Sans espoir de qualification, Pamiers attendait malgré tout de pied ferme, une équipe de Castelnaudary, qui s’était imposée à l’aller (22-16), au terme d’une rencontre tendue, émaillée d’accrochages multiples sur le terrain, et d’une bagarre après le coup de sifflet final. Le retour s’annonçait donc électrique, mais les Chauriens, étaient dans l’obligation de ramener des points de ce déplacement en Ariège pour se maintenir.
De palpitante, cette rencontre est devenue consternante, avec une bagarre générale et des gestes indignes du rugby. Obligeant l’arbitre à arrêter la partie, définitivement…
Le début de match est à l’avantage des Appaméens, qui dominent, sans pour autant scorer. Il faudra attendre la 20ème minute pour assister à la première concrétisation sur un bel essai, transformé (7-0). A peine le temps d’un renvoi et deux minutes plus tard, le SCA double la mise avec un essai non transformé cette fois (12-0). Castelnaudary réagit par ses avants, investit le camp adverse, pilonne, mais ne parvient pas à trouver la faille. Juste avant la pause, un accrochage que l’on aurait pu croire banal, se transforme finalement en bagarre générale, aussi violente qu’interminable.
Après concertation, le représentant fédéral et l’arbitre, considérant que toutes les conditions n’étaient pas réunies pour faire reprendre le jeu, décidaient de mettre un terme définitif à la rencontre. Triste et consternant. Certaines personnes pensent que ce n’était pas un hasard si Castelnaudary est impliqué dans un nouvel incident majeur depuis le début de saison (voir article sur le match de Mazamet). Les Chauriens ne voyant pas cela du même oeil bien sûr, notamment son manager, Olivier Calvet, dont la réaction mérite d’être lue avec attention.
Le maintien de Castelnaudary se jouera-t-il en Commission de discipline cette semaine ? Sur le terrain cette fois, le ROC, avant dernier à un point de Balma, et deux de la Salanque et l’ES Catalane, doit recevoir Leucate ce dimanche, 4ème de poule déjà qualifié mais pas décidé à perdre avant d’attaquer les phases finales. Nous avions écrit il y a quinze jours que cette poule 5 nous réservait de grosses surprises et des rebondissements permanents. Mais nous n’imaginions pas que son dénouement serait aussi indécis et sujet à autant de discussions…
Réactions
Benoît Marfaing (Manager général de Pamiers) : «On est déçus, mais pas surpris par l’attitude de Castelnaudary qui est coutumier du fait. C’est une équipe qui a eu des problèmes partout. J’espère que la Fédération prendra enfin de vraies sanctions une fois pour toutes. On a eu des problèmes lors du match aller, la plupart des clubs de la poule ont eu à souffrir des agissements de ce club. À un moment donné, il va falloir trancher, ça ne peut plus durer.
Stéphane Bergerou, président de Castelnaudary : Tout était réuni pour que nous assistions à un beau match de rugby. Un soleil magnifique, des tribunes remplies et deux équipes qui envoyaient du jeu, du moins pendant les quarante premières minutes. Des bagarres entre joueurs, cela arrive presque tous les week-ends. En revanche, je déplore l’attitude du public appaméen, qui est venu gâcher la fête et qui a obligé M. Huesco, l’excellent arbitre de ce match, à arrêter cette rencontre à la quarantième minute. C’est frustrant pour une partie du public, celle qui était calme ; c’est désolant pour tous les bénévoles de Pamiers et pour les dirigeants de ce club. Mais avant toute chose, c’est triste pour le rugby. J’ignore quelles seront les sanctions, mais un envahissement du terrain est toujours très préjudiciable pour le club qui reçoit. Pour nous, c’est encore plus grave, car la conduite d’une partie du public de Pamiers nous a empêchés de défendre nos chances dans la course au maintien. C’est lamentable !
Philippe Guicherd, co-entraîneur Castelnaudary : Je regrette que l’arbitre — qui, d’ailleurs, a été très bon pendant quarante minutes — ait été contraint d’arrêter le match, mais c’était la décision la plus sage. Un de mes joueurs a été agressé, projeté par-dessus la main courante, pour être frappé par le public, de l’autre côté. Des supporters de Castelnaudary, dont des femmes et des enfants menacés, obligés de quitter les tribunes, bref tout ce que nous ne devrions plus voir dans des stades de rugby. Dommage, car la rencontre était agréable à suivre. Nous étions sur le point de revenir à 12 à 7 et nous devions ensuite jouer quarante minutes avec l’appui du vent. Dommage ! Ce qui s’est passé aujourd’hui est grave.
