Du côté de Saint-Orens, les fatalistes diront « Ben, quand ça veut pas, ça veut pas », les spécialistes diront « dominer n’est pas gagner », les ésotériques diront « c’est pas possible, ils sont maraboutés ! ». Du côté de Saint-Jory, les supporters diront juste « Ouf ! » (résumé et photos par Wildon)
A l’inverse d’une première période catastrophique pour les Saint-Orennais, les gars de « Saint-Jo » réussissent à peu près tout ce qu’ils veulent, bien aidés par des locaux généreux tant par la maladresse (ballons perdus) que par leur précipitation à envoyer du jeu (fautes directes), donnant des ballons/bâtons pour se faire battre : essais, drop-goal et pénalités en veux-tu en voilà. Saint-Jory, la tête en bas au classement général, n’en demande pas tant mais sait en profiter. A l’essai canon marqué par Bonsignore (4e, 5-3), les Saint-Joryens répliquent par une énorme poussée collective qui les mènent des « 22 » orennais jusqu’à la ligne d’en-but où le maul aplatit ensemble Cazes et le ballon pour un essai non transformé (10e, 5-8).
Saint-Jory passe devant au score et va rapidement creuser l’écart, bénéficiant de deux pénalités successives face aux poteaux, sanctionnant deux fautes trop facilement données (18e et 22e). Moisset moissonne six points supplémentaires sans trembler (5-14). Comble de la vexation, alors que « Sainto » avance et forme un maul sur la ligne centrale, Pierre Coracin vient mettre la pression sur l’ouvreur de circonstance et lui « pique » carrément le cuir. S’en suit alors un sprint du joueur le long de la ligne de touche orennaise avant que Coracin ne serve Oleksiej, lequel file à l’essai (24e, 5-19). Piqués au vif, pour ne pas dire vexés, les joueurs de Christophe Basset réagissent et, au terme d’un très bel effort collectif, le maul orennais pousse Jullié à l’essai (30e, 10-19). Mais là encore, l’essai ne sera pas transformé, les locaux abandonnant quatre points précieux, d’autant que Saint-Jory, toujours aussi en veine de réalisme ajoute la réussite d’un drop-goal signé Cazes juste avant les oranges (35e, 10-22).
Il y du Fort Alamo, du Verdun et du Stalingrad dans ces quarante très longues minutes de siège…
De retour sur le pré, les joueurs du capitaine Jullié mettent immédiatement ceux de Saint-Jory sous pression et sur le reculoir. En panne d’efficacité pendant quarante minutes, le pied d’Aguilar trouve enfin le chemin des poteaux et passe deux pénalités coup sur coup en deux minutes (42e et 44e, 16-22). La tribune de Gustave-Plantade se met à rêver d’une remontada d’autant que les rouge et noir envoient du jeu et du lourd. Les Joryens s’arc-boutent entre leurs vingt-deux et la ligne d’essai pour contenir les assauts orennais. En fait, les hommes de Benoît Ramade ne verront jamais le camp d’en face pendant cette seconde mi-temps y compris pendant le temps additionnel !
Il y du Fort Alamo, du Verdun et du Stalingrad dans ces quarante très longues minutes de siège. Saint-Orens domine largement les débats surtout quand leurs adversaires multiplient à leur tour les fautes qui leur rendent le ballon, faisant « briller » les centres et arrières orennais dans de superbes mais vaines cavalcades. Vaines, me direz-vous ? Oui, vaines car les joueurs du président Minvielle vendangent ces occasions par de nouvelles pertes de ballons avec un nombre incalculable d’en-avants ou de turn-over sous les regroupements.
La tension devient palpable, autant sur le pré qu’en tribunes, tout le monde vivant cette rencontre en apnée. Et ce qui devait arriver arriva : sur une mêlée qui se relève telle un volcan qui explose démarre une courte mais intense séance de coups de poing entre les deux formations. L’arbitre sanctionne immédiatement les responsables et envoie Authié (Saint-Orens) et Batigné (Saint-Jory) prendre leur douche avant les autres (66e). Le dernier quart d’heure sera toujours à l’avantage de Saint-Orens mais rien ne viendra récompenser les efforts locaux, à l’énorme joie des Joryens sitôt le coup de sifflet final.
