Pamiers – TOAC-TOEC FCT, un match arrêté à la 50ème minute pour un coup (présumé) sur un arbitre de touche, qui a naturellement fait la Une de la presse régionale et des réseaux sociaux depuis dimanche dernier. La vidéo que nous avons choisi de diffuser pour permettre à chacun de se faire une idée du geste en question, a été vu et reprise par ailleurs. Olivier Bertro tenait à s’exprimer sur cette action devenue une véritable « affaire » qui le dépasse quelque peu. A 36 ans, l’arrière ariégeois clame se dit victime et entend bien se défendre jusqu’au bout…
« On ne touche pas à un arbitre »
Olivier Berto, tout d’abord, pouvez-vous nous raconter ce qu’il s’est passé lors de cette 55ème minute ?
Juste avant, il y a eu un petit accrochage entre l’ailier du FCTT et moi, comme il peut en arriver souvent lors d’un match. Une fois que ça s’est terminé, j’ai tendu la main à l’ailier, histoire de passer à autre chose, mais il l’a refusée. L’arbitre de touche signale l’altercation à l’arbitre du match, qui me sanctionne. J’ai alors dit à l’arbitre de touche que je n’étais suis pas le seul responsable. En guise de réponse, il m’a tutoyé en me disant de me replacer.
J’étais passablement surpris et énervé, donc je lui ai dit : « Ah on se tutoie ? » et j’ai rajouté « Vous êtes payés pour faire ça ? ». Là il retendu le drapeau, et comme l’arbitre de centre ne l’a pas vu, il m’a dit : « Toi, tu vas voir ! ».
Et ensuite ?
La pénalité est passée, tout le monde se replace. Deux actions après le renvoi, on se fait transpercer, le jeu revient dans nos 22, et nouvelle altercation suivie d’une bagarre générale. Je me retrouve au sol, on se tire par les maillots entre joueurs, au moment où j’essaye de me relever, je vois un jogging noir. Je me dis que c’est un entraîneur , celui d’en face, il s’accroche à moi, m’agrippe par la main. A ce moment-là, je remarque qu’il s’agit de l’arbitre, qui m’a crié dessus : « Lâche-le, 15, lâche-le ! ». Sauf que je ne tenais plus personne, donc je lui ai dit de me lâcher, et plusieurs fois.
J’avais beau être agacé et essoufflé, j’avais conscience qu’il s’agissait d’un arbitre, donc j’ai reculé, mais il s’est avancé vers moi, je l’ai repoussé, encore, je lui ai enlevé sa main de mon col, et là, il s’est rapproché de moi, a collé son menton à ma tête. Et il est tombé !
Qu’est-ce que vous vous êtes dit en le voyant tomber ?
Pour tout vous dire, je me suis immédiatement dit que ma carrière était finie, que je venais de me faire avoir, que j’étais tombé dans le panneau, qu’il m’avait eu.
On vous présente comme un joueur avec du tempérament, vous avez déjà eu affaire à des arbitres dans votre carrière ?
Vous savez, je connais les règles et les valeurs du rugby, je n’ai jamais eu de problèmes avec les arbitres. J’ai du tempérament oui, mais il en faut dans ce sport. J’ai eu des accrochages avec des joueurs, des incompréhensions avec les arbitres aussi, bien sûr. Mais jamais on ne touche un arbitre, je le sais bien, et je le respecte.
« C’est une injustice totale ! »
La corporation des arbitres, solidaire, a immédiatement parlé d’agression et crié au scandale. Que leur répondez-vous ?
Que je suis heureux qu’une vidéo existe, pour qu’ils puissent se faire leur propre opinion. Dans la vie, avant de juger, d’affirmer, il faut essayer d’avoir un minimum d’infos. On nous éduque, à raison, avec l’idée que les arbitres ont toujours raison. Et bien, je vais me battre contre cette idée reçue. Car là, c’est une véritable injustice. Un arbitre est là pour faire respecter les règles, protéger les joueurs, maintenir un cadre. Dans mon cas, il est rentré sur le terrain, à mis son bras autour de mon cou et m’a agressé.
L’arbitre de touche se dit victime d’une agression, et vous aussi donc ?
Ecoutez, si j’étais tombé comme lui au moment où il s’est accroché à moi, on n’en serait pas là. Personne ne l’aurait vu ou presque, personne ne l’aurait retenu, et je pense même qu’on m’aurait chambré pour simulation. Oui mais voilà, ça ne s’est pas passé ainsi. Oui, je parle d’agression car si cette scène se passe dans la rue, si quelqu’un vous agrippe avec son bras, au niveau de votre cou, que vous le repoussez, une, puis deux fois, qu’il s’accroche encore à vous, vous appelez ça comment ? Une caresse ? Non, c’est une agression. Et là, ça s’est passé sur un terrain. C’est moi la victime, pas l’arbitre !
