Deux ans et demi, ou 30 mois sans victoires si vous préférez. Ou encore, pour bien situer cette longue, très longue attente, 36 matchs que l’équipe de Sainte-Florine (Haute Loire) attendait ce moment. Celui de briser cette infernale spirale sans aucun succès au compteur. Il en a fallu des trésors de patience, d’énergie et d’humilité pour enfin savoir ce que gagner un match signifiait… (par David Campese)
Pour mieux comprendre le pourquoi de cette interminable disette, revenons à la fin de la saison 2017-2018. Malgré une très belle année ponctuée d’une montée en Honneur, l’intersaison qui s’en est suivie fut catastrophique à cause d’une distance entre le staff et le bureau de l’époque. Au lieu de construire sur cette montée, le club de la Haute Loire s’est retrouvé avec une poignée de joueurs, sans staff et plus de bureau. Certains joueurs, fidèles au club, qui ont repris le flambeau, sont revenus chercher leur entraîneur, Franck Montagne. Ce dernier, véritable âme et guide pour les séniors, accepte de repartir pour la saison d’après montée : « Avec un effectif insuffisant, nous avons tout fait pour aller au bout de la saison en se disant que ça irait mieux l’année prochaine. » Pari « presque » réussi pour 2018-2019, non sans peine, suite à de nouvelles distancions. De l’Honneur, l’USF descend en première série. La saison ressemblant à la précédente, avec un enchaînement infernal de défaites et le seul objectif de ne pas déclarer forfait.
Franck Montagne n’oubliera pas, et veut se servir de cette période difficile pour rebâtir, surtout en cette année du centenaire pour le club. « Voyant dans quel état se trouvait le club, de nombreux bénévoles nous ont rejoint, dès le début de l’année, pour remettre l’USF sur de bons rails. Cette fois-ci c’est payant avec de nombreuses recrues, formant un très bon groupe, quantitativement et qualitativement. Un groupe jeune, avec beaucoup d’envie. » La première journée de 1ère série Auvergne Rhône Alpes 2020-2021, a failli être celle de cette première victoire tant attendue. Mais le match contre Saugues se solde par une frustrante et nouvelle défaite, à domicile (12-14). Passer si près de vaincre le signe indien était encore très dur à encaisser, mais le sentiment qu’un groupe se formait était réel. Ne restait plus qu’à associer physique et mental.
« Quelque chose est en train de se passer, rien n’est jamais gagné d’avance, on le sait bien, mais ce centenaire sera beau j’en suis certain ! »
La délivrance a eu lieu le weekend suivant, contre la formation de Lempdes (Puy de Dôme). Une première mi-temps à sens unique, une seconde toute en gestion et un score final sans appel, 35-7. Deux ans et demi d’attente, et ce succès, bonifié, qui vient récompenser les efforts de tous. Dirigeants bien sûr, entraîneurs et joueurs, des plus fidèles aux derniers arrivés, qui auront insufflé un vent de révolte. Coach Montagne ne cachait pas sa fierté, ni son émotion : « Le travail commence enfin à payer. En voyant ces gamins sur le pré depuis deux journées, je me dis que ça valait le coup de persévérer même si ce fut très dur, et très éprouvant. Aujourd’hui, en toute humilité, je ne souhaite ça à aucun club. C’est dur de voir que quelques personnes ayant des égos surdimensionnés puissent mettre en péril un club de 100 ans. Donc j’ai envie de dire un grand merci aux joueurs, aux dirigeants qui ont participé à cette délicate et difficile période. Cette première victoire depuis 2 ans et demi, les récompense tous. C’est même difficile encore de réaliser que nous avons gagné, mais p……, que c’est bon de faire en sorte que cette vieille dame USF gagne encore. »
Un autre personnage essentiel dans cette renaissance méritait un peu de lumière après avoir oeuvré dans l’ombre: le président. Didier Robert, arrivé à l’USF au début de la saison dernière. Il a endossé le costume avec implication, il nous raconte : « Je me suis rendu compte qu’il y avait eu dans ce club beaucoup de problèmes entre dans le staff, le président et le bureau. J’en ai fait abstraction, et avec un nouveau bureau, notre mot d ordre a été : on oublie, le passé, regardons devant nous. La saison qui s’annonçait difficile, car il n’y avait plus beaucoup de joueurs et le staff avait été remanié en partie. Les défaites se sont enchaînées, j’ai dû résoudre quelques conflits, des problèmes d’égo, mais nous sommes allés au bout de cette saison très compliquée. Des anciens joueurs dirigeants et bénévoles sont revenus. Tout l’été, nous avons bossé pour faire de cette année du centenaire, celle du renouveau, avec l’objectif de renouer avec la victoire, et se faire plaisir surtout. On était déçus après le premier match car on ne passe pas loin. Mais le deuxième, c’était que du bonheur ! Quelque chose est en train de se passer, le club est sûrement en train de se reconstruire, rien n’est jamais gagné d’avance, on le sait bien, mais ce centenaire sera beau j’en suis certain. Aujourd’hui, je suis un président heureux, vive le rugby, et vive l’USF ! »
Il y a eu des larmes de joie dimanche dernier, et des regards qui en disaient long. Reste à confirmer ce renouveau. Ce sera le weekend prochain contre Chamalières. Mais quoiqu’il se passe, en cette année du centenaire, on se souviendra qu’une poignée de braves ont sauvé un club de l’oubli, et pourront fêter son anniversaire avec fierté. Tout comme cette première victoire en deux ans et demi, l’a été…
Deux ans et demi, ou 30 mois sans victoires si vous préférez. Ou encore, pour bien situer cette longue, très longue attente, 36 matchs que l’équipe de Sainte-Florine (Haute Loire) attendait ce moment. Celui de briser cette infernale spirale sans aucun succès au compteur. Il en a fallu des trésors de patience, d’énergie et d’humilité pour enfin savoir ce que gagner un match signifiait… (par David Campese)
Pour mieux comprendre le pourquoi de cette interminable disette, revenons à la fin de la saison 2017-2018. Malgré une très belle année ponctuée d’une montée en Honneur, l’intersaison qui s’en est suivie fut catastrophique à cause d’une distance entre le staff et le bureau de l’époque. Au lieu de construire sur cette montée, le club de la Haute Loire s’est retrouvé avec une poignée de joueurs, sans staff et plus de bureau. Certains joueurs, fidèles au club, qui ont repris le flambeau, sont revenus chercher leur entraîneur, Franck Montagne. Ce dernier, véritable âme et guide pour les séniors, accepte de repartir pour la saison d’après montée : « Avec un effectif insuffisant, nous avons tout fait pour aller au bout de la saison en se disant que ça irait mieux l’année prochaine. » Pari « presque » réussi pour 2018-2019, non sans peine, suite à de nouvelles distancions. De l’Honneur, l’USF descend en première série. La saison ressemblant à la précédente, avec un enchaînement infernal de défaites et le seul objectif de ne pas déclarer forfait.
