Ce weekend se tenait la première journée de la phase retour du championnat de Nationale. Avec huit succès en treize matchs, le Blagnac Rugby (6è, 36 points) avait assurément réussi sa première partie de saison et ne souhaitait pas s’arrêter en si bon chemin. Les Caouecs savaient néanmoins que la tâche serait loin d’être aisée puisque se présentait, à Ernest-Argelès, le Rugby Club Massy Essonne. Après deux défaites initiales (dont une 23-24 face à ses adversaires du jour), le solide leader (55 points) venait en effet d’aligner onze victoires de rang. Allait-on assister à la passe de douze ou à un nouvel exploit blagnacais ?…
(Par Marco Matabiau/ Photos Alain Montségur)
Le match débutait par une séance de plus de trois minutes au cours de laquelle les deux formations échangeaient enchainements et jeu au pied d’occupation. Au terme de cette longue séquence, le capitaine caouec Medves, touché à l’œil, devait quitter prématurément ses camarades. Il était remplacé par Tolofua. Suite à la première mêlée, les Massicois essayaient d’enchainer les passes après contact dans la défense mais commettaient un en-avant et se mettaient à la faute (8è). Blagnac concédait à son tour une pénalité mais l’arrière Cloute, des 30 mètres, ratait la cible (12è).
Ce n’était que partie remise pour les visiteurs puisque, sur l’action suivante, l’ouvreur Ortolan jouait par-dessus le rideau défensif (sa deuxième tentative du match). Le coup était cette fois payant puisque le trois-quarts centre Guillomot récupérait et poursuivait immédiatement par un coup de pied rasant en direction d’Antunes. L’ailier récupérait et marquait en bonne position. Cloute rajoutait les deux points de la transformation (0-7, 14è). Une pluie fine s’invitait alors, rendant encore plus délicate toute tentative de donner de l’air au ballon. Cela n’empêchait pourtant guère les Franciliens de mettre du volume. Dans les 40 adverses, Ortolan, toujours lui, prenait l’intervalle et servait Antunes. Ce dernier crochetait intérieur mais se faisait reprendre par Seunes à quelques centimètres de l’en-but. L’ouvreur blagnacais se mettait pourtant à la faute et recevait un carton jaune (30è). La pénalité obtenue était vite jouée par Massy: un en-avant mettait un terme à l’action.
Les locaux se remettaient peu à peu la tête à l’endroit. Ils obtenaient un coup franc sur mêlée, l’arrière Renaud optait pour la chandelle sous laquelle se précipitait Gbizie. Le troisième ligne centre (passé par les Espoirs du Stade Toulousain, puis par la Vallée du Girou alors entraînée par Didier Herrerias) cassait plusieurs plaquages et perçait avant de servir Antunes, qui prolongeait jusqu’au pilier Ferrer. Blagnac commettait une nouvelle faute, ce qui permettait à Cloute de rajouter trois points (0-10 35è). Sur une nouvelle offensive au large, Massy avait l’occasion de corser la note peu avant la pause, mais Graulle (Blagnac) gagnait le duel des ailiers face à Carré, poussé en touche dans les 22 (39è). Malgré la domination massicoise, la dernière opportunité était blagnacaise: la pénalité de Renaud, tapée des 48 mètres, s’avérait toutefois trop courte (40è + 1). M. Urruzmendi renvoyait ensuite tout le monde au vestiaire.
