10 à 8 pour Lisle sur Tarn, 27 à 27 à la fin du temps réglementaire).
Arbitrage: M. Théo Henriel (Ligue Occitanie).
Cartons blancs: à Lisle sur Tarn, Caminade (80è).
Pour l’Union Cazères Le Fousseret: 5 essais Kaisse (15è), Loze (55è), Salis (66è), Daure (80è + 1), Maury (94è), 1 pénalité (38è) et 3 transformations Salis.
Pour l’Amicale Sportive Lisloise: 3 essais Issoufi (23è), Bruel (60è), Pages (76è), 2 pénalités (7è, 50è) et 3 transformations Caminade, 1 pénalité (83è) Fabries.
Composition UCF : Kaisse; Porter, Arru, Campodall Orto, Cieutat H. ; Hidalgo Sanchez (o), Arrouy (m) ; Sanchez, Duffau, Da Silva; Cieutat JB, Pampoulie; Maury, Gomis, Marty (cap).
Sur le banc: Montelon, Salis, Loze, Seguela, Sol, Daure, L’avocat.
Entraîneurs: Patrick Piedras et Éric Duclos.
Composition ASL : Issoufi; Maurel A., Deflandre, Desbouges, Maurel Y.; Caminade (o), Hernandez (m) ; Audouy, Sacarrère, Lagarde; Bellieres, Pradel; Piques, Maffre (cap), Da Silva.
Sur le banc: Fabries, Bruel, Pages, Merle, Gregori.
Entraîneurs: Régis Sacarrère et Laurent Lherm.
Un très bel article pour un très beau match. Félicitations aux deux équipes.
Fier de mes garçons.
Thierry
Président de l ASL