Il y a deux ans, Espalion était dernier de sa poule de Promotion Honneur avec dix-huit défaites en dix-huit rencontres, sombrant corps et biens en Première Série à la fin d’une saison totalement noire. Cette année, c’est Montech qui semble vivre la même histoire que les Aveyronnais. Huit défaites de rang en autant de rencontres, les dimanches de la phase aller ne sont pas joyeux ni fleuris pour des Coquelicots qui se fanent journée après journée et comptent même un total de points négatif. Si du mieux avait été entraperçu le week-end dernier malgré la défaite contre Lisle-sur-Tarn, les Montéchois allaient-ils pouvoir faire un « truc » contre Espalion ? De leur côté, les Espalionnais, dans la course à la qualification, allaient-ils signer une quatrième victoire consécutive, après celles obtenues contre Luzech, Saint-Jory et le T.E.C. ? Entre vivre pour les uns et survivre pour les autres, tel était l’enjeu de ce match… (résumé et photos par Wildon)
Il faut attendre le quart d’heure avant que le score ne se débloque. Les Aveyronnais favoris laissent venir, sans vouloir forcer leur talent, face à des Montéchois qui présentent tous les symptômes d’un groupe à qui rien ne rigole : ils essaient plutôt que n’osent, ils attaquent sans réellement s’engager à fond, de peur d’être pris en contre, ils avancent en regardant derrière eux. Et puis Espalion se décide à enclencher la première avec une attaque côté gauche qui se termine par un premier essai signé Palazy que Tierra ne transforme pas (15e, 0-5). Cinq minutes après, les Aveyronnais remettent le couvert avec une nouvelle offensive côté droit cette fois-ci. Palazy récupère le cuir et s’offre un sprint le long de la ligne de touche pour un doublé que Tierra ne bonifie toujours pas (20e, 0-10). Montech réagit timidement, maladroitement aussi, mais parvient à camper dans la moitié de terrain aveyronnaise. Mais si Deraed manque la pénalité obtenue (25e), les Montéchois parviennent à monter une très belle attaque, « gros » en tête, qui finit avec une poussée propulsant le maul en terre promise, Bergé et le ballon serrés l’un contre l’autre, Ferrié faisant le reste (31e, 7-10). L’espoir renaît dans les travées du stade Launet. Et si…
Un essai magistral de Tinka donne l’avantage à Montech…
De retour sur le pré, Montech réalise alors un coup magistral malgré son infériorité numérique, Lacaze ayant reçu un carton jaune juste avant la mi-temps. Restés à quatorze, les Tarn-et-Garonnais attaquent depuis leur camp quand Tinka ramasse le ballon, traverse toute la défense espalionnaise depuis le milieu de terrain et pique une course qui s’achève entre les poteaux ! Le public est encore debout pendant que Ferrié transforme l’essai sans trembler (42e, 14-10). Et voici que Montech mène au score ! Et si, et si…?
La domination des locaux va durer huit minutes, le temps qu’Espalion remette la marche en avant sur une énorme cocotte qui avance lentement mais sûrement. Et renverse des Montéchois qui se résistent avec l’énergie du désespoir. Avec la force du bélier qui enfonce une porte, le pack aveyronnais envoie Cayron à l’essai, Tierra finissant le travail entre les perches (50e, 14-17). Deux minutes après, Ferrié tape une pénalité pour remettre les siens à égalité mais sa tentative frôle le poteau gauche. Raté… (52e). Montech essaie encore et toujours, capable d’impacts superbes, d’offensives prometteuses mais stériles du fait que les joueurs se débarrassent souvent du ballon plus qu’ils ne cherchent à le passer, ou perdant leur avantage territorial par l’absence de soutien…
Le réalisme d’Espalion coule Montech
La suite est une nouvelle preuve du réalisme froid d’Espalion qui mène une attaque fulgurante à travers une défense montéchoise totalement dispersée, avec des intervalles dignes de boulevards dans lesquels Palazy s’engouffre pour signer un bien joli triplé (57e, 14-22). Le mal est fait et plus rien ne va entraver la victoire d’Espalion. Pas même cette attaque de Montech, virile, gaillarde, courageuse, mais qui se meure à un mètre de la ligne d’en-but aveyronnaise (71e). Ni l’essai raté de Palazy qui, tout au bout de la ligne d’attaque, relâche le ballon alors qu’il plonge en terre promise (79e).
