Dans une carrière de rugbyman, passée la quarantaine, on est plus proche de la fin que du début. Sauf que de fin, il ne semble pas y en avoir pour Gérard Brun (un peu comme ses histoires dit-on). Une carrière riche et variée au gré de différents clubs avec comme leitmotiv, un retour à Montesquieu systématique entre chaque expérience.
Monsieur Brun, au physique ambigu, finit donc sa longue et riche carrière au Mas d’Azil, en tant qu’entraîneur-joueur, et ce, depuis 2 ans. Il a marqué les esprits par une performance rare en janvier 2016 : joueur, coach, et arbitre lors d’un même match, suivi d’un claquage en 3ème (voir l’article). Il se livre aujourd’hui à l’autopsie de sa carrière, en nous délectant d’anecdotes, toutes plus croustillantes les unes que les autres…
L’intro de Gérard : « Alors mon XV de rêve, c’est un petit mélange de rugby champagne, d’histoires d’hommes mais pas que. Avec ces mecs-là, les troisièmes auraient salement piqué. Je tenais à remercier tout de même les Seigneurs de ce jeu, comme on dit, que j’ai eu la chance de croiser. Les frères Sclaunich, les Degusti, Gajac, des guerriers. Fabien Dumas qui tient l’US Arize chaque dimanche. J’ai badé la technique d’un Lauvernet, Descamps ou Ferhane, jalousé les canes de Mathieu Rivière ou d’Alban Daricaut.J’ai vu l’éclosion de la génération dorée Montesquivienne, les Nicolini, Perez, Barthet, Inard, Guillon. Mais mon XV de rêve est un peu plus modeste. Car le plus beau dans notre sport, ce n’est pas d’aller écraser une pastèque au fin fond d’un terrain. Non, le plus beau, ce sont les amis que le rugby te donne. Merci à RugbyAmateur de m’avoir permis de remercier tous ces gens qui ont tant compté durant ma longue carrière, même si j’en ai oublié beaucoup, je le sais. Continuez à porter la flamme du rugby amateur qui souffre inexorablement dans nos campagnes. Merci beaucoup pour votre énorme travail. Et venez voir Le Mas pour mon dernier Rugby Show. Après il sera trop tard… »
Les piliers
Cédric Jourda alias Pipette (US Arize) : La légende ou les légendes plutôt. Pourquoi Rabastens ne s’est pas déplacé à Daumazan en match de barrage retour ? Simple, Mr Jourda leur a fait peur. Au match aller, tout le public Tarnais comptait soit disant les coups de genou que donnait Mr Jourda dans un ruck. Cent cinquante pompes tous les matins et il fracasse des sacs de farine à coups de tête avec son cousin pour s’entraîner. Invérifiable mais vu les muscles…
Thierry Soullié dit la Godasse (AS Montesquieu) : Le pilier mélomane. Adore chanter du Michèle Torr ou du C. Jérome. Des reins d’acier et un petit saut de cabri dégueulasse à chaque prise de balle. Un jour au TUC, Thomas Castagnède est venu voir son frère jouer. A l’époque c’était le meilleur centre au monde. Tous se pressaient pour admirer le petit prince autour des talenquères Tucistes… et lorsque celui-ci vit Thierry, il se déplaça pour aller le saluer. Surpris, notre Souille national se retourna et nous demanda : « c’est qui ce con ? »
Le talonneur
Wilfried Soules dit Taureau (AS Montesquieu) : Une machine de guerre. Capable de vous faire un marathon en espadrille et chapeau de paille sans s’être couché la veille. Intombable en troisième, sauf s’il y a du Martini, son talon d’Achille. Tout le monde dans le Volvestre sait que Taureau, c’est le plus fort. Il sait tout faire : bricolage, mécanique, piloter des péniches… Si seulement il avait su bien lancer en touche…
La 2ème ligne
Arnaud Sudriez (La Salvetat) : Le seconde ligne de devoir, dur au mal. Rugueux, pas besoin de passer le bras en mêlée car lui il vous déglingue dans les règles. Une fois je lui ai remis un ballon d’une petite chistéra, il fit un en-avant… Alors énervé, il me balançât le Gilbert par la gueule en me criant « tu le sais que je le veux pas le ballon ! ». Plus au calme je lui ai demandé ce qu’il aimait dans ce sport s’il ne touchait jamais la balle. « Plaquer et déblayer les mecs dans les rucks, c’est tout ». D’où son autre grande passion : le Catch.
