La lutte pour le maintien bat son plein dans la poule 2 de Promotion Honneur. Si le sort de Rabastens est déjà reglé, le deuxième ticket pour l’étage inférieur n’a pas choisi son camp. L’Aviron Castrais semblait condamné, mais sa victoire contre Lauzerte, puis L’Honor-de-Cos a rendu l’espoir à des Tarnais qui comptent un match en retard. La rencontre entre Capdenac et L’Honor-de-Cos avant hier, revêtait aussi une grande importance, mais s’est finie en queue de poisson. Explications croisées… (par Jonah Lomu)
Capdenac (8ème, 24pts), recevait L’Honor de Cos (7ème, 25 pts), un match important dans l’optique du maintien. Autant le dire tout de suite, ce dernier s’est arrêté à quelques minutes de la fin, sans jamais reprendre. Le score à la pause était de 10-0 pour Capdenac, avant que L’Honor de Cos ne revienne dans la partie, grâce à un essai transformé (10-7). Les Aveyronnais reprenaient leurs distances suite à une pénalité (13-7). La suite, c’est l’entraîneur de Capdenac, Jordan Boulogne qui nous la raconte : « Malgré une domination assez nette, on traverse plusieurs fois, mais on ne concrétise pas. En fin de match, à la suite d’un ballon porté pour nous, une bagarre a éclaté. L’arbitre a sorti normalement deux cartons rouges logiques. Tout se passait bien pourtant. Et là, l’entraîneur adverse, s’est mis à gueuler encore plus fort qu’il ne l’avait fait jusqu’alors. Il s’est montré catégorique, et n’a pas voulu que ses joueurs reprennent le match prétextant notamment qu’il avait peur pour son équipe, qu’il ne se sentait pas en sécurité. Pourtant, il n’y a eu aucune invasion de spectateurs, ce n’est sûrement pas dans la culture du club. Il restait quelques minutes à jouer, le score était en notre faveur. C’est un coup d’épée dans l’eau. »
Entre déception et fatalisme, l’ancien joueur de l’Usap et d’Oyonnax ne se montrait pas tendre envers son homologue : « On dit souvent qu’une équipe est à l’image de son coach. Là, il va prendre un rapport par l’arbitre, comme il en avait pris un à l’aller. L’Honor de Cos en est déjà à 16 semaines de suspension en cumulé, soit deux points de malus. C’est un simple constat. Les joueurs ne sont pas à mettre dans le même sac. Leur capitaine est même venu me voir en fin de match pour me dire qu’il était désolé. J’ai été joueur pro, j’ai été arbitre aussi, et je suis un jeune entraîneur. J’ai reçu un seul carton, car ça peut arriver de dire des mots, c’est humain. Mais là, en arriver à insulter ses propres joueurs de la sorte, l’arbitre, et bien sûr l’adversaire, c’est incroyable. Si je parlais comme ça à mes joueurs, je peux vous garantir que j’en prendrai quelques unes en retour ! »
Nous avons donc pris le temps de contacter Ludovic Duhamel, le coach de L’Honor de Cos, qui a bien voulu s’expliquer : « Oui le match a été interrompu à ma demande, car la sécurité de mes joueurs était engagée. L’arbitre m’a dit qu’il gérait ce qui se passait sur le terrain, pas autour. Et comme notre pilier s’est fait secouer par un spectateur descendu de la tribune, je n’ai pas voulu continuer. On n’est pas forcément peureux, mais là, on ne maîtrisait plus grand chose. Je déplore ce qui s’est passé. Je ne veux pas blâmer l’arbitre, qui a sûrement été dépassé par les événements. Je suis garant de la sécurité de mes joueurs, la vidéo que nous avons confirme tout ce que je dis. Capdenac est une équipe de valeurs, qui s’est bien envoyée sur ce match, à la limite de la règle parfois, mais c’est le jeu aussi. Je déplore juste que leurs supporters ne soient pas à la hauteur ».
Nous avons interpelé l’entraîneur Tarn-et-Garonnais sur la réputation de son équipe, voire de la sienne. Sans détour, il a répondu très clairement : « Je ne suis pas un enfant de chœur, c’est certain. Il m’arrive d’avoir des mots, mais pas à Capdenac. Quand je jouais, j’étais rugueux c’est vrai. Mais comme coach, je ne préconise pas la violence. Le rugby à l’ancienne, c’est fini depuis bien longtemps. J’ai des discours d’avant matchs, normaux, pour jouer au rugby. On ne s’entraîne pas sur des sacs de sable pour boxeurs. Je suis éducateur des moins de 12 à l’école de rugby de Moissac, j’ai entraîné deux ans à Caussade en Fédérale 3, tout s’est toujours bien passé. J’ai gagné des titres, proprement. Si les gens veulent parler sur moi, ça les regarde ».
Quand on lui parle des cartons reçus depuis le début de saison, Ludovic Duhamel ne se défile toujours pas : « Dimanche, notre centre prend un rouge oui, le premier de sa carrière. Maintenant c’est vrai, on a pris des semaines et des cartons, on l’assume, on n’est pas une équipe de voyous pour autant. Je pense surtout que les arbitres se font passer le mot et qu’ils se montrent plus « attentifs » à nous. C’est vrai que parfois nos joueurs font preuve de bêtise, je le reconnais. Je n’arrive pas à l’endiguer, j’en ai parler au président même. Mais que voulez-vous, je n’ai pas d’atelier pour rendre mes joueurs moins bavards auprès de l’arbitre. Ils ont mangé du foie gras pendant longtemps, ils découvrent la rillette cette année, et ça passe moins bien. Sans doute, nos mauvais résultats sont la cause de certains comportements ».
On perçoit aisément que la situation du club dans lequel il a œuvré le touche vraiment. Il ne s’en cache pas non plus : « Notre président tient à bout de bras ce club qui a connu de grandes joies. Je trouve désolant de voir que peu de gens se mobilisent pour sauver ce club, qui n’a cessé de grandir ces dernières années. Je respecte mes garçons, autant qu’ils me respectent, mais il va falloir un petit miracle pour s’en sortir. L’équipe réserve a déclaré forfait pour la troisième fois dimanche, c’est donc fini pour eux. On a commencé la saison avec une quarantaine de joueurs, c’est compliqué. On va tout faire pour s’en sortir mais entre les malus, les suspendus, les blessés et le calendrier, ce sera très dur ».
En attendant, La Commission de Discipline aura donc à statuer sur le sort de ce match. Plusieurs options sont possibles : considérer que le refus de reprendre le match s’apparente à un forfait, donner match perdu aux deux équipes, ou plus probable, valider le résultat en l’état.