Cet arbitre semble avoir été blessé malgré tout…
Tout le monde sur le terrain a bien vu qu’il se tenait la lèvre oui, mais qu’il n’avait aucune trace. Je l’ai repoussé, mais en aucun touché ou blessé comme il le prétend. Je le redis ici avec force : c’est une injustice totale. J’ai cru en vivre comme joueur de rugby, et je lutte contre depuis toujours, mais là, voir une personne censée nous protéger faire ça, c’est impossible.
Avez-vous voulu et pu échanger avec l’arbitre en question, et que vous a dit l’arbitre central ?
J’ai essayé d’échanger avec le trio arbitral après la rencontre oui, deux fois. Une première fois avant d’aller à la douche, l’arbitre central m’a dit de revenir plus tard, et une deuxième fois après la douche, et là, j’ai eu l’impression qu’il me snobait. Il m’a dit qu’ils n’avaient pas envie de discuter avec moi, et surtout, que je n’aggrave pas mon cas.
« Grâce à la vidéo, les gens ont pu, peuvent et pourront se rendre compte par eux-mêmes… »
Quelle va être la suite à cette « affaire » désormais ?
La Commission de discipline va nous convoquer j’imagine, je vais donc tout faire pour me défendre. Prouver ma bonne foi, prouver la vérité, prouver que je suis honnête. Si je l’avais frappé, j’aurais assumé comme un grand, je ne serais plus rugbyman et j’aurais eu des problèmes avec la justice. Or, je n’ai rien fait et je vais me défendre bec et ongle, car je suis innocent. Si certains pensent que c’était mon dernier match dimanche dernier, qu’ils sachent que je vais relancer de mon propre en-but, et que je vais tout faire pour aller marquer un essai.
On vous sent vraiment très affecté par cette histoire…
Je ne suis pas sur les réseaux sociaux, mais on me rapporte beaucoup de réactions. Depuis dimanche soir, mon téléphone sonne tout le temps. Ceux qui me connaissent, avant de voir la vidéo, m’ont appelé, non pas pour me demander si j’avais touché l’arbitre, car ils savent bien que non, mais savoir ce qu’il s’était passé vraiment. Le fait que RugbyAmateur diffuse la vidéo a eu un gros impact aussi. Grâce à elle, les gens ont pu, peuvent et pourront encore se rendre compte par eux-mêmes.
Je reçois beaucoup, beaucoup de soutien, ce qui me donne autant de force. Je sais que ça fait un peu cliché, mais ce soutien me tient debout. Je ne dors pas beaucoup, mais je suis et serai en forme pour me défendre, bec et ongles, je peux vous le garantir.
Vous imaginez bien que l’arbitre en question a une toute autre vision des faits et va lui aussi, se défendre. Vous allez devoir vous en expliquer devant la Commission de Discipline déjà. Et peut-être même devant un juge dans un tribunal. Ne pensez-vous pas que vous pourriez en discuter ensemble pour éviter une « bagarre » judiciaire ?
Je suis pour la communication, qu’elle soit bonne ou mauvaise, c’est la base dans la vie personnelle, professionnelle, et donc sportive. Dans notre cas, les faits datent de quelques jours, je pense que le mal est fait. Et qu’en plus, nous ne partageons pas les mêmes valeurs. Je suis éducateur dans un ITEP (Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique), j’apprends tous les jours à des enfants, des adolescents et des jeunes adultes qui ont des troubles du comportement, à respecter un cadre, à respecter des règles. J’utilise le sport pour y parvenir.
Je leur dit qu’il y a des injustices dans la vie parfois, mais qu’il y a des personnes pour les en protéger. Je l’enseigne, et j’y crois. Sauf pour cette fois. Mon nom circule partout en Ariège, il a été sali, je veux et je vais retrouver mon honneur.
RugbyAmateur précise que nous avons sollicité une interview de l’arbitre concerné, afin de préserver un équité dans un droit de réponse. La Direction de l’Arbitrage Occitan par l’intermédiaire d’Eric Doria n’a pas souhaité s’exprimer, pour l’instant. Nous espérons avoir une réaction très prochainement.
On voit bien que c’est l’arbitre qui commence à agripper le joueur au col. Je ne suis pas de Pamiers mais c’est le juge de touche qui devrait être sanctionné. Mais comme le monde marche sur la tête … nous verrons bien.