Toujours en butte à un manque de réalisme criant au vu de ses dernières prestations, toujours encourageantes dans le jeu, mais jamais récompensées dans le score, Saint-Orens accueillait l’Isle-en-Dodon. Le maintien des Saint-Orennais en Promotion Honneur passait par un résultat contre un leader quasi incontesté, navigant aux avant-postes de la poule en père peinard. Entre montée pour les uns et maintien pour les autres, le public venu nombreux se demandait alors à quelle sauce il allait déguster cette affiche que tout le monde sentait compliquée… (résumé et photos par Wildon)
Une fois encore, le public a pu mesurer combien un buteur manquait cruellement à Saint-Orens. Et c’est bien tout le paradoxe de ce sport qui se joue à la main quand un gars qui joue au pied vous manque. Sans faire injure aux trois joueurs du président Minvielle qui se sont dévoués à l’exercice (Orrière, Cauquil et Peitavi), les Rouge et Noir ont encore vendangé quantité de points dans un « copier-coller » des matchs précédents n’augurant rien de bon au final. En sept minutes, les trois buteurs se succèdent sur les trois pénalités accordées par Mr Doumenc sans qu’aucun des trois ne passe le cuir entre les barres (8e, 12e et 15e). Sans oublier non plus le drop-goal de Dupont, contré par les mains d’un joueur islois monté en tirailleur (31e). Ça grimace dur dans les travées de Plantade d’autant que Saint-Orens développe un joli jeu à la main, les coéquipiers de Maxime Bescos se montrant particulièrement tranchants dans leurs attaques mais aussi très offensifs sur l’adversaire, que ce soit en attaque comme en défense.
Durant la première période, les Islois ne se montrent d’ailleurs jamais vraiment dangereux, souvent pris la gorge, et aux jambes, par leurs adversaires du jour, courant plus après le cuir que ne le possédant. Mais les joueurs de l’Isle ne montrent aucun signe de panique ou d’énervement malgré trente-cinq minutes de domination sainte-orennaise. A la demi-heure de jeu, Peitavi parvient à passer sa pénalité accordée et ouvre le score (32e, 3-0) pendant que Bouche rate la sienne (37e) et ne permet pas aux joueurs de la Save de revenir au score. Les trois dernières minutes de la première période voient pourtant un gros temps fort des Islois mais la défense de Saint-Orens s’arc-boute sur sa ligne d’essai et résiste parfaitement aux tentatives adverses.
Citrons et oranges à peine avalés que Saint-Orens bénéficie d’une pénalité que Peitavi…ne passe pas (41e). En face, toujours pas de réaction, le leader ne semblant toujours pas pressé d’enclencher la vitesse supérieure que tout le monde redoute. Cette apathie « dodonienne » pousse les locaux à de plus en plus oser. Et l’action qui amène l’essai commence à droite, avec Julien Duquesne, le pilier massif comme le rocher de Gibraltar, « gratte » le cuir, fixe tout son monde et le ballon peut alors sortir pour aller tout au bout de la ligne à gauche avant de revenir vers le droite sur une longue passe de Garbin, laquelle trouvera Peitavi pour un bel essai entre les barres, essai que l’intéressé transforme lui-même (54e, 10-0). Là, on se dit que les Islois vont rapidement réagir d’autant que Orrière se fait « jaunir » dans la foulée (55e). Même pas ! Curieusement, les offensives isloises n’ont pas le mordant attendu ni l’efficacité redoutée. Pis ! Les joueurs du président Minvielle bénéficient d’une pénalité à vingt mètres des buts.
Mais les Islois commencent à s’agacer et à discuter avec l’homme en noir, lequel leur « colle » dix mètres de pénalité pour amener Cauquil quasiment sous les barres. L’ancien cadet toulousain balance sans effort le cuir entre les poteaux et porte la marque à 13-0 (71e). C’est à ce moment-là que les hommes d’Olivier Charlas réagissent, sans doute pour récupérer « au moins » le point de bonus défensif. Mais la défense saint-orennaise résiste aux vagues adverses. Et c’est sur un dernier maul pénétrant et écroulé que l’infortuné pilier islois Jérôme Loupsens se blesse grièvement. Les joueurs des deux camps font de grands gestes vers le banc pour faire venir les soigneurs pendant que résonnent des « Appelez les pompiers ! ». Suite à cette douloureuse action et mesurant la gravité de la blessure, l’arbitre, parfait tout au long de la rencontre, siffle la fin de la rencontre, laissant les joueurs de Saint-Orens à leur joie légitime et ceux de l’Isle-en-Dodon à la tristesse de leur défaite et à l’inquiétude envers leur coéquipier…
Christophe Basset (entraîneur Saint-Orens)
RA : Avec cette victoire, peut-on dire que le chiffre 13 vous a porté chance ?
CB : On peut dire ça oui, car c’est très positif pour nous. Il faut dire qu’on avait le couteau sous la gorge avant la rencontre. On a pratiquement acquis notre maintien même s’il nous reste un match à disputer. Mais on peut dire qu’on sera à 90% en Promotion Honneur l’année prochaine.
RA : Qu’est-ce qui a changé par rapport à la semaine dernière avec plusieurs absents en plus ?
CB : On y a mis les ingrédients et, contrairement à la semaine dernière, nous avons été « deux » pour jouer au rugby. Il faut deux équipes pour produire du jeu et on savait que ce serait le cas, qu’il nous faudrait mettre beaucoup d’intensité pour les étouffer et pour recueillir quelques fruits de notre travail. Mais le contexte était différent cet après-midi avec une équipe de l’Isle-en-Dodon qui avait un peu moins de motivation que d’habitude, ce qui est compréhensible : ils sont sûrs de monter avec un point ou deux encore à prendre avant leur dernier match contre le TEC. Mais peut être que leur coach ne doit pas être très content non plus parce qu’ils étaient là aussi pour préparer la phase finale. Ils ont manqué d’engagement et cela nous a permis d’en mettre plus et d’en profiter.
RA : Votre équipe a surtout paru beaucoup plus disciplinée que sur les dernières rencontres, beaucoup plus concentrée avec un jeu plus offensif et une défense très haute sur l’adversaire, est-ce que les « chatons » deviennent des « tigres » ?
CB (rires) Disons que le duvet commence à se durcir même si nous avons toujours notre problème de jeu au pied. On laisse douze points derrière nous, il faut le souligner. Mais il y avait effectivement des consignes pour aller chercher l’adversaire très rapidement, pour étouffer leur jeu, avec des blocs qui viennent en relais, « gratter » des ballons et avoir une grosse intensité défensive pour casser leur rampe de lancement au centre du jeu. Je voulais des joueurs avec beaucoup de coeur et ils en ont eu…
Totalement préoccupé par l’état de santé et la grave de blessure de Jérôme Loupsens, Olivier Charlas, l’entraîneur de l’Isle-en-Dodon, nous a livré une brève réaction : « Sur le match il n’y a rien à dire. Nous avons été dominés dans tous les domaines, il n’y a rien de positif sur la rencontre. Mais au délà de la défaite, ce qui me touche ce soir c’est la blessure de notre pilier vétéran, Loupsens.