Dans un match où le seul enjeu (et de taille !) reste la survie des deux clubs en promotion honneur, et même une possible qualification en play-off pour Saint-Orens, il ne fallait pas nécessairement s’attendre à de l’esthétisme ou de la dentelle de la part des protagonistes, le tout devant un public chauffé à blanc. Entre Sainte-Foy et Saint-Orens, personne ne savait finalement à quel saint se vouer… (résumé et photos par Wildon)
Six minutes, c’est le temps qu’il aura seulement fallu attendre pour que la première séance de « bourre-pif » débute entre les deux équipes. La « chamaillerie » va durer quelques secondes mais le ton est donné. Quelque chose nous dit qu’il faudra invoquer Sainte-Appolline pour les maux de dent à venir. Quoi qu’il en soit, d’entrée de jeu, les Foyens s’en remettent au coup de pied de Barbaouat pour aller occuper le camp d’en face, orienter le jeu et taper un drop-goal victorieux (4e, 3-0). Saint-Orens réagit bien, par son jeu à la main, s’enfonce en terre adverse et fait preuve de bon sens en prenant les trois points sur une pénalité sifflée en leur faveur (16ème, 3-3).
Quatre minutes plus tard, Toniutti redonne l’avantage aux siens à la faveur d’une pénalité (20e, 6-3). On l’a vite compris, pendant que les « gros » se neutralisent, ce match risque bien d’être une affaire de buteurs. Or Saint-Pierre, que l’on invoque pour les maux de pied, semble exaucer les Foyens mais se délaisse des prières saint-orennaises, Peitavi ratant ses deux pénalités suivantes (25e et 32e). Pour ne rien arranger, une nouvelle bagarre éclate et l’arbitre d’infliger un carton jaune aux deux « 5 » (B. Barral pour Sainte-Foy et Cilo pour Saint-Orens, 35ème). Revenu « en grâce » auprès de Saint-Pierre, Peitavi et son pied passent sa pénalité et remettent Saint-Orens dans la course (37e, 6-6). La fin de la mi-temps est dédiée à Saint-Grégoire, prié pour conserver la lucidité des hommes, en manque chez Tafanel, « jaune-cartonné » pour avoir mis un mauvais coup à Authié qui avait pris l’intervalle, et chez Cauquil pour avoir manqué la pénalité qui s’en suit (40e)…
Pendant que la mi-temps est consacrée à Saint-Joseph, les coachs l’invoquant pour éviter que le doute ne s’immisce dans le (Saint) esprit de leurs joueurs, c’est un nouveau carton jaune qui vient punir Cristante (43e) pendant que Peitavi, à nouveau inspiré, « exauce » sa pénalité et redonne l’avantage à Saint-Orens (53e, 6-9). Six minutes plus tard, le match dégénère à nouveau en pugilat, bien plus sévère que les autres. Saint-Patrick ayant échoué à mettre fin à la discorde des hommes, c’est Mr Laborie qui « officie » et met les « poings sur les i » en « priant » Eveno, pour Sainte-Foy, et Chaumet, pour Saint-Orens, d’aller méditer sur leur sort dans la pénombre de leurs vestiaires respectifs (60e). L’affaire laisse quelques traces et le capitaine du coach Basset, Jullie, regagne son banc avec le bras en écharpe, titubant à la limite du k.o. Et une prière pour Saint-Anastase, une… En face, c’est Galinier, le pilier de Sainte-Foy, qui sort « par arrêt de l’arbitre », victime d’un cocard… Et une bougie pour Sainte-Claire, une…
A la reprise du match, Sainte-Foy fait le jeu dans le camp adverse et parvient à concrétiser son temps fort par une pénalité de Moureaux qui permet aux locaux de recoller au score (67e, 9-9). La rencontre s’équilibre ensuite, entre jeu approximatif et tension palpable, cernée par une main-courante chauffée à blanc, la fin du match étant surtout marquée par le placage (très) haut, qui laisse le Saint-orennais Cauquil au sol, k.o sans perte de connaissance, et évacué sur civière (80 +2e). Il est en quitte pour faire brûler un cierge à Saint-Denis, invoqué pour les maux de tête et autres migraines…
Au bout du temps additionnel, Mr Laborie décide de renvoyer tout son petit monde aux vestiaires sur un score nul qui arrange les affaires courantes des deux clubs mais pas leur futur, toujours aussi incertain. Sainte Rita, patronne des causes désespérées, priez pour eux. Mais que ce soit pour Sainte-Foy ou Saint-Orens, les deux coachs prieront, quant à eux, Saint-Barthélémy, Saint-Jacques le Mineur ou « Synthol » pour que leurs joueurs blessés se remettent rapidement sur pied en moins de sept jours. L’espérance d’un miracle en quelque sorte. Amen…
Thierry Cartagena (Entraîneur de Sainte-Foy)
R.A. : Ce match nul n’arrange pas vos affaires ?
