L’école de rugby de Brignemont (31) a reçu un mauvais cadeau de rentrée : une facture d’environ 2 500€. Avec la hausse des prix de l’électricité, la mairie n’a en effet plus les moyens de prendre en charge l’éclairage du stade. Il faut donc trouver des fonds d’urgence, sous peine de mettre la clef sous le lampadaire. Une situation qui pourrait bien ne pas être un cas isolé. Alors, comment ajuster le budget pour répondre à cette nouvelle contrainte ? Quelles solutions de long-terme envisager ? La présidente du BAC, Nathalie Lepillet, son prédécesseur, Benjamin Calvet et le Maire, Jérôme Boussarot, nous…éclairent… (Photos club)
« Nous devons désormais prendre en charge 75% des coûts d’électricité. »
Cette facture perturbe d’autant plus le Brignemont Athlétic Club (BAC) dans son budget, que l’électricité était jusque-là entièrement à la charge de la mairie. La présidente, Nathalie Lepillet, nous en explique les accords passés : « Le flou réside sur le fait que nous n’avons jamais signé aucune convention. Nous avons simplement un accord verbal, pour utiliser le terrain municipal et une salle des associations, que nous nous sommes désormais appropriée. Nous n’avions donc aucun frais lié aux infrastructures. De mémoire, il me semble que ça représentait l’année dernière pour la mairie 2600€ d’électricité et 2500€ de frais d’entretien, comprenant aussi la tonte de la pelouse, et le ménage. »
Oui mais voilà, avec l’inflation galopante et une hausse de la consommation, le club se voit finalement prié de mettre la main à la poche : « La mairie nous a fait part d’une hausse de 60% de ses factures par rapport à l’année dernière. C’est déjà énorme, mais il faut en plus prendre en compte que nous étions en sommeil il y a 3 ans. Autrement dit, cette dépense était déjà nouvelle pour eux et a très vite augmenté, donc je peux comprendre que ce soit difficile à assumer. »
Résultat, l’école de rugby doit désormais verser une somme assez conséquente : « Nous devons prendre en charge 75% des coûts d’électricité. La mairie garde 25%, pour l’abonnement et au nom des autres associations présentes dans la salle et sur le terrain », explique la présidente. Elle ajoute que les dirigeants n’ont pas réellement eu le choix : « Nous avons eu deux options : déplacer nos entraînements pour les faire de jour ou bien payer. Vous imaginez bien que la première option était totalement inenvisageable, car nos éducateurs ne peuvent pas se permettre de venir le mercredi à 14 heures. Le seul créneau possible aurait été samedi matin, mais il y a déjà les matchs. Autrement dit, il va falloir payer. »
« Notre participation aux tournois risque d’être compromise. »
Mais les fonds, déjà minces, reposent grandement sur la générosité des sponsors comme nous l’indique Benjamin Calvet, ancien président : « Nous avons démarché les entreprises et fixé le prix des licences avant de recevoir cette mauvaise nouvelle. Notre budget n’est donc pas du tout adapté et va devoir y passer intégralement. Ce qui veut donc dire pas de voyage de fin d’année pour les enfants, ni de cadeaux à Noël, contrairement aux autres saisons. »
Nathalie Lepillet complète : « On doit également faire une croix sur le deuxième jeu de maillot que nous voulions commander et, globalement, sur tout ce qui était prévu pour se développer. Surtout, j’ai peur pour les compétitions, car en début de saison les plateaux sont gratuits, mais quand il faudra commencer à les payer, notre participation risque d’être compromise. »
Pour éviter d’en arriver là, le BAC cherche des sous chez qui voudra bien en donner. D’abord chez les sponsors, comme l’explique Benjamin Calvet : « Heureusement, certains partenaires sont prêts à faire une allonge au vu de la situation. Moi-même, avec mon entreprise d’électricité, je vais ajouter 1 000 euros. » De son côté, la présidente compte également sur la générosité des particuliers. C’est pourquoi elle a lancé un appel aux dons sur le compte Instagram du club. Par ailleurs, les dirigeants espèrent obtenir des subventions d’institutions, comme le Conseil Départemental, mais aussi des aides auprès des communes voisines. De là à imaginer un déménagement dans l’un de ses villages, il n’y aurait qu’un pas peut-être…
