L’interview décalée de leur capitaine avait donné le ton, mais c’est avec sérieux que les cadets de Portet ont remporté la finale Grand Sud 21 à 16 aux dépens de Tarn Sud. Un des entraîneurs, Patrick Bruno a bien voulu revenir sur cette belle journée et une magnifique saison, qui n’est pourtant pas terminée. (par Jeremy Guscott)
Patrick, quelques mots sur cette finale remportée 21-16 ?
C’était une belle finale je crois, il y avait du monde, une belle ambiance, de bonnes conditions pour voir du jeu et on en a vu. Je tiens d’abord à féliciter encore une fois notre adversaire du jour qui méritait tout autant que nous de gagner ce match. La décision s’est faite souvent sur un détail, une erreur, un fait de jeu et je crois que sur ce point-là, on a su être plus réaliste et pragmatique.
Racontez-nous la première mi-temps
On fait une bonne entame oui, en envoyant pas mal de jeu, on prend rapidement le score sur pénalité. Nos joueurs auraient pu prendre le large très rapidement, car on se crée trois belles occasions qu’on ne concrétise pas sur de petites fautes de mains, la fébrilité peut-être. Ensuite, les débats se sont équilibrés, Tarn Sud après avoir laissé passer l’orage, nous montre qu’ils ne sont pas là par hasard et mettent la main sur le ballon, avec une belle organisation collective, et nous propose beaucoup de jeu, beaucoup de combat devant, derrière et égalisent logiquement. Puis, avec un vent légèrement favorable, on va scorer deux fois au pied pour arriver à la mi-temps sur un score de 9 à 3.
Vous souffrez en début de seconde période, mais finalement, vous arrivez à reprendre le dessus…
Oui, à la reprise, Tarn Sud pousse, occupe notre camp et en 15 minutes refait son retard. On souffre à ce moment-là c’est vrai, et on se dit que ça va être compliqué. Mais le match a basculé de notre côté, sur un ballon volé en mêlée. On exploite bien un côté fermé et on marque le premier essai du match qui sera transformé. Cinq minutes plus tard, sur un exploit personnel, on va doubler la mise, 21 à 9. Il doit rester 10 minutes à jouer, et notre adversaire, loin d’être abattu, jette toutes ses forces dans la bataille, joue tous les ballons à la main. Notre défense qui a été l’un de nos points forts toute la saison a été énorme. Et même si on encaisse un essai transformé à 5 minutes de la fin du match, plus rien ne sera marqué et ce sera la délivrance. Les gamins ont été héroïques.
On vous sent très fier de vos joueurs…
Je tiens à féliciter tous les garçons, les 22, plus les 6 qui sont restés au bord du terrain dimanche, pour leur courage, leur solidarité, leur envie, leur sens du sacrifice, toutes ces valeurs qui ont fait que l’on a gagné cette finale.
Vous sentiez-vous favori avant ce match ?
Au regard de notre parcours, puisque l’on est à ce jour encore invaincu cette saison, on pouvait le penser, tout comme on peut penser que Toulon ne va faire qu’une bouchée de Castres samedi. Maintenant, Tarn Sud, avec son groupe, ses quelques joueurs en tutorat avec le CO (1) n’avait rien d’un faire-valoir, et quand je vois la qualité du jeu proposée par cette équipe, les gabarits, l’engagement, l’organisation, on s’attendait à avoir une belle équipe en face de nous, un match difficile, âpre et on n’a pas été déçus. Après, une finale, c’est du 50/50, c’est toujours un match particulier, il y a l’environnement, l’ambiance, de l’émotion, la pression, c’était la première grosse finale de ce groupe jeune, qui a de la qualité, mais qui n’a pas encore l’expérience de ce genre de rendez-vous. Par rapport à ça, on ne voulait pas qu’ils passent à côté, et on a tenu à leur faire vivre une grande journée, de celles que l’on se rappelle toute sa vie, et je crois que là-dessus avec la préparation du match à Aimé Giral (merci Laurent), on a bien réussi, avec la victoire et le bouclier comme cerise sur le gâteau.
La fin d’un superbe parcours avec cette génération. Parlez-nous de cette équipe ?
D’abord, ce n’est pas encore fini, car il reste encore le championnat de Pyrénées à jouer, dès samedi, on rencontre les cadets Teulière B+ de Villefranche-de-Lauragais en 1/4 de finale pour un match qui s’annonce difficile et il va falloir très vite se remobiliser et nous leur faisons confiance là-dessus pour répondre présents. Ensuite, c’est un bon groupe que l’on a la chance d’entraîner, avec Laurent Mouly, ‘Minut’ et Julien Nottaris. Car avant d’en faire de bons joueurs de rugby, ce sont de bons garçons. La plupart jouent ensembles depuis les poussins, ils se connaissent bien, ‘s’aiment’ sur et en dehors du terrain. Et je tiens à rendre hommage à Eric Bressolles et Frédéric Saint-Martin (leurs ‘papas’), ainsi qu’à tous les éducateurs qui les ont amenés pendant toutes ces années, là où ils sont aujourd’hui. On a d’ailleurs vécu un grand moment avec eux dans les vestiaires avant le match. Mais je ne vous en dirais pas plus, ce qui se passe dans le vestiaire, reste dans le vestiaire. C’est la fin d’un parcours, un autre commence dès samedi, et j’espère que l’on aura l’occasion d’en vivre d’autres avec ces garçons.
(1) : en fait, aucun joueur cadet de Tarn-Sud15 n’est en tutorat avec le Castres Olympique. Un seul joueur de Tarn-Sud15 est en tutorat, il s’appelle Pierre Elie Pages, junior, et c’est avec le Sporting Club Albigeois