Avec la venue de Villeneuve de Paréage, Saint-Orens avait à coeur de mettre fin à une série de deux défaites consécutives en autant de déplacements et de se refaire la cerise devant son public, le tout sous un magnifique soleil de printemps. Le public et le président Minvielle pouvaient compter sur l’envie de la jeunesse saint-orennaise. Or, pour cela, il fallait être en mesure de faire tomber les Ariégeois, solides troisièmes de la poule mais en mode poussif avec une victoire seulement sur les quatre rencontres jouées en 2017. Pas impossible donc mais pas évident quand même…(résumé et photos par Wildon)
S’il faut reconnaître que la jeunesse orennaise à du coeur, il lui manque encore de la moustache pour appréhender ce genre de rencontre qui décide du destin de l’un ou de l’autre. Nous avons poser la même question aux deux entraîneurs à savoir si selon eux le vainqueur de cette rencontre a été le moins maladroit ou le plus réaliste ? Et les deux de répondre sans hésiter et en coeur : le plus réaliste.
Voilà donc toute la clé de ce match : le réalisme, l’expérience, la « moustache » des uns et le duvet des autres. On ne peut pas passer sous silence l’envie des joueurs de Saint-Orens mais la testostérone des jeunes pousses du président Minvielle aurait parfois dû être tempérée par plus de maîtrise tactique, notamment dans le choix du jeu à la main ou au pied, et par plus de lucidité eut égard le déchet impressionnant des hommes de Christophe Basset entre pertes de balles, en avant, touches perdues et autres turn overs en leur défaveur. Car l’Ariégeois est « gratteur » comme un goupil avisé et a piqué plusieurs ballons aux joueurs du cru sur plusieurs actions à terre. Sans oublier que l’artillerie saint-orennaise a plusieurs fois raté sa cible avec cette statistique implacable : deux pénalités et une transformation ratées pour une pénalité passée en quatre-vingt minutes de jeu. « Avec des si, on met Toulouse en bouteille » mais « si Saint-Orens avait passé ces points », les riverains de la Marcaissonne auraient mis Villeneuve dans la bouteille !
Les Ariégeois mettent la main sur le match avant la 20e minute par un essai de Selvestrel venant conclure un superbe travail latéral mais toujours avançant. L’action démarre effectivement dans les « vingt-deux » de Saint-Orens côté droit pour se terminer, au terme de trois « pick and go », par un essai transformé en coin côté gauche (19e, 0-7). Après avoir raté deux pénalités (6e et 23e), Saint-Orens passe la troisième tentative (31e, 3-7). Aux infortunes du jeu survient la double blessure au niveau des cervicales du talonneur de « Sainto », Guillaume Gonzalez, un protocole de commotion cérébrale justifiant la sortie définitive de la poutre haute-garonnaise. Juste avant la mi-temps, les hommes de Christophe Basset ont un gros temps fort mais se heurte à une belle défense villeneuvoise à quelques mètres de la ligne d’essai. Et au lieu de prendre les trois points sur une pénalité de la dernière minute, les Rouge et Noir préfèrent jouer à la main. Moins de dix secondes plus tard, sur le regroupement qui suit, l’arbitre siffle une pénalité contre eux. Point final du premier acte, l’occasion est perdue et un ange passe…
Le début de la seconde période va illustrer la faillite de la lucidité des coéquipiers de Benoit Jullie. Le buteur de Villeneuve, Pujol, tire sa pénalité trop à droite mais surtout trop courte. Saint-Orens récupère le cuir à la tombée pour mieux faire un « en-avant » ! Mêlée introduction Villeneuve, ouverture côté et pan, Arigno s’en va aplatir dans l’en-but des locaux, comme une fessée venant punir l’erreur. Et même si Pujol ne bonifie pas l’essai, Villeneuve fait le break et ne sera jamais repris (42e, 3-12). C’est alors que les coachs des deux camps procèdent à plusieurs changements, histoire d’envoyer du sang neuf dans les joutes à venir. Bien vu pour Christophe Basset : sur une interception, Chaumet se fait la malle, cuir sous le bras, pour aller enfin marquer un très bel essai pour Saint-Orens (56e, 8-12). Maladresse ou malchance, toujours est-il que Peitavi voit sa transformation heurter la perche de droite en poteau sortant ! Tout un symbole…
Dans le dernier quart d’heure, Saint-Orens croit tenir son essai lorsque Orrière s’en va comme un dingue, piquant un joli sprint le long de la ligne de touche avec quatorze Ariégeois lancés à ses trousses. Arrivé devant le dernier défenseur et à cinq mètres de la ligne d’essai, Orrière fait le choix de tenter un passage en force au lieu de jouer à l’intérieur. Mauvaise décision car l’ailier se fait reprendre par la patrouille et catapulter en touche. Saint-Orens n’ira pas plus loin et les Haut-garonnais perdent un match pourtant à leur portée. Mais comme on l’a dit tout à l’heure, avec des « si »…
Le contraste est saisissant : d’un côté les Ariégeois, bras levés, célébrant comme il se doit leur victoire du jour. Pour les Saint-Orenais, en revanche, c’est l’amère soupe à la grimace. Le grand Daniele Cilo est en pleurs, Titouan Orrière est prostré sur la pelouse tandis que d’autres, allongés sur leur gazon maudit, contemplent l’azur d’un ciel qui leur est tombé sur la tête à tous. L’ambiance est à ce point à la déception que Christophe Basset, le coach de Saint-Orens, décline courtoisement notre interview d’après match, laissant à Jacques Lanta le soin de nous donner le ressenti de cette rencontre.
