Passé par l’école de rugby du Stade Toulousain jusqu’en Reichel, Nicolas Tranier a ensuite joué en espoirs à Agen, en séniors à Blagnac, Castanet, et Balma, où il finira sa carrière de joueur à 30 ans sur blessure. Son envie d’entraîner l’avait déjà poussé à s’occuper de jeunes entre-temps, et quitte à transmettre, autant le faire dans son club formateur. C’est ainsi que depuis 2008, il co-entraîne les Alamercery, avec succès, puisqu’il a glané pas moins de 6 boucliers, dont le dernier le 31 mai dernier. L’occasion pour nous de le questionner sur son parcours, sa vision du jeu et son poste d’entraîneur qu’il veut perfectionner chaque jour un peu plus, et ce, à 34 ans…(par Jonah Lomu)
Nicolas, racontez-nous cette superbe saison qui vient de s’écouler…
c’est une très belle aventure humaine avec Joël (Dupuy), tout le staff et les joueurs, très riche en émotions, notamment pendant les phases finales, et un final en apothéose avec ce titre.
Vous pressentiez un tel parcours ?
Il y a des indicateurs oui, mais de là à l’envisager ainsi non. Les matchs éliminatoires, par définition, réservent des surprises. Notamment en 8ème de finale contre Bayonne, ou encore en finale contre Bègles, quand on perd 16-14. Tout cela est très aléatoire. On fait en sorte de limiter les incertitudes en travaillant beaucoup.
Justement, vos joueurs nous ont tous fait part d’un gros travail exigé aux entraînements, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Je ne peux pas tout divulguer mais oui. Il faut beaucoup travailler pour arriver, c’est mon message. C’est une ligne de conduite permanente qui sert chacun des joueurs, maintenant et pour plus tard. Le travail peut ne pas payer à court terme, mais vous ne regrettez rien au moins. On ne les a pas lâchés. On a fait des évaluations permanentes, avec des analyses, un bilan et donc des remises en questions.
On imagine que les entraînements ont évolué aussi avec le temps ?
On fait des séances d’une heure, une heure et quart maxi. Quantitativement, il y a un troisième entrainement par semaine, surtout pour avoir un peu plus la main sur eux. En effet, le suivi a bien évolué sur ces cinq dernières années. On a un suivi physique et médical bien meilleurs. Si un joueur se blesse le samedi, il n’attend l’entraînement suivant pour le signaler et se faire soigner. Il part de suite au médical, fait des soins, suit un programme de réathlétisation avant de revenir au jeu. Sur site, ils ont tout, à eux d’en profiter et d’en tenir compte. On leur en demande beaucoup, mais ils savent que c’est pour leur bien
Cette notion de travail est-elle toujours comprise et acceptée par des jeunes dont on a la facilité de dire qu’ils s’investissent moins parfois ?
On s’adapte à chaque nouvelle génération en fait. Disons qu’ils doivent comprendre que seul le travail paye. On les tire vers l’excellence, le souci du détail, ans le renforcement musculaire, l’aspect tactique, technique, stratégique. On sait où on veut aller. C’est aussi comme ça qu’on a des résultats.
Tout le monde ne peut pas vous donner satisfaction tout de même ?
Des joueurs nous quittent oui. Mais il faut bien qu’il y ait une sélection pour que les meilleurs s’expriment plus tard. Ce n’est pas évident de perdre un joueur, mais ça fait partie de notre rôle. On ne ment jamais, ce n’est dans l’intérêt de personne. Nos évaluations en décembre, mars et juin ont aussi ce but là, d’avoir des temps de passage
Malgré leur jeune âge, vos joueurs doivent intégrer de nombreux paramètres, dont le plaisir de jouer ?
On insiste énormément sur la notion de plaisir. Ils sont conscients du milieu et du club dans lequel ils évoluent. Naturellement, l’étau se resserre, tout le monde ne peut pas jouer en pro. Donc on leur répète de prendre du plaisir. Avant de parler à un joueur, on parle d’abord à un jeune homme. Donc nous aussi, entraîneurs, on intègre à notre niveaux les notions de famille, d’éducation, de scolarité, etc…
Quelles sont vos plus belles réussites ?
La première ligne su Stade Toulousain a été composé de jeunes issus du club lors des phases finales, ce qui est une belle récompense pour eux déjà, et pour la formation. Il y a aussi Gilian Galand, Jean-Marc Doussain, Sébastien Bezy, sans oublier Jean-Pascal Barraque parti à la Rochelle. D’autres jouent en fédérale 1, 2 et 3
La formation du Stade profite aux clubs amateurs donc ?
Indirectement oui. Le niveau a beaucoup augmenté de toute façon, donc c’est tant mieux. Même si je m’insurge contre cet afflux de joueurs étrangers, en fédérale 1 notamment. Mais je crois que Provale est en train de mettre des barrières
A titre personnel, vous repartez pour une nouvelle campagne la saison prochaine ?
Philippe Rougé-Thomas me fait confiance, donc normalement oui. Joël (Dupuy), lui, devrait changer de fonction dans le club (probablement en charge des buteurs). Je n’entraînerai pas en séniors (il l’a été trois saisons à Balma), donc je vais pouvoir me concentrer à 100% sur cette tâche. J’y prends beaucoup de plaisir. Je me nourris de chaque expérience, chaque échange. Chacun des titres m’a apporté une joie différente, chaque groupe est différent, individuellement et collectivement. J’en profite ici pour saluer et remercier Joël Dupuy, Stéphanie Ferrasse (préparatrice Physique), Alain Marfaing (manager général), Emmanuel Panis, notre kiné, très important dans son lien qu’il tisse avec les joueurs et nous, ainsi que Franck Alazet, Pierre-Hubert Fabre, Romain Scionico et Manuel Fernandez, tous des rouages importants et nécessaires à cette réussite collective.