Eric Rogalle dit Cocoye (AS Montesquieu) : Etant encore junior, j’ai eu le malheur de prendre sa place à l’aile à Montesquieu. Du coup, j’ai essuyé à l’entraînement quelques caramels appuyés. Finalement, le fait de s’engager autant sur moi, lui à ouvert les portes du reclassement. Fini Cocoye l’ailier, place à Cocoye seconde ligne. Il ne m’a jamais remercié. Dans le milieu rugbystique on appelle ça « une pute ». Tous les vices du poste. « Cocoye Enc….», c’était le panneau que nous avions confectionné pour son mariage. La famille était ravie. Courage dans ton combat quotidien contre cette saloperie. On t’aime !
Les troisièmes lignes
Cédric Rives (AS Montesquieu) : Le pénible, le tricheur. Le joueur que tout le monde connait et que tout le monde veut crever. Mais il court toujours le bougre. Je n’ai jamais cautionné le fait qu’il se moque des physiques des gens sur un terrain pour les déstabiliser, comme par exemple, sa phrase fétiche en touche : « Bouh… qu’est ce que t’es moche toi ! ». Si le mec répondait, t’as gagné la touche.
Nicolas Sans enfin Cabanne (US Arize) : Le roi des airs, le scientifique de l’alignement. Sosie officiel de Mylène Farmer. Il a passé une fête à Lahitère en haut d’un platane. Saboteur d’un concert du parti communiste ariégeois qui aux vues des dernières élections, ne s’en est toujours pas remis. Tous les samedis matin, à l’aube et dans le plus simple appareil, il dorait les croissants dans une viennoiserie Cazérienne. C’est devenu son métier. Comme quoi.
Cédric Verdalle, Pistou (La Salvetat) : Le gendre idéal, beau gosse, intelligent, bon au rugby. Vit avec une jeune fille qui passe plus de temps sur les mains que sur ses pieds. Curieux les mœurs chez les Verdalle. Lorsque ses lèvres se transforme en cul de poule, je parle ici de Cédric, c’est bon il est à 3 grammes.
Le demi de mêlée
Kiki Armengaud (AS Montesquieu) : Le petit prince des bords d’Arize. Depuis le collège, nous nous suivons, alors quand vous connaissez la bestiole, imaginez le nombre d’anecdotes. Il imite à votre guise la sirène ou le chinois. Spectaculaire ! Ancien soldat, Kiki toujours au rapport. Certains disent même qu’il aurait libéré le Koweït !
David Campourcy (La Salvetat) : Le stratège, celui qui a le logiciel rugby le plus performant, il comprend et analyse la situation en un ¼ de seconde. Un jour avec Pierrot Cancé, le pilier hockeyeur aveyronnais de Montpellier qui habite dans le Gers, ils m’ont sauvé la vie lors d’une attaque de Conchas Finas (Coquillage Espagnol qui se mange vivant dont j’ignorais le côté agressif). En citronant la bête, qu’elle fut ma surprise quand elle me sauta au visage. J’ai cru faire une syncope. Je les remercie encore de m’avoir porté secours.
Le demi d’ouverture
Pascal Pince (US Arize – AS Montesquieu – Le Mas d’azil) : Mon compère de toujours. Si seulement nous jouions encore avec les ballons wallabies, il serait international. Un droitier au pied gauche longue distance. « Comme tu ne signeras jamais à Daumazan je signe à Montesquieu » Ce sont ses mots qui m’ont fait rentrer au pays, puis je l’ai suivi à Daumazan et au Mas d’azil. L’amitié c’est sacré.
Les ailiers
Franck Perez (La Salvetat) : C’est son grand père qui a donné les terrains pour que le club de La Salvetat voit le jour. Au prix du foncier voilà 15 ans, il essaye de récupérer ses biens. Ah Francky, c’est les chiottes à Milhas où lui aussi mis sa couche par-dessus le mille feuilles de m… La fois où il m’a réconforté lorsque je me suis luxé la main avec cette petite phrase d’horreur « Aaaah putain son bras ! » ou alors à Beaumont de Lomagne « Putain Gérard, tu pues la binasse », bref, des anecdotes à la pelle.
Vincent Couzinet dit Le Musher (US Arize) : Sosie de Val Kilmer, avec ses plaquages fortuits, il a déglingué pas mal de joueurs. J’ai une pensée pour Zouzou, parti sauver la planète à Tchernobyl, et ce n’est pas une blague. Le gyrophare, sa tactique préférée consistait à une diagonale au pied dégueulasse sur son aile qui concluait toujours un entrainement à l’US Arize. Toujours un grand moment.
Les centres
David Galy, Didou (AS Montesquieu) : Mr Connard pour les intimes. Quand Juju Bacquié sautait dans les travées du Stade Jean Castet en voyant Billy mettre les canes et partir à l’essai, les puristes admiraient le travail de son compère Didou lui filer l’intervalle si précieux. J’ai toujours ton mot dans mon portefeuille et je l’emporterai avec moi quand je te rejoindrai dans les étoiles. On t’aime Connard.