Réactions
Jacques Lanta (entraîneur-adjoint de Saint-Orens)
R.A. : On sent les joueurs très abattus après cette défaite ?
J.L. : Oui on est très déçu parce qu’on comptait sur une victoire pour sauver cette saison et ne pas être relégable. Là, on se retrouve le couteau sous la gorge.
R.A. : Qu’est-ce qu’il vous a manqué finalement ?
J.L. : De concrétiser de nos temps forts, on n’a pas su prendre les points au pied quand ils se sont présentés. Et au final il nous manque quatre points. Le plus réaliste l’a emporté. Villeneuve a su faire le match parfait à l’extérieur. Nous avons voulu faire le jeu mais nous avons fait trop de fautes de main pour concrétiser et exploiter notre jeu.
R.A. : Que faut-il soigner en premier : le jeu ou le moral ?
J.L. : Un peu des deux, je pense. Moralement, plusieurs joueurs sont atteints. Maintenant il va nous falloir travailler sur un peu tout à la fois car on a beaucoup de boulot en vue du déplacement à Sainte Foy de Peyrolières ce week-end.
Thierry Tourtoulou (entraîneur de Villeneuve de Paréage)
R.A. : C’est une victoire étriquée mais on n’a jamais senti Villeneuve en danger ou en panique ?
T.T. : c’est vrai, de manière générale, on a assez bien maîtrisé. Maintenant, le problème fait que nous avons été « obligés » de maîtriser parce qu’on a fait pas mal de minutes en infériorité numérique et ç’a été un peu compliqué. Mais malgré les cartons de l’arbitre que je n’ai toujours pas compris, on a su resté « propres » et disciplinés.
R.A. : Cette victoire vous assure la qualification en tout cas ?
T.T. : Disons que cette victoire nous fait du bien d’abord, parce qu’on joue un peu sur courant alternatif et on est souvent pris par le doute. Celle-là va nous faire beaucoup de bien au moral donc et sur le plan comptable après.
R.A. : Votre équipe s’est montrée réaliste…
T.T. : Les deux équipes avaient envie de jouer mais il y a eu effectivement beaucoup de fautes et personne n’y arrivait. Ni eux ni nous ! (rires). Je crois qu’on a su comprendre qu’on n’arrivait pas à jouer pour mieux maîtriser le truc au final ! Donc oui, on a été réalistes !
Promotion Honneur – Poule 1 – Championnat Midi-Pyrénées
A Saint-Orens (Stade G. Plantade) – Saint Orens – Villeneuve de Paréage 8-12 (Mi-temps : 3-7) – Arbitre : Mr Maset
Pour Saint-Orens : 1 essai de Chaumet (56e) et 1 pénalité de Peitavi (31e)
Pour Villeneuve : 2 essais de Selvestrel (19e) et Arigno (42e) et 1 transformation de Pujol (19e)
Saint-Orens : Duquesne, Gonzalez, Cristante, Delrieu, Cilo, Rolland, Jullie (cap), Bescos, Garbin, Cazaux, M. Authié, Cauquil, Orrière, Peitavi, Toniutti – Rempl. : T. Authié, Chaumet, Chauvet, Pelfort, Escassut, Dupont, Jean.
Villeneuve de Paréage : Secosan, Dejean, Teriou, Pujol, Marty, Dedieu, Amouroux, Linas, Tougne, Pujol, Nicol, Doumeng, Selvestrel, Pies, Arigno – Rempl. : Respaud, Mouty, Leignes, Bubrino, Benarcha, Martinez, Dauvergne