Un pilier argentin qui signe en fédérale 3, de prime abord, c’est une information qui ouvre la porte à des raccourcis, à des critiques rapides sur l’incompréhension d’aller chercher ailleurs ce que l’on a près de chez soi. Oui, mais dans ce cas présent, l’histoire d’Alan Sanillo, aussi complexe que belle au final, méritait vraiment des explications plus détaillées…
Alan Sanillo joue pilier en première division argentine à Belgrano Buenos Aires. La vie au quotidien n’est pas simple, il décide alors de quitter son pays natal pour venir en Europe. En Espagne plus précisément, espérant trouver de meilleures conditions générales. Il y fait valoir ses qualités athlétiques (1.85m, 115kg) et techniques, et il est rapidement recruté comme pilier droit en première division espagnole, au sein de Las Rozas de Madrid. Le gaillard prend ses marques progessivmeent, il est logé en colocation avec trois autres joueurs, et parvient à joindre les deux bouts tant bien que mal. Mais la crise du coronavirus est venue tout compromettre. Au coeur du confinement, son club lui fait comprendre, comme à plusieurs autres joueurs de l’équipe, qu’il va devoir trouver une solution de repli, et très rapidement.
Au même moment, Laurent Madec, responsable de banque à Saint-Affrique, et passionné de rugby, entend parler de cette histoire, via une association rugby, qui a pour but de favoriser l’intégration des Espagnols sur le territoire français, et dans laquelle il est partie prenante. Il en fait part aux dirigeants du RCSA. Les premiers échanges ne tardent pas grâce aux réseaux sociaux. Patrick Galtier, président de Saint-Affrique, nous raconte la suite : « Alan s’est retrouvé sans aucune certitude sur son avenir immédiat, à craindre véritablement de se retrouver à la rue, sans toit, sans ressources. On a dialogué avec lui dès la fin du mois de mars. Il n’était pas le seul, mais il a été celui qui ne se prenait pas pour un pro, à ne pas demander tout et n’importe quoi. Alors on a poursuivi les démarches le concernant. On nous avait prévenu que ce serait compliqué… et ça l’a été. »
En effet, l’obtention d’un visa est synonyme de travail sur le territoire d’accueil. Les dirigeants, les partenaires et les sympathisants de Saint-Affrique s’activent donc pour en trouver un à l’Argentin. C’est chose faite en quelques jours (dans la logistique). « En France, il y a du travail pour quiconque veut se lever le matin, plutôt que d’attendre les bras croisés » assène le président, également chef d’entreprise. La mairie, qui gère les logements sociaux de la ville, explique qu’il en reste plusieurs inoccupés. L’appartement est donc trouvé aussi. Mais il est vide, alors la chaîne de solidarité s’active à nouveau. Un frigo par-ci, un lit par-là, de la vaisselle, des chaises, chacun offre ce qu’il peut pour accueillir le joueur argentin dans les meilleures conditions possibles.
Et quand ce dernier arrive, avec pour seul bagage, un sac de sports rempli de quelques affaires de rugby et de trois tshirts, l’émotion est forte. « Il a connu la misère, on peut le comprendre » souligne Patrick Galtier, qui poursuit : « il a touché du doigt la misère, vraiment. Mais il n’a pas peur de travailler, bien au contraire. Il est plus que reconnaissant et bien conscient de sa situation. Nous l’avons intégré dans l’encadrement des jeunes, car il a des diplômes. Dès les premiers entraînements avec les juniors, il a montré un investissement total. Il ne parle pas très bien français, certes, mais il sait se faire comprendre. Il utilise même son téléphone pour trouver la meilleure traduction (rires). Par certains aspects, cela me rappelle un peu l’arrivée de Rodrigo Capo Ortega à Millau, avant qu’il ne parte à Castres. »
On connaît la suite de l’incroyable aventure pour le seconde ligne uruguayen devenu icône à Pierre Fabre. En sera-t-il de même pour ce pilier argentin ? Le président aveyronnais coupe court : « Nul doute qu’il sera rapidement supervisé, et fera l’objet sûrement de certaines propositions. Il connaît d’autres argentins dans la région, dont certains jouent en pro. Mais il a 28 ans, a, je le répète, eu la peur du lendemain, la peur du vide, il connaît la valeur des choses, du travail, de la parole donnée, et tout ce qui s’est enclenché autour de lui chez nous. Il connaît ses priorités et nous a démontrés ses qualités d’homme. A titre d’exemple, j’ai organisé un repas chez moi lors de son arrivée. il a tenu à participé, et s’est s’occupé des grillades. Il a fait honneur à la réputation de son pays à ce niveau. On sent que c’est un bon mec ! «
