Entretien avec David Gérard
Quels sont tes premiers souvenirs dans le rugby ?
Je suis issu d’une famille de rugbymen, je suivais mon père partout lorsqu’il jouait à Toulon. Grâce à mon gabarit, j’ai commencé le rugby en avance à quatre ans et demi mais mon premier souvenir marquant est une bagarre générale entre le RCT et Carcassonne, je devais avoir 6 ans.
Toi qui as évolué en Angleterre, est-ce que le rugby amateur a une place aussi importante qu’en France ?
Non, en fait moins. En France, chaque village a son club de rugby, ce n’est pas le cas outre-manche où cela est vrai pour le foot. En revanche, je retrouvais cet esprit rugby de village au niveau professionnel lorsqu’on se déplaçait avec Northampton avec des supporters à fond derrière leur équipe dans une ambiance très détendue, de proximité.
Ta riche carrière a eu des rebonds inattendus, quel regard portes-tu sur ton parcours ?
J’ai vécu de superbes histoires partout où je suis allé. Bègles a été une étape très importante car c’est là que j’ai fini mon apprentissage. Toulouse, évidemment, ou j’ai glané beaucoup de titres et de grands souvenirs. J’ai choisi ensuite cette expérience à l’étranger, en Angleterre, pour tout remettre à zéro, me mettre en danger dans un pays dont je ne connaissais pas la langue.
Ensuite, mon passage au Racing m’a permis de connaître l’accession en Top14 qui restera aussi un grand moment. Finalement, seule ma dernière expérience à Marseille a été dure. Il y avait un grand projet qui s’est avéré être une coquille vide. À cause de ce projet fantôme, j’ai vécu une période compliquée qui va bien au-delà du rugby. Nous les joueurs avons été floués et étions complètement impuissants.
Depuis 2 ans, tu as réintégré le Stade Toulousain, explique-nous ton rôle ?
J’entraîne les Crabos avec Cédric Heymans, je suis en charge des avants. Je suis également responsable du secteur aérien du Centre de formation et des équipes de l’Association.
Sans oublier les féminines de Fonsorbes avec qui tu t’investis énormément. Quelques mots sur cette aventure ?
Je suis arrivé là par hasard, au départ pour donner un coup de main pour la touche et puis je ne suis jamais parti. Je les entraîne avec beaucoup de plaisir. Le filles évoluent en Élite 2 et sont premières. Nous sommes la plus jeune équipe avec une moyenne d’âge autour des 19 ans. Ici, il n’y a pas de rémunération, pour personne.
On essaie d’apporter aux filles au niveau social, universitaire et professionnel et cela semble leur plaire puisqu’aucune n’est partie malgré les sirènes de clubs qui évoluent au plus haut. Nous effectuons trois entraînements par semaine avec deux séances de musculation, de la vidéo, des stats et de la récupération. Nous avons également une communication très dynamique et ce n’est que le début…
Avec un gros projet en ligne de mire…
Oui tout à fait. L’an passé, nous avons signé un partenariat avec le Stade Toulousain pour notamment bénéficier des infrastructures et assurer le suivi scolaire des filles. Le soir de la signature, je me suis dit que cela ne pouvait rester en l’état et qu’il fallait aller plus loin. Nous sommes donc en train de créer le Stade Toulousain Rugby Féminin ! Ce sera pour la saison prochaine en conservant les équipes 1, 2 et cadettes du club, un vrai beau projet.
On sent dans ton discours que tu es plus proche du rugby amateur que du milieu professionnel finalement ?
C’est surtout le milieu dans lequel je suis aujourd’hui et quand on défend un projet, on y croit à fond forcément. Je pense aussi que l’amateurisme a plus besoin d’aide, donc je me sens plus utile même si parfois c’est dur de tout cumuler.