Patrice Pedussault (AS Montesquieu) : La faucheuse de l’ASM. Nous avons formé ensemble une paire de centres quasi infranchissable (et oui je le dis haut et fort messieurs) à l’époque du titre en 2000. Alain Sentenac à la baguette, suppléé de capitaine Caverne Jérôme Audoubert, aux histoires professionnelles rocambolesques comme la fois où une dame aurait acheté son silence lorsque sa fosse sceptique était bouchée par…des préservatifs usagés.
L’arrière
Gilles Trémoilières (La Salvetat) : Le sniper de l’Isle, s’il demande le tee c’est trois points. Du spectacle sur et en-dehors du terrain. Des troisièmes interminables. Comme la fois où déguisés en sorte de sherpas croisés de représentants roumains, nous avions ramené le sac d’école de notre petit Pierrot Cancé à la vie scolaire de son établissement avec un petit mot d’excuse pour sa CPE, une certaine Mercedes. Nous arborions une moustache pré pubère qui ne l’a pas du tout laissée indifférente.
Les remplaçants
Pierrot Cancé, Olivier Loriette (La Salvetat) : Un soir, tard bien sûr, la tavernière du Racing en avait marre de voir nos tronches. Elle nous mis gentiment à la porte mais avec ces deux racailles de premières lignes, nous avons réussi à lui dérober un fût avant la fermeture. Fiers de notre larcin nous revoici au Club House salvetain pour profiter de notre audace. Perdu, c’était un fût de limonade que l’on a dû payer bien sûr, et offrir à l’école de rugby pour nous punir.
Christophe Palmato The Palmi (US Cazères) : Le centre le plus célèbre d’Occitanie. Il a compris que l’entrée en boite est mois chère que le Formule 1 alors, il y dort sur les banquettes. Le chevalier Fuxéen allergique au beurre a failli mourir lorsqu’un plaisantin a rempli un ballon de butane au lieu d’hélium. Je peux vous assurer qu’à l’inhalation sa voix a changé, mais pas dans les aigus.
Félicien Auban (AS Montesquieu) : Mon Fils, je lui ai tout donné. Sauf cette particularité qu’il a de faire disjoncter Jeremy Inard avec des phrases types comme : « Aaaaahhh c’est vraaiiiii que toiiiiii Jereeeeeeemmmy tuuuu…. » ou « On est sauvééééé on a Inard ». Il a oublié qu’il a failli mourir un jour de phases finales venteuses à Lézat, lorsqu’il a laissé le ballon tomber du tee pendant que Maître Pince butait.
L’impact player
Fabrice Lagrave ou Pimpon (La Salvetat) : Je n’aurai pas assez de cette tribune pour compter ses exploits. Quelques brèves vous me direz ? Allez. Alors, il est persuadé d’avoir joué à Colomiers, plongeur de bord à l’armée (qui ne plonge qu’au bord), adepte des battues aux canards, neveu de son oncle, CRS à moto dans la 23 mais lui est à pied, il s’est échappé de l’hôpital de Tarbes avec la tenue préopératoire et est rentré en stop rejoindre le bus. Se fait masser nu, Etc…..
Un jour de 1/8ème retour contre Caussade, pas content de voir l’arrière Caussadais énervé reprendre le ballon des mains d’un jeune ramasseur de balle, il se devait d’agir en qualité de justicier. Il attrapa une canne à pêche dans sa voiture proche, et dégaina son lancer sur l’arrière Tarn et Garonnais le ferrant d’un coup de poignet sec. Se débattant comme une fario le numéro 15 criait « Monsieur l’arbitre, Monsieur l’arbitre ! » Aucune faute, la cuillère est interdite dans les jambes pas au col. Cet arrière doit raconter tous les noëls le jour où il s’est fait pêcher sur un terrain de rugby.
Les entraîneurs
Pas de grande équipe sans leaders.
Christian Marcet (La Salvetat) : Le retour aux sources du jeu. Du combat, du combat et de l’agressivité mais surtout du combat puis de l’agressivité un peu. Le célèbre « salut Guilhem » restera toujours dans nos mémoires.
Condominas dit Condo (La Salvetat) : « Foutez vous en cercle ! Putain combien on est ?? 1, 2, 3….22, 23, 24, 25…Merde j’ai commencé où ?? »
Soigneurs
Domi et Christine (La Salvetat) : Les plus grands fans jaune et bleu « Jaune Jaune Jaune ! »
Yvan Rivière dit VanVan (As Montesquieu) : « Y a quelqu’un ?? » Phrase tirée de sa meilleure et unique blague.
FICHE D’IDENTITÉ :
Né le : 31 décembre 1976
Métier : Chef de produit
Postes : Centre
Clubs : Montesquieu, Cahors, Montesquieu, La Salvetat, Montesquieu, Daumazan, entraîneur philiponneau St Sulpice sur Lèze, Le Mas d’Azil.