Blagnac se refait et frôle l’exploit…
Les Rouge et Bleu revenaient sur le terrain avec de meilleures intentions. D’un judicieux jeu au pied, Seunes déposait le ballon dans les 22, mais les visiteurs s’en sortaient grâce à la vigilance d’Antunes. Les Blagnacais ouvraient pourtant leur compteur quand, à la suite d’un en-avant volontaire du même Antunes (qui lui valait d’ailleurs un carton jaune), Renaud passait trois points (3-10, 48è). Après un hors-jeu consécutif à un mauvais jeu au pied d’Ortolan, l’arrière caouec doublait même la mise trois minutes plus tard pour ramener les siens à quatre petites longueurs (6-10, 51è). La pression locale (celle des joueurs, pas celle de la buvette, puisqu’il était interdit de consommer quelque boisson que ce soit dans l’enceinte du stade) s’accentuait, à l’image de ce plaquage du trois-quarts centre Vareilles sur le troisième ligne (originaire d’Isle sur la Sorgue) Grenod. Toutefois, Renaud était à son tour sanctionné d’un carton jaune (54è).
Ce contretemps ne semblait pas déstabiliser outre mesure les Haut-Garonnais. Tout juste entré, le talonneur Villerouge se fendait d’une superbe échappée depuis ses 22 avant d’être repris par Gbizie. Quelques instants plus tard, Seunes prenait le relais du but et inscrivait trois points: Blagnac n’était plus qu’à un petit point (9-10, 63è). On sentait l’exploit possible, mais le match basculait une première fois. Aux 40 locaux, Massy grattait un ballon au sol et héritait d’une pénalité. Ortolan se saisissait du ballon mais, au lieu d’aller chercher une classique pénal touche, optait pour le coup de pied transversal vers le côté droit, laissé bien dégarni par la défense blagnacaise… mais pas par Antunes, qui ramassait le ballon et inscrivait l’essai de son doublé personnel malgré le retour de Seunes (9-15, 67è).
La transformation non réussie par Cloute permettait encore aux Blagnacais d’espérer. Dominés en mêlée, ils grattaient un ballon au sol par Villerouge et optaient pour la pénal touche. Après un pilonnage en règle de la ligne d’en-but massicoise, le cuir échouait à Renaud, replacé au centre après l’entrée en jeu de Vernetti. « Tonio » optait pour le petit par-dessus. Au milieu d’une multitude de joueurs, Seunes sautait au ballon et retombait dans l’en-but. M. Urruzmendi accordait l’essai… avant de se déjuger quelques secondes plus tard. Le public et les joueurs caouecs étaient sous le choc (80è). L’arbitre revenait bien à une pénalité, donnant lieu à un nouvel enchainement et à une ultime pénal touche. Le lancer était contrarié par l’alignement massicois, qui mettait la main sur le précieux sésame. Ainsi se terminait la rencontre.
Jouée sur un terrain à l’image de certains shampooings (c’est-à-dire surgras), cette rencontre aura été l’histoire de deux mi-temps. La première à Massy, haut la main. Les joueurs de Benoît Denoyelle et Jean-Baptiste Dimartino ont parfaitement maitrisé leur sujet, donnant de l’air au ballon tant que les conditions le permettaient encore un peu. Sous l’impulsion du talonneur Trassoudaine (qui revenait en terrain connu, puisqu’il avait par le passé évolué à Castanet et Lavaur) et du Gbizie, le pack a longtemps fourni de bons ballons à la ligne d’attaque, parfaitement menée par l’ouvreur Ortolan. Le jeu au pied de l’ouvreur (tant offensif que dans l’occupation) aura notamment fait la différence. Enfin, mention spéciale à Antunes, auteur d’un doublé plein d’opportunisme. Mention spéciale au « goal line stand » francilien pour sceller ce succès.
Le deuxième acte aura été plus blagnacais. Mieux en conquête (dans le sillage d’un Lecomte égal à lui-même) et plus incisifs en défense, les hommes du duo Escribano – Fuertes n’ont pas failli à leur réputation. Ils n’ont rien lâché jusqu’aux derniers instants et auraient pu l’emporter sur la sirène sur l’action de Seunes (qui aura une fois encore fait montre de tout son potentiel). Malheureusement, les deux cartons jaunes et la faute d’inattention sur le deuxième essai des Franciliens auront pesé lourd au final, tout comme ces trois touches non trouvées sur pénalité ou encore la sortie prématurée du capitaine Medves. Le point de bonus défensif vaillamment obtenu vaudra certainement très cher quant à la suite de la compétition.