Les deux équipes se retrouvent à égalité de points au classement (16 pts), et occupent la même 6ème place. Mais la dynamique semble avoir changé de camp. Sans oublier que Saint-Orens continue de remplir son infirmerie…
Réactions
Benoît Jullié (capitaine de Saint-Orens)
RA : On a eu l’impression qu’en première mi-temps, vous étiez chats noirs tant rien n’est passé, ni ne vous a réussi…
BJ : Le truc, c’est qu’on veut bien faire les choses d’entrée, on met les ingrédients dans l’agressivité, dans le combat, peut être un peu trop même. On fait des fautes, on s’engage un peu trop, tout cela nous coûte trois points, six points, neuf points. Ce qu’on fait, on ne le réussit pas, on prend un essai en contre puis après, ça va vite.
RA : On retient surtout le nombre impressionnant de fautes, d’en-avant, de déchet technique, de turn-over…. A ce niveau-là, en terme de quantité, c’est extraordinaire, non ?
BJ : C’est clair ! On a fait une grosse semaine d’entraînement mais tout ne pas payer le dimanche suivant, c’est certain. On met beaucoup de bonne volonté, on veut bien faire les choses mais des fois, on va trop vite, on va trop loin, on se précipite un peu et c’est la lucidité qui nous fait défaut.
RA : Alors le problème est plus un manque de réalisme ?
BJ : Oui, c’est ça. On pèche dans la zone de vérité, dans les « vingt-deux » adverse. On s’est trop précipité, on a été fébrile. On manque…. comment dire… (silence, il cherche ses mots) d’expérience à ce niveau, je pense.
RA : Cela se retrouve finalement en seconde période où c’est vous qui faites le jeu dans le camp de Saint-Jory, mais il n’y a rien au bout finalement.
BJ : C’est clair… on les remonte, on sent qu’on les domine, sauf en conquête en touche où l’on mit en difficulté. Et malheureusement, ce sont des ballons importants qui sont perdus et qui nous ont fait reculer.
RA : Ne valait-il pas mieux concrétiser votre domination territoriale et revenir au score par le jeu au pied ?
BJ : Peut-être… (silence)… c’est clair… en tout cas, il faudra débriefer car on manque de précision… on manque de solutions à la première difficulté. Va falloir bosser pour en trouver d’autres en vue des prochains matchs.
Benoît Ramade, entraîneur de Saint-Jory
RA : Coach, c’est une victoire difficile mais une victoire qui fait du bien, non ?
BR : Oui, elle fait du bien moralement car nous étions sur une grosse frustration la semaine dernière alors que nous menions jusqu’à la 75e minute avant d’être battus. Je pensais aujourd’hui qu’on allait voir la même chose recommencer. Mais les joueurs ont relevé la tête, relevé le défi et n’ont rien lâché. Je suis content pour eux.
RA : En première période, on a eu la large sensation que tout vous réussissait malgré deux essais de Saint-Orens, et que rien ne pouvait pour résister ?
BR : Oui, tout à fait. L’occupation du terrain a été très bonne malgré que le vent était en faveur de Saint-Orens. Après, on a rien lâché, on a été solidaire défensivement, ça fait plaisir pour le groupe…
RA : Vous avez joué quasiment tout le temps dans votre camp en seconde période, où vous n’avez jamais vu l’en-but de Saint-Orens, mais toute l’équipe s’est mise au service de la défense…
BR : Tout à fait, on n’arrivait plus à avoir de ballons en conquête, sortir face au vent de notre camp, on a eu une très bonne conquête du ballon dans les touches, on les a beaucoup gênés sur ce plan. Tout ceci nous a permis de gagner !
Feuille de match
Saint-Orens – Saint-Jory 16-22 (Mi-temps : 10-22) Arbitre : Mr Ogrodowczyk
Pour Saint-Orens : 2 essais de Bonsignore (4e) et Jullié (30e), 2 pénalités d’Aguilar (42e, 46e)
Pour Saint-Jory : 2 essais de Cazes (10e) et Oleksiej (24e), 1 drop-goal de Cazes (35e) et 3 pénalités de Moisset (1e, 18e, 22e)
Expulsions : 66e : Authié (St Orens) et Batigne (St Jory)
Saint-Orens : Etchebarne, Gonzalez, Cristante, Filiquier, Pelfort, Jullié, Murard, Bescos, Dupont, Aguilar, Bonsignore, Authié M., Orrière, Petton, Ramos – Remplaçants : Chaumet, Sisquet, Delrieu, Crouzatier, Chaumet A., Palamé, Cauquil
Saint-Jory : Roques, Plagnol, Laurent, Ercoli, Batigne, Coracin, Foltran, Garet, Mazur, Cazes, Moisset, Oleksiej, Sahuc, Astegno, Mongis – Remplaçants : Salgues, Bouzna Villena, Bernardini, Cazals, Millerat-Emch, Pelerin.