Septembre 2014, Guillaume Evrard, pilier de l’AS Tournefeuille, participe au triathlon de Toulouse. Victime d’un malaise provoqué par un coup de chaleur (hyperthermie), il est pris en charge par les services d’urgence, mais son état n’a cessé de se dégrader. L’ancien muretain décédait dans la nuit, à 36 ans (voir notre article). La justice s’est prononcée…
Par un jugement du 13 décembre 2018, le Tribunal de grande instance de Toulouse a déclaré les sociétés de secouristes Sauvetage nautique de Tournefeuille, tout comme les Secouristes d’Uglas et du Plateau, responsables de la mort de Guillaume. Ces dernières avaient en effet multiplié les fautes dans la prise en charge de ce coup de chaleur, en tardant à le diagnostiquer d’une part, à refroidir la victime et à appeler les secours d’autre part. L’expert désigné par le tribunal de grande instance avait conclu que les fautes ainsi commises avaient fait perdre à la victime 80 % de chances de survie.
Ces sociétés de secouristes se renvoyaient la balle mutuellement et contestaient avoir commis quelque faute que ce soit. Le tribunal de grande instance de Toulouse vient pourtant de les déclarer responsables en retenant :
- que les premiers secours avaient occasionné un retard au diagnostic,
- qu’il y avait eu un retard au refroidissement externe de la victime (absence de prise de température et de mesures de refroidissement),
- qu’un appel plus précoce au SAMU était indiqué
- que la présence d’un médecin aurait permis un diagnostic précoce de la cause de la détresse avec une médicalisation dès les premiers signes cliniques de détresse neurologique et la mise en œuvre d’un refroidissement externe dans l’attente de l’arrivée au SAMU.
Pascal Nakache, avocat de la famille Evrard depuis le drame nous a livré son sentiment :« Il s’agit pour la veuve de M. Evrard d’un immense soulagement car nous avons dû mener un combat pendant quatre ans pour faire reconnaître la responsabilité des sociétés de secouristes, lesquelles avaient gravement manqué à leurs obligations en tardant à diagnostiquer ce coup de chaleur, à mettre en place le refroidissement et à appeler les secours, fautes qui étaient directement à l’origine du décès de M. Evrard, un rugbyman en pleine forme je le rappelle. Cette affaire et la décision qui vient d’être rendue par le tribunal de grande instance de Toulouse mettent en lumière la question de l’organisation des secours dans les manifestations sportives, qui, bien souvent, ne sont pas en mesure de faire face efficacement aux accidents qui surviennent, notamment dans des manifestations de grande ampleur. Les récents drames dans le rugby ne font que renforcer ce besoin de secours bien formés. Il me paraît nécessaire de le rappeler afin que tous les organisateurs de manifestations sportives veillent à mettre en place des secours parfaitement adaptés. »
La veuve de Guillaume et ses deux enfants (âgés de 2 et 4 ans au moment du décès) seront indemnisés à hauteur de 600 000€. Une somme bienvenue pour aider cette famille endeuillée, mais qui ne ramènera certes pas l’ancien rugbyman, dont le souvenir reste et restera vivace auprès de toutes celles et ceux qui ont connu le défunt champion…