Alors qu’Espalion reste toujours au contact des équipes de devant (trois points de retard seulement sur le TEC, troisième, et Lisle-sur-Tarn, quatrième), Montech subit une neuvième défaite consécutive. Les Coquelicots, fanés, sont fanny certes, mais loin d’être déméritant…
Les réactions
Alain Rougeyres, entraîneur de Montech
Rugby Amateur : Au-delà du score, qui n’est pas ridicule même s’il s’agit d’une défaite, votre équipe a été capable de belles choses mais à côté de cela, les actions de jeu parfois naïves et confondantes, ne vous ont-elles pas coûtées une possible victoire ?
AR : Oui, tout à fait. Le truc, c’est qu’on se procure des temps forts où l’on ne marque pas. Du coup, on s’affole. Pourtant, on n’est pas ridicule par rapport à Espalion mais je me dis que c’est la peur… parce qu’on est au fond… la passe, on la fait pas parce qu’on a peur, parce qu’on ne veut pas prendre de risque, pour ne pas pénaliser l’équipe. Il faut avoir une victoire pour pouvoir nous débloquer (sic).
RA : Justement, quand vous parliez de peur, cela se ressent très nettement notamment dans les passes, avec cette peur au ventre et jusque dans les mains, que peut-on faire pour ce groupe qui…
AR (il enchaîne) : Qui doute… oui, qui doute… et pour changer ça, il faudra qu’il ait de l’envie aux entraînements, qu’on vienne s’entrainer et puis que les gars se lâchent, quoi… Le rugby, c’est un jeu… A un moment donné, ça va s’ouvrir. On vient pour prendre du plaisir le dimanche… Il faut lâcher le coup… Il marche, il marche pas, c’est pas grave mais actuellement, on a surtout peur de mal faire. On est là pour prendre du plaisir mais là, on n’en prend pas. Il y a pourtant de la qualité et de l’envie autour d’un groupe qui est en train de se créer. Il faut qu’on ait la patience de faire une passe de plus, d’aller un peu plus loin. Moi, j préfère le garçon qui vient, qui tente une passe, il la manque, ben c’est pas grave : il est venu, il a essayé de la faire que de se cacher, je ne l’ose pas, je me couche par terre et puis voilà… Les gars ont la pression négative mais ce n’est même pas nous qui la leur mettons. Tout le monde essaie de rester positif. Je sais pas… (Il répète) Je ne sais pas… A chaud, je suis dépité parce qu’il y a avait de la place…
Jérôme Lantuech, entraîneur d’Espalion
Rugby Amateur : Que retenir d’une victoire qui a été longue à se dessiner et dans laquelle vous n’avez pas toujours été maître de la partie ?
JL : Ce qu’on retient, c’est qu’on mène 0-10, et puis on se relâche, on ne respecte pas les consignes, on rattaque dans notre campe, on se repose sur nos lauriers et Montech revient. On a l’art et la manière de redonner du « peps » à l’équipe adverse. A la mi-temps, j’ai dit à mes joueurs qu’il fallait réoccuper le terrain, toujours jouer sur nos bases et enfoncer le clou. Mais c’était limite, parce que les Montéchois sont bien revenus dans la partie. Dans le dernier quart d’heure, il y a deux-trois actions de jeu qui doivent aller au bout, la dernière passe n’est pas assurée. On aurait pu enfler le score et aller chercher le bonus offensif.
RA : Vos joueurs n’ont-ils pas confondu vitesse et précipitation ?
JL : Oui, complètement. Mais bon, on ne va pas cracher dans la soupe, on a gagné cette rencontre, c’est ce qu’on voulait. On revient avec quatre points, bien sûr. Mais un point de plus, ça aurait fait du bien…
LA FEUILLE DE MATCH
A Montech (Stade Launet) – Coquelicots Montech – RC Espalion 14-22 (Mi-temps : 7-10)
Pour Montech : deux essais de Bergé (31) et Tinka (42) et deux transformations de Ferrié (31, 42).
Pour Espalion : quatre essais de Palazy (15, 20, 57) et Cayron (50), une transformation de Tierra (50)
Arbitre : Mr Sicard (Ligue Occitanie)
Montech : Mendès (cap), Bristot, Lantourne, Bergé, Rey, Tinka, Monié, Lacaze, De Raed, Xaixo, Belmas, Costamagna, Pospisil, Ferrié – Remplaçants : Taudou, Ramos, Banière, Foraste, Waszak, Badens, Mehu.
Espalion : Braglia, Romieu, Vayrou, Orsal, Favié, Cayron (cap), Veyre, Lagarde, Ladirat, Tierra, Rouland, Rocagel, Albenque, De Fuentes, Palazy – Remplaçants : Besombes, Véron, Mouliac, Lavialle, Naudan, Fabre, Raynal.
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