Les démarches administratives, longues et fastidieuses, sont terminées aujourd’hui. Alan a fait un dernier aller-retour sur Madrid pour être à jour. A l’annonce de ce recrutement « étranger », les critiques et les raccourcis faciles pouvaient aller bon train, mais derrière l’information sportive, se cache donc une toute autre histoire, humaine : « Chez nous, tous les joueurs travaillent, sans exception, et tout le monde s’entraide aussi, c’est la base. Alan en profite aujourd’hui, et nous en sommes ravis. Ce n’est pas une histoire d’argent, mais une histoire d’hommes… et de rugby, tout simplement. »
Aussi, quand nous avons contacté Alan Sanillo, ce dernier ne cachait pas sa satisfaction et son émotion : « Le club m’a témoigné un intérêt et une confiance rares, dès les premiers instants. Ils m’ont intégré dans leur projet, m’ont montré que Saint-Affrique était une grande famille, ce qui m’a forcément touché… et convaincu de venir forcément. Je suis ravi de pouvoir continuer à jouer au rugby bien sîr, c’est un gros soulagement. J’espère apporter au club le plus possible, pour que nous avancions ensemble. A titre personnel, j’espère même que d’autre juniors viendront nous rejoindre à l’école de rugby. »
L’Argentin a pris ses marques, et se projette déjà dans un club qui lui a tendu la main. Il se murmure qu’un autre joueur, italo-argentin, pourrait bénéficier aussi de cette solidarité. Il aurait déjà un travail qui l’attend dans l’Aveyron… comme cuisto ! Il ne serait pas étonnant que pour les repas d’avant et d’après match, les joueurs, le staff et les dirigeants se régalent de bonnes pâtes et de bonnes grillades. Après tout, ne dit-on pas : « Qui veut la « faim », veut les moyens ?
Un pilier argentin qui signe en fédérale 3, de prime abord, c’est une information qui ouvre la porte à des raccourcis, à des critiques rapides sur l’incompréhension d’aller chercher ailleurs ce que l’on a près de chez soi. Oui, mais dans ce cas présent, l’histoire d’Alan Sanillo, aussi complexe que belle au final, méritait vraiment des explications plus détaillées…
Alan Sanillo joue pilier en première division argentine à Belgrano Buenos Aires. La vie au quotidien n’est pas simple, il décide alors de quitter son pays natal pour venir en Europe. En Espagne plus précisément, espérant trouver de meilleures conditions générales. Il y fait valoir ses qualités athlétiques (1.85m, 115kg) et techniques, et il est rapidement recruté comme pilier droit en première division espagnole, au sein de Las Rozas de Madrid. Le gaillard prend ses marques progessivmeent, il est logé en colocation avec trois autres joueurs, et parvient à joindre les deux bouts tant bien que mal. Mais la crise du coronavirus est venue tout compromettre. Au coeur du confinement, son club lui fait comprendre, comme à plusieurs autres joueurs de l’équipe, qu’il va devoir trouver une solution de repli, et très rapidement.
Au même moment, Laurent Madec, responsable de banque à Saint-Affrique, et passionné de rugby, entend parler de cette histoire, via une association rugby, qui a pour but de favoriser l’intégration des Espagnols sur le territoire français, et dans laquelle il est partie prenante. Il en fait part aux dirigeants du RCSA. Les premiers échanges ne tardent pas grâce aux réseaux sociaux. Patrick Galtier, président de Saint-Affrique, nous raconte la suite : « Alan s’est retrouvé sans aucune certitude sur son avenir immédiat, à craindre véritablement de se retrouver à la rue, sans toit, sans ressources. On a dialogué avec lui dès la fin du mois de mars. Il n’était pas le seul, mais il a été celui qui ne se prenait pas pour un pro, à ne pas demander tout et n’importe quoi. Alors on a poursuivi les démarches le concernant. On nous avait prévenu que ce serait compliqué… et ça l’a été. »
En effet, l’obtention d’un visa est synonyme de travail sur le territoire d’accueil. Les dirigeants, les partenaires et les sympathisants de Saint-Affrique s’activent donc pour en trouver un à l’Argentin. C’est chose faite en quelques jours (dans la logistique). « En France, il y a du travail pour quiconque veut se lever le matin, plutôt que d’attendre les bras croisés » assène le président, également chef d’entreprise. La mairie, qui gère les logements sociaux de la ville, explique qu’il en reste plusieurs inoccupés. L’appartement est donc trouvé aussi. Mais il est vide, alors la chaîne de solidarité s’active à nouveau. Un frigo par-ci, un lit par-là, de la vaisselle, des chaises, chacun offre ce qu’il peut pour accueillir le joueur argentin dans les meilleures conditions possibles.