T.A : Non, c’est sûr, mais il nous maintient en vie. C’est la première des choses même si cela s’annonce très dur pour la suite. Ce match est aussi frustrant car, et je n’ai pas l’habitude de dire ça, (le ton de la voix est froid mais maîtrisé) l’arbitrage d’aujourd’hui n’est allé que dans un seul sens et puis c’est aussi frustrant par rapport à l’investissement des garçons. On n’a pas grand chose à leur reprocher. C’a été un match rude, âpre parfois, ils ont crânement joué leur chance et repartent avec deux points.
R.A. : Deux points, certes, mais la situation ne change pas pour autant au classement.
T.A. : Et c’est frustrant aussi bien sûr car les gars ont indéniablement envie de sauver le club. Mais depuis le début de la saison, on a l’impression d’être « chats noirs » comme on dit. Tout est contre nous, rien ne va… Aujourd’hui, c’est l’arbitrage avec lequel je ne suis pas d’accord. Mais on va s’accrocher, il faut faire le dos rond, on ne lâchera rien de toute façon…
R.A. : Et puis il y a les blessés ?
T.A. : Oui, on a quelques blessés. On va faire l’inventaire demain (il sourit) mais ce qui nous coûte, c’est ce carton qui va nous faire passer à – 2 points.
R.A. : Justement, il vous reste trois rencontres à disputer, sur quoi on peut se raccrocher, en terme de management, pour garder les garçons impliqués et motivés alors que tout semble aller contre vous ?
T.A. : Vous voulez vraiment savoir ? On se dit que L’Arize ne devrait pas jouer les phases finales donc il y a une septième place à prendre. Il nous faut prendre treize points en trois rencontres et on peut encore chercher une place qualificative. Voilà à quoi on se raccroche.
R.A. : Cela reste un objectif très ambitieux quand même, non ?
T.A. : C’est même sans doute un objectif prétentieux, mais il est assumé parce que ce groupe a les moyens de le faire. C’est certain, on a des gars de qualité. Il faut y croire…
Christophe Basset (Entraîneur de Saint-Orens)
R.A. : Est-ce que ce match nul arrange vos affaires ?
C.B. : Disons que c’est un nul qui nous arrange plus à nous qu’à eux. Il casse un cycle de défaites et va nous faire du bien mentalement. Le groupe a mal vécu la défaite du week-end dernier, très mal vécu même. On savait qu’aujourd’hui ce serait rugbystiquement très compliqué. Que ce serait un match plus dans la solidarité que dans l’esprit rugby même.(il s’arrête, cherche ses mots et reprend). Non, aujourd’hui, j’ai vu un groupe solidaire (il insiste sur le mot) qui a envie de sauver le club avant tout.
R.A. : A ce point ? Le verbe est fort, non ?