« Il faudrait installer des panneaux photovoltaïques«
Si cette inflation de la facture est nouvelle, elle devrait se répéter, comme l’explique la présidente : « Clairement, on vivra la même situation tous les ans. Les vieux projecteurs consomment énormément et il m’étonnerait que les prix baissent. C’est pourquoi nous devons trouver avec la mairie des solutions de long terme. »
Certes il est impossible de se passer de lumière, notamment en hiver, mais pourrait-on imaginer en changer la source ? À ce sujet, Benjamin Calvet défend l’usage de panneaux photo-voltaïques : « Récemment, la mairie a totalement rénové la salle des fêtes et en a installé plein. Il faudrait faire de même pour le stade, afin de résoudre une bonne partie de nos soucis. Comme je vous l’ai dit, je suis électricien et nous réfléchissons à payer et réaliser une partie des travaux nous-mêmes, si besoin. »
S’ils tiennent à préciser qu’ils ne cherchent ni la polémique, ni le conflit, les Brignemontois considèrent que la mairie ne fait sans doute pas tous les efforts nécessaires : « Je comprends bien qu’elle puisse manquer de moyens, avec seulement 370 habitants, mais cette idée de nous faire payer une partie de la facture est clairement la solution de facilité pour eux. C’est étonnant, car nous sommes d’utilité publique, nous encadrons des enfants tout de même. Ce n’est pas un club de Ball Trap ou de motocross hyper bruyant », ironise la présidente.
« La mairie de Brignemont n’a pas assez de moyens »
Monsieur le Maire, Jérôme Boussarot, confirme les chiffres évoqués, mais tient à les mettre en comparaison avec les autres associations du village : « L’école de rugby nous coûte plus de 2 500€ d’électricité et 3 000€ d’entretien par an. À titre d’exemple, on verse seulement 2 500€ au comité des fêtes, alors qu’il organise plein d’événements pour le village. Les autres, comme celui du troisième âge ou la gymnastique volontaire touchent maximum 300€. Autrement dit, les fonds que l’on met dans le rugby sont en total décalage, alors même que la plupart de leurs membres viennent des alentours. »
Aussi, il explique qu’il subit simplement la hausse des coûts, sans pouvoir y répondre seul : « Rien qu’entre 2022 et 2023, la consommation électrique du club a augmenté de 31% et il faut y ajouter les hausses successives du prix du kilowatt-heure, en juin et il y a quelques semaines. Dans le même temps, les subventions que nous touchons du département vont baisser de 45% et bientôt, il ne faudra plus compter dessus. Faites le calcul, comme nous sommes la seule commune à aider le BAC, nous ne pouvons mathématiquement plus suivre. »
Alors pour le long-terme quelle solutions sont envisageables pour les élus ? Encore une fois, Jérôme Boussarot déplore son manque de fonds, pour engager de nouveaux projets : « Nous voulions rénover les éclairages du stade pour avoir des lampadaires LED, beaucoup moins gourmands en énergie. Selon les premiers devis, on en aurait, tenez-vous bien, pour 80 000€ avec la mise au norme de la tablette électrique ! Autant dire que ce n’est absolument pas dans notre budget actuel. Je vais bien évidemment essayer de négocier et nous verrons bien. » Concernant la possibilité évoquée par Benjamin Calvet d’installer des panneaux solaires, le maire la trouve inenvisageable : « Déjà où voulez-vous les poser ? Et puis, ça demande un investissement très important, qui ne sera remboursé qu’au bout de 10 ans d’utilisation. Comme je vous le disais, tout est une question de moyens. »
Espérons donc que le BAC reçoive le soutien espéré des partenaires et institutions, pour que les jeunes Brignemontois puissent continuer d’exercer leur passion. Souhaitons également que ce ne soit pas le début d’une longue série de clubs, en difficulté pour s’éclairer. Eté comme hiver…