Franck Montagne n’oubliera pas, et veut se servir de cette période difficile pour rebâtir, surtout en cette année du centenaire pour le club. « Voyant dans quel état se trouvait le club, de nombreux bénévoles nous ont rejoint, dès le début de l’année, pour remettre l’USF sur de bons rails. Cette fois-ci c’est payant avec de nombreuses recrues, formant un très bon groupe, quantitativement et qualitativement. Un groupe jeune, avec beaucoup d’envie. » La première journée de 1ère série Auvergne Rhône Alpes 2020-2021, a failli être celle de cette première victoire tant attendue. Mais le match contre Saugues se solde par une frustrante et nouvelle défaite, à domicile (12-14). Passer si près de vaincre le signe indien était encore très dur à encaisser, mais le sentiment qu’un groupe se formait était réel. Ne restait plus qu’à associer physique et mental.
« Quelque chose est en train de se passer, rien n’est jamais gagné d’avance, on le sait bien, mais ce centenaire sera beau j’en suis certain ! »
La délivrance a eu lieu le weekend suivant, contre la formation de Lempdes (Puy de Dôme). Une première mi-temps à sens unique, une seconde toute en gestion et un score final sans appel, 35-7. Deux ans et demi d’attente, et ce succès, bonifié, qui vient récompenser les efforts de tous. Dirigeants bien sûr, entraîneurs et joueurs, des plus fidèles aux derniers arrivés, qui auront insufflé un vent de révolte. Coach Montagne ne cachait pas sa fierté, ni son émotion : « Le travail commence enfin à payer. En voyant ces gamins sur le pré depuis deux journées, je me dis que ça valait le coup de persévérer même si ce fut très dur, et très éprouvant. Aujourd’hui, en toute humilité, je ne souhaite ça à aucun club. C’est dur de voir que quelques personnes ayant des égos surdimensionnés puissent mettre en péril un club de 100 ans. Donc j’ai envie de dire un grand merci aux joueurs, aux dirigeants qui ont participé à cette délicate et difficile période. Cette première victoire depuis 2 ans et demi, les récompense tous. C’est même difficile encore de réaliser que nous avons gagné, mais p……, que c’est bon de faire en sorte que cette vieille dame USF gagne encore. »
Un autre personnage essentiel dans cette renaissance méritait un peu de lumière après avoir oeuvré dans l’ombre: le président. Didier Robert, arrivé à l’USF au début de la saison dernière. Il a endossé le costume avec implication, il nous raconte : « Je me suis rendu compte qu’il y avait eu dans ce club beaucoup de problèmes entre dans le staff, le président et le bureau. J’en ai fait abstraction, et avec un nouveau bureau, notre mot d ordre a été : on oublie, le passé, regardons devant nous. La saison qui s’annonçait difficile, car il n’y avait plus beaucoup de joueurs et le staff avait été remanié en partie. Les défaites se sont enchaînées, j’ai dû résoudre quelques conflits, des problèmes d’égo, mais nous sommes allés au bout de cette saison très compliquée. Des anciens joueurs dirigeants et bénévoles sont revenus. Tout l’été, nous avons bossé pour faire de cette année du centenaire, celle du renouveau, avec l’objectif de renouer avec la victoire, et se faire plaisir surtout. On était déçus après le premier match car on ne passe pas loin. Mais le deuxième, c’était que du bonheur ! Quelque chose est en train de se passer, le club est sûrement en train de se reconstruire, rien n’est jamais gagné d’avance, on le sait bien, mais ce centenaire sera beau j’en suis certain. Aujourd’hui, je suis un président heureux, vive le rugby, et vive l’USF ! »
Il y a eu des larmes de joie dimanche dernier, et des regards qui en disaient long. Reste à confirmer ce renouveau. Ce sera le weekend prochain contre Chamalières. Mais quoiqu’il se passe, en cette année du centenaire, on se souviendra qu’une poignée de braves ont sauvé un club de l’oubli, et pourront fêter son anniversaire avec fierté. Tout comme cette première victoire en deux ans et demi, l’a été…