Jean-Baptiste Dimartino (Entraîneur, Massy): « Contents de l’engagement qu’on a mis. En première mi-temps, on aurait pu scorer une fois de plus. Cela aurait changé la physionomie du match. Ensuite, ils reviennent bien. Ils nous laissent dans notre camp pendant un moment. On a du mal à sortir. On perd un peu le défi de l’occupation. On a le match en mains jusqu’à la 78è. On loupe une pénal touche; cela leur redonne une possession. Le match aurait pu basculer. On n’arrive pas à se mettre à l’abri. Les conditions font que c’était difficile de mettre de la vitesse aujourd’hui ».
Eric Escribano (Entraîneur, Blagnac): « On a tout donné, comme d’habitude, même sur un terrain compliqué. Massy est normalement à sa première place. On a fait preuve d’inattention. A ce niveau, ça se paye cash. On montre toutefois qu’on est au niveau. La route du maintien est encore longue ».
Pierre Trassoudaine (Talonneur, Massy): « Fatigué. Je pense que, au vu des conditions, il ne fallait pas s’attendre à de grandes envolées. On savait qu’il y aurait un gros combat devant, de l’engagement. On a été servis. C’est un des pires matchs, quant aux conditions, qu’on ait eu à disputer cette année. On l’a vu sur la dernière action: la rencontre s’est jouée à rien, à un coup du sort. On voit que dans cette Nationale, tout le monde peut battre tout le monde. On peut s’estimer heureux de repartir avec 4 points ».
Ugo Seunes (Demi d’ouverture, Blagnac): « Déçu de la défaite. On recevait une très forte équipe, invaincue depuis 11 matchs. Cela tient à peu de choses à la fin. On a été à réaction. On ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes (…) Sur la dernière action, face au rideau très compact, on décide de jouer par-dessus. Antoine (Renaud) joue le coup, le ballon rebondit sur notre ailier Guilhem (Graulle). Le ballon me vient dessus. Je tombe avec. Je ne sais pas s’il y a en-avant ou pas, si j’ai un défenseur dessous. L’arbitre a décidé qu’il n’y avait pas essai. Il a toujours raison ».
A Blagnac (Stade Ernest-Argelès): Rugby Club Massy Essonne bat Blagnac Rugby 15 à 9 (mi-temps: 10 à 0).
Arbitrage: M. Evan Urruzmendi (Nouvelle-Aquitaine) assisté de MM. Cédric Hueso et Cédric Monterde (Occitanie).
Cartons jaunes: à Blagnac, Seunes (30è), Renaud (54è); à Massy, Antunes (48è).
Pour Massy: 2 essais Antunes (14è, è, 67è), 1 pénalité (35è) et 1 transformation Cloute.
Pour Blagnac: 3 pénalités Renaud (48è, 51è), Seunes (63è).
Composition Massy : Cloute; Antunes, Jacomme, Guillomot, Carré; Ortolan (o); Prier (m); Gbizie, Grenod, Decubber; Coetzee, Pleindoux (cap); Ferrer, Trassoudaine, Sanguinetti.
Sur le banc: Chabeaudie, Poipy, Chauveau, Loubiere, Marion, Dit Robaglia, Morton, Visser.
Entraîneurs: Benoît Denoyelle et Jean-Baptiste Dimartino.
Composition Blagnac : Renaud; Graulle, Vareilles, Piron , Tardieu; Seunes (o), Ravier (m); Verdy, Medves (cap), Collet; Mutel, Lecomte; Lorenzon, Piffero, Biscioni.
Sur le banc: Martin, Villerouge, Tolofua, Bekov, Brun, Vernetti, Tharin, Salandria Ruiz.
Entraîneurs: Eric Escribano et Romain Fuertes.