Et quand ce dernier arrive, avec pour seul bagage, un sac de sports rempli de quelques affaires de rugby et de trois tshirts, l’émotion est forte. « Il a connu la misère, on peut le comprendre » souligne Patrick Galtier, qui poursuit : « il a touché du doigt la misère, vraiment. Mais il n’a pas peur de travailler, bien au contraire. Il est plus que reconnaissant et bien conscient de sa situation. Nous l’avons intégré dans l’encadrement des jeunes, car il a des diplômes. Dès les premiers entraînements avec les juniors, il a montré un investissement total. Il ne parle pas très bien français, certes, mais il sait se faire comprendre. Il utilise même son téléphone pour trouver la meilleure traduction (rires). Par certains aspects, cela me rappelle un peu l’arrivée de Rodrigo Capo Ortega à Millau, avant qu’il ne parte à Castres. »
On connaît la suite de l’incroyable aventure pour le seconde ligne uruguayen devenu icône à Pierre Fabre. En sera-t-il de même pour ce pilier argentin ? Le président aveyronnais coupe court : « Nul doute qu’il sera rapidement supervisé, et fera l’objet sûrement de certaines propositions. Il connaît d’autres argentins dans la région, dont certains jouent en pro. Mais il a 28 ans, a, je le répète, eu la peur du lendemain, la peur du vide, il connaît la valeur des choses, du travail, de la parole donnée, et tout ce qui s’est enclenché autour de lui chez nous. Il connaît ses priorités et nous a démontrés ses qualités d’homme. A titre d’exemple, j’ai organisé un repas chez moi lors de son arrivée. il a tenu à participé, et s’est s’occupé des grillades. Il a fait honneur à la réputation de son pays à ce niveau. On sent que c’est un bon mec ! «
Les démarches administratives, longues et fastidieuses, sont terminées aujourd’hui. Alan a fait un dernier aller-retour sur Madrid pour être à jour. A l’annonce de ce recrutement « étranger », les critiques et les raccourcis faciles pouvaient aller bon train, mais derrière l’information sportive, se cache donc une toute autre histoire, humaine : « Chez nous, tous les joueurs travaillent, sans exception, et tout le monde s’entraide aussi, c’est la base. Alan en profite aujourd’hui, et nous en sommes ravis. Ce n’est pas une histoire d’argent, mais une histoire d’hommes… et de rugby, tout simplement. »
Aussi, quand nous avons contacté Alan Sanillo, ce dernier ne cachait pas sa satisfaction et son émotion : « Le club m’a témoigné un intérêt et une confiance rares, dès les premiers instants. Ils m’ont intégré dans leur projet, m’ont montré que Saint-Affrique était une grande famille, ce qui m’a forcément touché… et convaincu de venir forcément. Je suis ravi de pouvoir continuer à jouer au rugby bien sîr, c’est un gros soulagement. J’espère apporter au club le plus possible, pour que nous avancions ensemble. A titre personnel, j’espère même que d’autre juniors viendront nous rejoindre à l’école de rugby. »
L’Argentin a pris ses marques, et se projette déjà dans un club qui lui a tendu la main. Il se murmure qu’un autre joueur, italo-argentin, pourrait bénéficier aussi de cette solidarité. Il aurait déjà un travail qui l’attend dans l’Aveyron… comme cuisto ! Il ne serait pas étonnant que pour les repas d’avant et d’après match, les joueurs, le staff et les dirigeants se régalent de bonnes pâtes et de bonnes grillades. Après tout, ne dit-on pas : « Qui veut la « faim », veut les moyens ?