C.B. : Non. C’était la priorité des joueurs aujourd’hui. A une époque on était là pour qualifier le club. Maintenant on est là pour le « sauver ». On était venu ici pour gagner, ou pour un point de bonus défensif en cas de défaite. On revient avec deux points, c’est donc positif pour nous. C’est très bien pour le moral du groupe aussi avant la réception de l’Isle-en-Dodon le week-end prochain.
R.A.: On a parlé des points de vue comptable et moral mais d’un point de vue quantitatif, c’est un match qui vous coûte pas mal de blessés et de suspendus à venir ?
C.B. : Oui, c’est vrai. J’espère qu’on va pouvoir les récupérer très rapidement parce ces blessures nous coûtent cher. On a perdu deux joueurs importants [Jullie, fracture du métacarpe, sera finalement opéré dans la semaine et Cauquil sorti sur k.o. sans perte de connaissance mais avec une commotion cérébrale] dans notre système. On va voir, on va essayer de monter notre système en fonction de ces absences…
R.A. : On a vu plusieurs pénalités « vendangées », un buteur régulier changerait le cours de vos matchs …
C.B. : C’est malheureusement notre souci depuis le début de la saison oui. C’est aussi pour cela, entre autre, qu’on en est là, il faut le reconnaître. Ce n’est pourtant pas autour d’un buteur qu’on monte une équipe ou un projet de jeu mais c’est un « plus » indéniable. Et ce « plus », on ne l’a pas et on le paie très cher depuis le début de la saison. On a perdu énormément de matchs et de points, parce qu’on n’a pas ce buteur. Le week-end dernier, c’était déjà la même chose. On aurait dû jouer au pied et on a joué à la main et il y a eu d’autres week-ends comme ça. On a lâché énormément de points à cause de cela. Alors qu’on aurait pu se mettre à l’abri très vite cet après-midi. On avait les moyens de le faire. Mais le duvet n’est pas encore dur.
R.A. : hésitations, ballons perdus, relances à la main dans vos 22 sous la pression adverse, c’est cela le manque d’expérience ?
C.B. : Les garçons doivent apprendre à devenir plus mâture. Quand il faut jouer au pied, il faut jouer au pied, et à la main quand il le faut. Il faut arrêter de jouer et de prendre des risques dans nos 22 mètres quand on est sous pression. On ne doit pas relancer à la main et arrêter de prendre autant de risques, je le répète. On doit être beaucoup plus posé. Mais c’est un groupe que je connais bien, qui bosse, les garçons sont extraordinaires. On prend du plaisir à les entraîner. Franchement, on ne mérite pas de descendre avec des garçons comme ça. On ne le mérite pas !
Feuille de match
Au Stade Municipal – Ste Foy de Peyrolières – Saint-Orens 9-9 (Mi-temps : 6-6) – Arbitre : Mr Laborie
Pour Sainte-Foy : 1 drop-goal de Barbaouat (4e) et 2 pénalités de Toniutti (20e) et Moureaux (67e)
Pour Saint-Orens : 3 pénalités de Peitavi (16e, 37e et 53e)
Cartons jaunes :
Sainte-Foy : B. Barral (34e) – Saint-Orens : Cilo (34e), Cristante (43e)
Cartons rouges :
Sainte-Foy : Eveno (60e) – Saint-Orens : Chaumet (60e)
Composition des équipes
Ste Foy : Galinier, Dumas, Catanese, M. Barral, B. Barral, Sol, Tafanel (cap), Eveno, Damon, Audibert, Gouze, Barbaouat, Hego, Hamadi, Moureaux – Rempl. : Garric, Delbreil, Bernadet, Ruart, Denax, Collomb.
St Orens : Escassut, Sisquet,Duquesne, Delrieu, Cilo, Rolland, Jullie (cap), Bescos, Dupont, Garbin, Orrière, Cauquil, Authié, Peitavi, Toniutti – Rempl. : Cristante, Authiet, Chaumet, Murard, Pelfort, Petton, Grison.