Jean-Philippe Sannac (président de Pamiers) : «On fait une bonne première période qui sera malheureusement la seule. On savait que Castelnaudary, c’était chaud. On attend les rapports de l’arbitre et du représentant fédéral. Je suis très déçu de cette triste fin, c’est dommage. On n’avait pas besoin de ça. C’est compliqué.» (Source DDM)
Mikael Gibeau (talonneur Castelnaudary) : Match engagé oui, mais correct. Suite à un accrochage entre deux joueurs, il y a eu une bagarre. Un joueur chaurien s’est retrouvé coincé contre les mains courantes. Là, des spectateurs de Pamiers l’ont frappé et sont rentrés sur le terrain. L’arbitre a arrêté le match, car la sécurité hors du terrain n’était pas de taille à contenir les spectateurs, qui avaient décidé de gâcher le match. On a respecté la décision de l’arbitre et nous sommes rentrés aux vestiaires sous les insultes, et des jets de bouteilles. Les gendarmes sont venus ensuite pour que l’on puisse partir sans nouveaux débordements. Heureusement que l’on n’est pas rentré dans les provocations. On était venus pour chercher une victoire, pour le maintien, et non créer des débordements. Pourtant on était avertis, mais jamais je n’aurais imaginer qu’un club de fédérale 2 laisser agir leur spectateurs et ne pas protéger des joueurs. Nous nous sommes défendus et sommes restés solidaire.
Julien Laberty (3ème ligne Pamiers) : Jusqu’à la 39ème minute, tout se passait bien. On a commencé à mettre notre jeu en place à partir de la deuxième partie de première mi-temps, on menait 12 à 0 quand il y a eu les incidents. Juste avant la mi-temps un joueur de chez eux qui était remplaçant et qui venait de rentrer, a commencé à mettre des coups de poing à un joueur de chez nous. Ce qui a déclenché la bagarre générale. On se doutait un peu que ça aller être un match un peu tendu vu comment s’était passé l’aller. C’est dommage que ce soit allé aussi loin parce que on était bien parti pour faire un bon résultat, on verra ce que dit le rapport de l’arbitre.
Olivier Calvet, manager général Castelnaudary, dont le club est montré du doigt, a répondu sans détours à nos questions. Nous l’en remercions.
Olivier, tout d’abord, quel est votre sentiment au lendemain de ce match arrêté ?
Mon premier sentiment, est que je déplore ce qu’il s’est passé forcément. Comment ne pas déplorer le comportement d’un public qui agresse les joueurs adverses. Je pense donc que l’arbitre a pris la bonne décision de ne pas faire reprendre le jeu.Pouvez-vous nous raconter ce qu’il s’est passé ?
Le match était correct, Pamiers dominait. On revenait dans la partie et avec le vent dans le dos, je pense qu’on pouvait faire un résultat. Mais il y a eu cet accrochage, comme il peut en arriver chaque dimanche. Les joueurs s’en sont mêlés. Mais ce qui est anormal, c’est qu’un de nos joueurs ait été basculé par dessus la main courante par des personnes du public qui n’avaient rien à faire là. Cet envahissement du terrain, ou plutôt de la piste qui entoure le terrain, est inacceptable, et c’est ce qui a mis le feu aux poudres.Comment voyez-vous la suite maintenant ?
Si la FFR applique le règlement, Pamiers devrait être sanctionné, pas à cause des joueurs, mais de certaines personnes du public qui n’avaient rien à faire là, je le répète. Mais on peut aussi imaginer aussi que les deux équipes peuvent avoir matchs perdu, ou bien que le match sera à rejouer pourquoi pas. La vidéo devrait permettre à la Commission de trancher. On en saura plus demain ou mercredi je pense.Vous attribuez ces tensions et cette bagarre au fait que cela s’était mal passé lors du match aller ?
Le match aller s’était mal passé oui, et c’est regrettable, mais on l’assume. On a été sanctionné, je le rappelle : on avait deux matchs en sursis qui dataient d’une histoire datant de 3 ans, et on a pris une amende en plus. Je précise ici que Pamiers aussi a été sanctionné d’une amende. En clair, les deux équipes ont payé leur mauvais comportement ce jour là. On s’attendait donc à un match retour tendu, on n’est pas naïfs.Vous parlez de contentieux donc ?
