Pour le retour de la rubrique « L’œil du pro », nous ne pouvions rêver de meilleur candidat. Celui qui incarne le mieux les valeurs du rugby « d’en bas » par sa simplicité, son authenticité a bien voulu se prêter au jeu des questions de RugbyAmateur. Bercé autant par son père que son frère dans le rugby régional, nouveau parrain du site RugbyAmateur.fr, Jean-Marc Doussain, ouvre la saison pour notre plus grand bonheur. (par Jeremy Guscott)
Jean-Marc, quels sont tes premiers souvenirs de rugby amateur ?
J’ai commencé à l’âge de 6 ans même si je n’ai pas tout de suite été assidu. Mon père était entraîneur à Saint-Girons et Sainte-Croix-Volvestre, j’ai des souvenirs lorsque je le suivais petit, au bord du terrain, dans les vestiaires. Je badais vraiment tous ces joueurs de l’équipe 1. J’ai débuté à Sainte-Croix avant de partir à Saint-Girons en benjamins puis au Stade Toulousain à partir de cadets.
Suis-tu d’une quelconque façon l’actualité du rugby amateur dans la région ?
Oui bien sûr, j’ai gardé de très bons contacts de la génération Cadets du Stade avec qui on a été champions de France avec parmi eux Galan, Baraque et Bézy pour les plus connus. Ils évoluent dans les divisions inférieures donc je les suis. Mais aussi et surtout à travers mon frère aîné Stéphane (NDLR : joueur de Saint-Sulpice-sur-Lèze actuellement blessé), je le suis depuis toujours même depuis que je suis en pro, quand je joue le samedi, je vais le voir le dimanche où on y va ensemble quand il est blessé car il n’est pas épargné. On aime bien se chambrer mais aussi être plus sérieux pour analyser nos matchs respectifs.
Justement, ton grand frère Stéphane évolue depuis plusieurs années dans les clubs de la région, un mot sur ses qualités de rugbyman ?
Il a de réelles facilités, du talent et des qualités de buteur. Il est complet dans son jeu. Parfois, il veut trop en faire, un peu comme moi, mais j’estime que c’est aussi une qualité.
Malgré ton jeune âge, tu es souvent affublé d’une mentalité de « joueur à l’ancienne » au sens noble du terme, te reconnais-tu dans cette étiquette et dans le rugby professionnel actuel ?
J’ai eu la chance d’être encadré à mon arrivée par des anciens comme Servat ou Nyanga. C’est peut-être dû à mon tempérament car je suis un garçon posé et discret. C’est sûrement aussi le poste qui veut cela, le fait que je sois souvent avec les avants. Pour parler du rugby actuel, il y a toujours au Stade Toulousain les valeurs du rugby et ce n’est pas de la langue de bois. J’en veux pour preuve les moments de convivialité et de plaisir que nous avons passés en début de saison dans une période sportive délicate.
Il est vrai que l’argent et certaines dérives doivent nous appeler à de la vigilance mais comment se seraient comportés les anciens aujourd’hui ? Ce qui est sûr c’est qu’à Toulouse toutes ces valeurs subsistent grâce aux Dusautoir, Albacete ou encore Clerc et Poitrenaud pour ne citer qu’eux.
N’es-tu pas lassé qu’on t’associe souvent à ta fulgurante année 2011 (champion de France avec le Stade Toulousain et finale de Coupe du Monde disputée avec l’équipe de France pour sa première sélection) ?
Non. Pour moi, c’était une réelle chance d’arriver au bon moment. J’essaie d’avoir du recul par rapport à ça et mon entourage familial m’a beaucoup aidé en ce sens. Notamment mon frère et mon père, c’est un équilibre qui me rassérène. Ensuite, il est vrai que depuis cette année là, mes prestations sont plus épiées, que les gens sont plus exigeants avec moi mais c’est normal. C’est à moi de travailler en conséquence.
Est-ce que l’équipe de France reste dans un coin de ta tête ?
Oui forcément. D’autant plus quand tu y as goûté même de façon éphémère et quand tu évolues au Stade Toulousain. Tu as envie d’y retourner, c’est logique. Je travaille en ce sens, d’abord pour mon club, sur mes points négatifs mais aussi les positifs.
Revenons à ton club, le Stade Toulousain, c’est une drôle de saison que vous êtes en train de réaliser…
C’est particulier, c’est vrai. Cette série de défaites en début de saison était compliquée avec une somme de détails qui n’allait pas dans notre sens. Mais malgré tout on voyait bien qu’on n’était pas loin. De même qu’on ne s’est pas affolé dans les moments critiques, il n’y a pas lieu de s’enflammer malgré notre belle dynamique actuelle. Nous sommes simplement à notre place, les deux victoires consécutives à l’extérieur (NDLR : Lyon et Bordeaux) rattrapent notre faux-pas à domicile face à Clermont.
Quels sont tes objectifs pour l’année 2015 ?
Je me les fixe avec mon club en étant performant avec lui. Je n’ai pas d’objectif précis ou alors je les garde pour moi (rires). Je me sens très bien, très à l’aise actuellement, je souhaite que l’équipe continue à tourner collectivement.
Même si ta carrière est encore longue, te vois-tu à l’issue de celle-ci revenir dans le rugby amateur en tant qu’entraîneur ou dirigeant ?
C’est une chose à laquelle je pense. Mon rêve serait de jouer un jour avec mon frère même si il est plus âgé. Mais aussi avec la fameuse génération cadets, on en parle souvent entre nous. En dehors du terrain, ça me plairait également de m’investir dans un club pas forcément en tant qu’entraîneur mais avec la volonté de transmettre.
Né le 12/02/1991 (23 ans) à Toulouse
Poids 91 kgs taille 1m73
Poste demi de mêlée ou demi d’ouverture
Clubs successifs Sainte-Croix Volvestre – Saint-Girons – Stade Toulousain
Palmarès Champion de France Cadets Alamercery en 2008 – Champion d’Europe 2009 avec l’équipe de France des moins de 18 ans – Champion de France, vainqueur du Top 14 en 2011 et 2012
International A – 10 sélections