Eric Mercadier n’est pas allé au bout de son mandat du côté de Pamiers, alors que l’équipe venait de valider sa montée en Nationale 2 quelques jours auparavant (voir article). Marqué par ce départ imprévu, « Merca » a pris le temps de réfléchir sur son avenir, hésité à tout arrêter, pour finalement se lancer un nouveau défi…
Quand on évoque son parcours, l’ex manager de Pamiers donc, Rieumes, Saverdun, passé aussi par Blagnac, Castelnaudary, Castelsarrasin, le FCTT ou encore Verfeil, sourit : « La liste est longue oui, mais ça fait 38 ans que je suis dans le rugby aussi. Il ya eu quelques passages « éclair », mais en général, je suis resté 3, 4, voire 5 ans. A partir de là, on a fait le tour de la question ensuite, c’est compliqué d’apporter plus et mieux. Même si je respecte énormément ceux qui restent plus longtemps pour entraîner leur club. Moi, j’ai besoin de me remettre en question, d’avoir de nouveaux challenges. »
Celui de Pamiers était à la hauteur de ses espérances : « L’équipe était en fédérale 1 mais proche de descendre, on a tendance à l’oublier maintenant que la montée en Nationale 2 est actée. » Pas de colère, mais un brin d’amertume dans cette fin inattendue pour bon nombre de suiveurs et de personnes à l’intérieur du SCA. Le manager n’en est pas moins affecté, et a même pensé à arrêter : « Je me suis dit qu’il était peut-être temps de tourner la page. Que mon message ne passait plus, que l’écart de générations était trop grand, on se pose ces questions là oui. » Et puis, celui qui s’était exporté vers le Monténégro pour des missions ponctuelles et avec réussite, avait gardé des attaches avec le président de l’équipe nationale de Serbie. Ce dernier l’a sollicité pour une autre mission, lui permettant d’aller se changer les idées, de reparler rugby, de revivre au milieu d’un groupe. Cette expérience bénéfique, coïncide avec un appel, d’un certain Jean-Marc Pigeaud, ancien joueur et entraîneur de Châteaurenard, devenu président d’un club de fédérale 1 au bord du dépôt de bilan. Mais ce dernier, avec une nouvelle équipe dirigeante, a décidé de se battre pour sauver ce club historique du rugby français. Eric Mercadier n’est pas insensible au discours volontaire et à l’énorme défi qui se propose : « On est amis, on est restés en contact, on échangeait sur le rugby, il me disait que ce serait bien si un jour je pouvais venir, on en souriait car c’était inenvisageable. Mais là, c’est devenu du sérieux. C’est bien plus qu’un projet sportif, c’est un défi, à tous les niveaux. Après réflexion, j’ai accepté de le relever. Tout du moins, de tout donner, mettre mes compétences au service d’un club qui a besoin de repartir sur de nouvelles bases, avec des jeunes, qui ont de la qualité. »
« Je ne me voyais pas rester sur mon canapé à regarder les feux de l’amour quand même ! »
Le ton est volontaire, et malgré la situation délicate, toujours ambitieux : « Il faut l’être, reconstruire au niveau économique et sportif, je crois que les deux sont liés. Reprendre de l’assurance, retrouver du plaisir, en ayant un jeu attractif, et je l’espère, des résultats. Nous attirerons à nouveau les partenaires, et il y a bassin économique intéressant sur place. »
Se relever, faire le dos rond, se reconstruire, retrouver du plaisir, voilà qui parle forcément et personnellement au nouveau manager châteaurenardais, qui va devoir réagencer sa vie de tous les jours : « Je vais m’organiser oui, c’est un double défi, familial et sportif, à mon grand âge, ce n’est pas si simple (rires). Mais c’est bien, ce défi me plaît, être dans ce club me motive, et puis, je ne me voyais pas rester sur mon canapé à regarder les feux de l’amour quand même ! ».
Pour quelqu’un qui était à deux doigts d’arrêter, il y aurait pu avoir une alternative moins lointaine et moins risquée, mais ce n’était pas l’idée : « Je ne me voyais pas rester dans la région Occitanie, vous me l’avez gentiment fait remarquer, j’ai pas mal bourlingué et connu beaucoup de clubs dans le sud ouest, comme coach et comme joueur aussi. J’avais envie et besoin de voir autre chose, de m’éloigner, de me relancer autrement. Les dirigeants de « Châto » se sont investis pour sauver leur club, il y a beaucoup à faire et je me retrouve dans ces valeurs. Je comprends que mon choix puisse surprendre, mais je suis très heureux de l’avoir fait. »
Un nouveau chapitre s’ouvre donc pour « Merca », qui a donc choisi la vie de « Châto » sans hésiter. Les Bouches du Rhône en accueillent une nouvelle, qu’on se le dise…