Occitanie : l’Avenir Massylvain n’est plus, vive Masseube XV
Masseube, petit village du sud gersois, composé de 1 500 habitants environ, et de l’Avenir Massylvain, son historique club de rugby, dont l’équipe fanion s’est maintenue tant bien que mal en régionale 1. La traditionnelle Assemblée Générale, qui s’était tenue fin juin, avait officialisé l’arrêt des co-présidents Serge Zanetel et Bruno Tomkus. Restait à trouver des successeurs et insuffler une nouvelle dynamique, quand jeudi soir dernier, le club prenait de court tout son monde avec l’annonce de sa dissolution…
« C’est avec une certaine émotion que nous informons nos fidèles supporters de la dissolution du club de rugby de l’Avenir Massylvain. En effet, malgré les récentes informations diffusées dans la presse, un manque d’effectif important en équipe Séniors ne permettra pas au club historique de l’AM de continuer l’aventure dans un quelconque Championnat d’Occitanie, ou Championnat de France […] Une page se tourne, en espérant que le ballon ovale vert et blanc puisse reprendre ses droits et contribuer de nouveau, au rayonnement du canton massylvain. Nous allons nous y attacher dès aujourd’hui, ensemble, avec de nouveaux objectifs et toujours cette passion qui nous anime. » Voilà le communiqué diffusé sur la page facebook du club.
Certes, les rumeurs allaient bon train depuis une quinzaine de jours sur les difficultés d’effectif au niveau des séniors, mais de là à imaginer une dissolution, il y avait un pas qu’aucun supporter vert et blanc n’osait franchir. Et pourtant, la nouvelle est tombée fin de semaine dernière. Une triste nouvelle qui n’a pas manqué de secouer le rugby régional, étonné et triste pour un club connu et reconnu, pour son histoire et la qualité de son école de rugby. Passée l’onde de choc, un autre communiqué publié ce dimanche, a annoncé qu’un nouveau club de rugby remplaçait l’Avenir Massylvain : Masseube XV.
Un « nouveau » club co-présidé par Emmanuelle Uliana (qui avait la charge de l’école de rugby) et David Salles. Il faut dire que l’agriculteur de produits bio et éleveur de poulets, a bien les pieds sur terre. Après avoir défendu les couleurs de l’Avenir Massylvain durant de longues années, puis comme entraîneur des séniors, et des jeunes, celui qui est également pompier volontaire avait naturellement les épaules pour éteindre le feu dans son club de coeur, et en rallumer la flamme, verte et blanche. Le nouveau co-président raconte ces dernières jours compliqués, mais aussi sa conviction que le meilleur est à venir…
David Salles, que s’est-il passé au soir de l’Assemblée Générale ?
D.S. : « Elle a eu lieu le 23 juin dernier, et nous savions que le bureau était démissionnaire, depuis une dizaine de jours. Ce qui laisse peu de temps pour se retourner. Les joueurs ont pris peur, n’ayant pas de visibilité sur ce qui allait arriver. Certains ont donc annoncé qu’ils partaient.
Vous avez compris ces joueurs en partance vers d’autres clubs ?
On joue depuis plusieurs années le ventre mou, sans réel objectif. Quand vous passez votre saison à survivre, à demander à 7 ou 8 juniors de filer un coup de main à la réserve un dimanche sur deux, voire plus, les joueurs se lassent. Donc ça peut se comprendre oui, surtout qu’il fallait mettre en place une nouvelle équipe dirigeante. Ils ont eu la transparence de nous tenir informés, et du fait qu’ils étaient demandés ailleurs…
Vous aviez imaginé devenir président ?
Pas du tout ! J’ai été contacté pour me demander de réfléchir à comment aider au mieux le club. J’ai passé toute une journée à réfléchir, à passer des coups de fil à mes proches. On s’est retrouvés à quelques personnes, à se dire que ce club ne pouvait pas disparaitre. Et de fil en aiguille, je me retrouve propulsé président oui. Mais je n’aurais pas accepté de l’être seul, notamment de par mes activités qui me prennent beaucoup de temps Emmanuelle Uliana s’est longtemps occupée de l’école de rugby massylvaine, elle connaît très bien le club. Elle avait le profil idéal pour co-présider et a accepté rapidement de se lancer avec moi dans cette aventure.
« Avant de prendre toute décision, nous avons consulté les joueurs »
La question que tout le monde se pose est de savoir pourquoi avoir opté pour une dissolution du club, alors que vous auriez pu demander à être rétrogradé au niveau inférieur…
Oui, tout à fait, et c’est ce que nous avons fait, mais la Ligue a été très claire : en demandant une rétrogradation en régionale 2 ou 3, il devenait impossible de participer à des phases finales, régionales et nationales. Il en était de même en restant en régionale 1, mais en déclarant forfait général pour la réserve. Avant de prendre toute décision, nous avons consulté les joueurs pour leur demander leur préférence : repartir en régionale 1 sans réserve, mais sans pouvoir jouer les phases finales, ou bien, repartir en régionale 3 avec un nouveau nom. La réponse a été claire, et la dissolution est devenue la seule solution.
Donc, l’Avenir Massylvain n’est plus, et Masseube XV voit le jour…
C’est ça, on repart sur une nouvelle entité. J’ai dit aux joueurs que si je m’engageais personnellement dans ce nouveau projet, je comptais sur eux pour qu’ils restent. C’est le cas, ils sont 35 à ce jour. 35 à s’être engagés au nom du club, de l’amour du maillot. Ce n’était pas évident pour eux, d’accepter de repartir en régionale 3. Mais j’avoue que ça fait chaud au coeur de voir ces jeunes impliqués de la sorte.
Maintenant que le club aura une équipe sénior masculine, quel sera l’objectif ?
Il est simple et clair : remonter immédiatement ! Nous avons un groupe avec des jeunes que j’ai entraînés, que je connais bien, ils ont les qualités. Et ils pourront avoir en ligne de mire, si l’objectif est atteint, de bien participer aux phases finales.
Des critiques se font jour quant à cette dissolution…
Je sais, il y a des critiques de certains anciens qui ne voulaient pas voir mourir leur club. Mais moi aussi c’est mon club de coeur, j’y ai joué 30 ans, j’y ai entraîné des jeunes devenus champions de Bigorre, et je ne vous cache pas que j’ai aussi une grosse pensée pour Pierre Cahuzac, notre ancien et emblématique président. Mais il n’y avait pas d’autre solution. Alors je laisse les gens à leurs critiques, à leurs jalousies sans doute, et nous, on bosse pour qu’il y ait du rugby dans notre canton.
On vous sent très déterminé…
Il faut l’être. On vient de passer des journées difficiles, mais je suis convaincu que nous sommes en train d’écrire une nouvelle page, sous un autre nom, de notre club. L’AM n’est plus, alors vive Masseube XV ! Les vrais supporters verts et blancs seront derrière nous, j’en suis persuadé.