Il y a des contentieux qui existent de partout entre équipes, entre joueurs. Mais on est en fédérale 2 que depuis deux ans, donc pas le temps d’avoir des contentieux énormes je crois.« Un spectateur ne sera jamais sanctionné directement, comme un joueur, mais il peut pénaliser son club lourdement… »
Plusieurs équipes se plaignent de Castelnaudary, n’hésitant pas à vous montrer du doigt comme une équipe de « voyous »…
On a eu des incidents contre Mazamet et Pamiers, oui, je le reconnais, et nous dirigeants, nous devons d’assumer, sans que cela nous empêche d’engueuler nos joueurs quand c’est nécessaire. Mais vous pouvez prendre toutes les feuilles de match de la saison, il n’y a aucun carton rouge, ni jaune contre nous. Sur 22 matchs, on peut nous reprocher quatre incidents donc c’est peu, mais c’est trop aussi. Je ne crois pourtant pas que certains puissent donner des leçons, car que je sache, ils prennent plus de cartons rouges, ou ont plus de souci que nous quand ils vont jouer en Pays Catalan par exemple. Bref, là n’est pas la question.Pour vous, quelle est la solution pour éviter cette escalade de violence ?
Côté public, on ne peut pas faire le ménage au guichet, c’est impossible. Beaucoup de spectateurs n’ont jamais joué, ou très peu. Mais ils viennent voir un match de rugby, en espérant presque une bagarre générale. Moi, j’ai joué au rugby, des bagarres il y en a eu et il y en aura encore, mais entre joueurs, et sur le terrain. Je suis désolé, mais pour moi, on ne se bat pas en dehors du terrain, ni après le coup de sifflet final. Ceci étant dit, un spectateur ne sera jamais sanctionné directement, comme un joueur, mais il peut pénaliser son club lourdement. Que faire ? Je ne sais pas.Vous incriminez le public, de par les événements d’hier, mais les joueurs aussi sont responsables non ?
Les gens viennent se battre, s’insulter. La société évolue, devient plus violent, et le rugby n’est pas épargné. Les joueurs se chauffent sur les réseaux sociaux, je le sais. On ressent cette tension. On a beau être des clubs amateurs, certains y mettent des moyens importants, ont la pression, et les arbitres aussi. Cette tension est exacerbée par tous les moyens de communication modernes, qui favorisent cette escalade de la bêtise.C’est un discours plutôt pessimiste…
Peut être, lucide surtout. Mais je crois encore aux valeurs du rugby. Je crois aussi que parfois, si on change deux ou trois joueurs dans chaque équipe, c’est suffisant pour que tout aille bien, ou mieux.Vous parlez de la vôtre ?
C’est valable pour toutes les équipes, et depuis toujours. Il faut se montrer vigilants, attentif à tout. Vous savez, on a aussi des partenaires qui nous soutiennent, mais qui ne veulent pas que leur image soit salie par des agissements regrettables. On a une école de rugby, dont on sait qu’il est de plus en plus difficile d’y faire venir des licenciés. En clair, on a une image à tenir.Si la FFR vous sanctionne, quelle sera votre réaction ?
On l’assumera, croyez-moi. Mais il faudra que tout le monde en fasse autant.
« vous pouvez prendre toutes les feuilles de match de la saison, il n’y a aucun carton rouge, ni jaune contre nous. »
M. CALVET, cette saison vos seniors ont un capital de 7 cartons rouges dont 2 à Mazamet et 1 contre Villefranche
Dommage que personne de Pamiers n’ait pu s’exprimer aussi longuement….
Bonjour Mr 4l JAUNE.
Concernant les cartons, je voulais dire pas de carton suite à des bagarres générales car la question était orientée sur une équipe de voyous. Nous avons pris des cartons jaune ou rouge sur des fait de jeux ou accrochage isolé comme il y en a à régulièrement dans cette poule cette saison et pas lier à des bagarres générale ( plaquage pas réglementaire, nervosité, contestation etc) . A Mazamet, les joueurs ont pris un carton jaune chacun pour plaquage haut puis un autre jaune ensuite car ils ont parlé au public qui les allumés ( effectivement l’idéal aurait été de plaquer aux jambes et de pas parler).
Je me suis exprimé aussi longuement à la demande de rugby amateur qui m’a contacté et nullement le contraire et je les en remercie d’ailleurs. Si personne à Pamiers n’ai pu s’exprimer aussi longuement, c’est qu ils ont pas eu l’occasion je suppose ou alors quand ils ont vu la vidéo des hostilités, ils ont préféré rien dire. J’aurais fait pareil à leur place.