Olivier Bertro a fait, malgré lui, la Une du rugby amateur français depuis quinze jours. La rumeur d’une agression contre un arbitre s’était propagée bien vite le dimanche 29 janvier lors du match entre Pamiers et le FCT Toec Toac (fédérale 1). Trop vite sans doute. Entre la diffusion de la vidéo et les explications fournies en Commission de Discipline, l’arrière appaméen a été disculpé de tout coup ou agression envers l’arbitre de touche. Un soulagement pour lui, mais une incompréhension relative aux 11 semaines de suspension dont il a malgré tout écopé. Innocenté, mais condamné, Olivier Bertro a accepté de nous faire part de ses émotions, fortes, depuis quinze jours, tout en apportant un éclairage nouveau sur cette « affaire »… (par Jonah Lomu)
« Etre innocenté me réhabilite complètement… »
Olivier Bertro, tout d’abord, comment avez-vous été informé de la décision de la Commission de Discipline ?
Par mail. Un premier qui m’a annoncé que je prenais 11 semaines de suspension, autant dire que j’ai pris un gros coup derrière la tête. Et puis un deuxième mail est arrivé quelques heures après, avec le rapport complet et détaillé de la Commission. Habituellement, il est censé arriver une semaine plus tard, mais il faut croire qu’ils ont préféré me l’envoyer plus tôt.
Et que disait ce rapport (voir l’extrait ci-dessous) ?
Pour résumer, il y est écrit noir sur blanc que je n’ai donné aucun coup à l’arbitre.
On imagine que vous êtes passés par tous les sentiments à la lecture de ces deux mails…
Exactement, je suis passé par la déception, un choc même, en voyant la longueur et la lourdeur de la sanction, et puis, le soulagement malgré tout, car tellement rassuré sur le fait que je sois innocenté. Vous imaginez bien à quel point c’était important pour moi, car comme je vous l’avais dit il y a quinze jours, la victime, c’était moi, pas l’arbitre ! Je savais ce qu’il s’était passé, être innocenté me réhabilite complètement.
« 11 semaines de suspension, je trouve que c’est vraiment disproportionné. »
Innocenté oui, mais condamné tout de même à 11 semaines. Que vous évoque cette sanction ?
C’est une condamnation pour « agression verbale ». Je ne suis pas passé en commission sur ce point là, mais pour une prétendue agression physique. Donc je suis surpris oui, car il n’a jamais été question d’agression verbale quand je suis passé en Commission.
C’est pour cette raison que faites appel de cette sanction ?
Oui, car je veux savoir ce qu’on me rapproche exactement, et j’aimerais pouvoir m’en expliquer. Comme j’ai voulu m’expliquer avec l’arbitre à la sortie du terrain, et après la douche. On m’a refermé la porte au propre comme au figuré. J’étais en colère, frustré, et j’ai prononcé une phrase pas très belle. Mais entre ces quelques minutes d’attente, cette frustration, ces quelques mots et ces 11 semaines de suspension, je trouve que ce n’est pas très cohérent, que c’est vraiment disproportionné.
On parle de 11 semaines ou de 11 matchs ?
11 semaines, mais c’est bien marqué qu’une semaine sera uniquement comptabilisée si c’est un weekend de match, donc c’est 11 matchs de suspension au final. Ce qui pourrait m’amener à ne reprendre qu’en septembre ou octobre prochain !
Avec un peu de recul depuis ce match et cet emballement médiatique, qu’est ce qui prédomine aujourd’hui ?
Je suis passé par beaucoup d’émotions. J’ai imaginé un moment que tout le monde du rugby serait contre moi, que j’avais tout contre moi. Je n’étais vraiment pas au mieux le dimanche, et les jours qui ont suivi. Ce sont des moments compliqués, renforcés par les réseaux sociaux qui s’emballent, parfois sans savoir le vrai du faux. je crois que la vidéo que vous avez diffusez dès le lundi, a été primordiale en effet, car elle a été visionné par beaucoup de monde, et me disculpait auprès des gens déjà. En fait, la vidéo me sauve. Tant mieux pour moi. J’ai reçu beaucoup de soutien, ça m’a aidé. Que la Commission m’innocente est un immense soulagement aussi bien évidemment. Ce qui domine aujourd’hui ? c’est le sentiment d’avoir remporté un premier combat…
« Le rapport de la Commission fait passer l’arbitre pour un menteur… »
Le second sera de faire diminuer la sanction ?
Exactement.
Vous reconnaissez pourtant avoir eu des mots à l’encontre de l’arbitre…
Oui, mais si je dois être sanctionné pour ça, que ce soit juste et cohérent. Pour des faits de violence avérés, même au plus haut niveau, certains joueurs prennent 3, 4 ou 5 matchs. Je veux bien assumer mes propos, mais je le répète, que la sanction soit cohérente. Je viens de purger deux matchs de suspension déjà. 2 ou 3 de plus, et il me semble que l’on serait dans quelque chose de plus juste, et de suffisamment exemplaire.
Il était question que l’arbitre porte plainte contre vous. Avez-vous eu des nouvelles à ce sujet ?
Pas à ma connaissance en tout cas.
Et s’il s’avérait qu’il fasse appel de la décision prononcée par la Commission de Discipline ?
J’en serais surpris, mais je pourrais le comprendre, car le rapport de la Commission, en me disculpant, le fait passer pour un menteur quelque part. Je vous avais dit au lendemain du match que j’étais la victime, que j’étais considéré comme présumé coupable et non pas comme présumé innocent, ce qui est très dur à vivre. Sans doute que depuis que le rapport est tombé, l’arbitre comprend ce que j’ai ressenti, et que les rôles se sont inversés.
Information complémentaire : le corps arbitral, que nous avons sollicité pour un droit de réponse, n’a pas souhaité s’exprimer, pour le moment.
Après de tels évènements, comment ne pas penser, que les décisions des instances disciplinaires de la FFR, ne sont plus crédibles. (11 semaines) C’est une sanction sévère pour le joueur suite à des mots plus ou moins injuriant……
Quant à l’arbitre, dommage qu’il ne se soit pas manifesté, pour expliquer la situation……. Le doute subsiste et c’est bien dommage.