La victoire de Saint-Sulpice contre Castelasarrasin dimanche dernier, restera gravée dans les mémoires des rouge et vert, assurément. Dirigeants, joueurs, staff et supporters ont vécu un grand moment de rugby et d’émotion. Un moment encore plus particulier pour Olivier Argentin, qui disputait là son dernier match à Gaston Sauret. Le coach est revenu pour nous sur cette journée particulière, devenue inoubliable…
Olivier Argentin, quel a été votre discours après votre défaite du match aller 28-15 à Castelsarrasin ?
On avait loupé notre match à Castel, on le savait. Mais on avait pu identifier les points forts et les points faibles de Castelsarrasin, donc on a bossé dans ce sens toute la semaine. Peu de gens croyaient en nous, mais j’ai répété aux joueurs qu’on avait encore une chance, et qu’il fallait se donner les moyens de revenir. Et puis, on a pu lire ici ou là quelques commentaires désobligeants, voire irrespectueux à notre égard, je ne m’en suis pas servi, mais les joueurs n’on pas apprécié. Parfois, il faut des prétextes pour réaliser un exploit…
Cette pluie n’a pas modifié vos plans ?
On s’est adapté, on marque 4 essais, des essais d’avants, mais s’il avait fait beau, on aurait marqué 4 essais d’arrières, j’en suis convaincu !
A 16-22 contre vous, à vingt minutes de la fin, avec 19 points de retard en cumulé, vous avez dit quoi aux joueurs ?
De ne pas douter, qu’il fallait marquer 3 essais, tout simplement. Et ils l’ont fait ! Les joueurs ont été remarquables, je tiens à les féliciter encore, car ils sont allés loin dans la performance, très loin. Il faut bien se rendre compte qu’ils ont réalisé un authentique exploit. Quel final !
Qu’avez-vous ressenti à la fin du match ?
Sportivement, le sentiment du travail accompli. Humainement, il s’est passé quelque chose, je n’ai pas forcément les mots pour l’expliquer, mais c’était fort, très fort. Je ne suis pas d’un naturel exubérant, je savais que c’était ma dernière à Gaston Sauret, et je n’avais rien de prévu, si ce n’est peut être de m’éclipser une ou deux minutes avant le coup de sifflet final. Je suis arrivé par la petite porte dans ce club et je voulais en partir de la même façon. Finalement, je suis resté jusqu’au bout, et je me suis surpris à crier ma joie comme jamais. J’ai ressenti une émotion forte, peut être la plus forte depuis que j’entraîne.
Qu’avez-vous dit aux joueurs ?
Quand on était en cercle sur le terrain, ils m’ont demandé de prendre la parole pour ma dernière à domicile. Je ne m’y attendais pas, je les ai remercié. Mais dans l’émotion, j’ai oublié de remercier plein de gens. A commencer par Michel Rieux, sans qui je n’aurais jamais connu ce club. J’ai oublié de souhaiter bon vent à Jocelyn Authier et Damien Denechaud pour la saison prochaine, ils ont toutes les compétences pour faire de belles choses avec ce groupe. Et puis j’en profite ici pour remercier le public aussi, qui a été plus qu’extraordinaire dimanche. C’était vraiment fabuleux leur soutien !
Un public qui vous avait pourtant chahuté après le match nul à domicile contre Villefranche-de-Lauragais lors de la dernière journée de poule. Vous vous en étiez quelque peu offusqué. C’est oublié donc ?
Ils ont exprimé leur mécontentement ce jour-là, parce qu’ils aiment cette équipe, ce club. Ils m’ont chahuté oui, comme je peux chahuter mes joueurs parfois. C’est un peu comme dans une relation de couple. C’est peut être ça qui nous a rassemblé pour ces phases finales. Mais c’est vrai qu’on compte sur notre public surtout quand ça va un peu moins bien. Dimanche, les supporters ont joué un rôle prépondérant, un véritable seizième homme, merci à eux. Je me répète, mais on a vécu un immense moment de communion.
On vous sent ému…
Oui car ce résultat va au-delà du sport. Il y avait de l’amour dans l’air, l’amour de tout un village, qu’on ressentait très fortement. On a gagné le coeur des hommes sur cette rencontre ! J’ai vu les anciens dans les tribunes qui pleuraient de joie, et quand tu vois ça, tu as des frissons. Je n’oublierai jamais ce jour.
La remontée en fédérale 1 est actée, maintenant, il reste un quart de finale à disputer. Avec un petit clin d’oeil du hasard…
Oui, on va jouer contre Saint-Jean-de-Luz, équipe qui nous avait envoyée en fédérale 2 l’an passé à la même époque. Mais il n’y aura aucun esprit de revanche. Juste l’envie de jouer contre une belle formation, un beau match de rugby, dans une belle ambiance, pour continuer à prendre du plaisir. Que le meilleur gagne…et on va tout faire pour que ce soit nous (rires)