Saint-Sulpice n’en finit plus de donner des frissons à ses nombreux supporters. Hier encore, dans un derby accroché où Castanet aurait pu l’emporter, ce sont les rouge et vert qui se sont finalement imposés (12-5) au terme d’un match haletant et stressant. Olivier Argentin, le manager du groupe était tout à sa joie, en gardant à l’esprit qu’il restait encore une « finale » à disputer le 12 avril prochain à Saint-Jean-de-Luz lors de la dernière journée. Il faudra compter aussi sur un faux pas de Cognac à Langon. Mais qu’importe, cette saison 2014-15 restera unique pour le club…(par Jonah Lomu)
Olivier, votre premier sentiment après cette victoire contre Castanet ?
Mon premier sentiment, c’est d’être très heureux, forcément. Castanet est une équipe de haut niveau, mobile, physique, qui met beaucoup de vitesse dans ses déplacements. Alors ce ne fut peut-être pas un très grand match, mais il fallait le gagner pour espérer le maintien, c’est fait. Bravo aux joueurs.
Que redoutiez-vous le plus avant ce derby ?
On sortait d’un exploit contre Angoulême, avec une grosse débauche d’énergie, ce n’est jamais évident de se remobiliser à 100%. Les gars ont tout donné, une fois encore, c’est une sorte de deuxième exploit.
Vous vous donnez le droit de jouer le maintien lors de la dernière journée. Ce que vous prédisiez déjà fin décembre…
Oui, depuis qu’on s’est lancé dans cette course au maintien, qui était presque mission impossible, on a bossé dur, je savais que ça pouvait basculer du bon côté. On est sur une dynamique de victoires, puisqu’on n’a jamais gagné deux fois d’affilée (rires). On a un objectif extraordinaire qui nous attend désormais le 12 avril (dernier match à Saint-jean-de-Luz).
Justement, le fait de ne jouer que dans trois semaines ne vous gêne pas ?
On ne va pas s’en plaindre non plus. Même s’il est vrai que j’aurais préféré avoir un week-end de repos seulement pour se régénérer. Là, trois semaines sans jouer, il va falloir le gérer au mieux. Les gars seront peut être dans la retenue, même inconsciemment, et c’est assez normal. Mais il faudra bien bosser pour aller le chercher ce résultat, car ce sera très compliqué à Saint-Jean-de-Luz, je n’ai aucun doute là-dessus.
Avec le recul, vous vous dites forcément que vous avez bien fait d’accepter cette montée en fédérale 1 …
On espérait ne pas être ridicule surtout. Après le match perdu à Angoulême (23-6, le 16 novembre dernier), on s’est parlé, je leur ai dit que le sport pouvait être dur, injuste, mais que contrairement à une grave maladie, on pouvait faire face à toutes les difficultés, si on s’en donnait les moyens. On a toujours le choix dans le sport, toujours. J’ai senti qu’il s’était passé quelque chose à ce moment-là.
Même après huit défaites consécutives, vous y avez toujours cru ?
Un entraîneur doit être entraînant, surtout dans les moments difficiles. On a tenté cette aventure en insistant sur le fait de rester solidaires. Un joueur m’a dit hier que si je leur avais mis encore plus de pression, le groupe aurait peut être explosé. Alors il faut savoir durcir son discours parfois, et encourager aussi, rester cohérent. J’y ai toujours cru, car on a une bonne bande de mecs. Ils ont des valeurs, et avec du travail et de la rigueur, on progresse. Et là, tout le monde a progressé, nous le staff, les joueurs, les dirigeants, tous. Après tout, on n’avait pas de pression particulière. Juste l’envie de bien figurer.
Mais échouer lors de la dernière journée serait une grosse désillusion quand même ?
Forcément. Mais qu’on reste ou qu’on descende, je le répète, sportivement tout le monde a grandi. Le club a franchi un pallier. Maintenant, je peux vous assurer que tout le monde a envie de rester à ce niveau. Il y a de belles affiches et de beaux stades. Pour un club comme « Saint Sul », c’est énorme.
Quoiqu’il arrive, cette saison restera particulière pour vous ?
C’est ma cinquième saison, on a toujours progressé. Les résultats depuis cinq ans démontrent notre progression. Les joueurs sont contents. Le club rayonne bien au-delà du village. Quand je vois le monde présent encore hier, alors que la France jouait à la même heure, c’est incroyable. Les gens nous disent qu’on leur donne du plaisir, et par les temps qui courent, c’est déjà beau. On n’est pas les plus beaux à voir jouer sûrement, mais on joue à fond, sans complexes. Et il faudra jouer encore une fois comme ça dans trois semaines pour faire de cette saison, une année encore plus particulière.