Pamiers n’en finit plus de gravir les échelons du rugby. Une progression étroitement liée avec l’arrivée de son président, Jean-Philippe Sannac. Son premier quinquennat a vu le SCA passer de la fédérale 3 à la fédérale 1. Le recrutement XXL de l’an passé ne laissait planer aucun doute sur les ambitions du club à franchir une nouvelle étape, que la crise du covid est venue mettre en suspens. Les arrivées de nouveaux joueurs confirment que les ambitions sont maintenues pour le prochain exercice. Le recrutement de deux d’entre eux, venus de Blagnac, ont suscité bon nombre de réactions, dont celle du président Benoît Trey (voir article). Jean-Philippe Sannac a visiblement peu apprécié ces attaques et tenait à réagir…
RugbyAmateur : Président, vous souhaitiez vous exprimer suite aux déclarations de Benoît Trey dans nos colonnes (voir l’article), qui vous reproche tout d’abord de ne pas avoir respecté le code selon lequel un président contacte son homologue avant d’appeler un joueur pour le recruter…
Jean-Philippe Sannac : Tous les présidents n’appellent pas pour recruter tel ou tel joueur. J’ai deux joueurs qui viennent de s’engager ailleurs, à Berre l’Etang et à Chambéry, et personne ne m’a appelé. Blagnac nous a pris un joueur aussi il y a deux ans (Thibaut Alvarez), et je n’ai pas crié au scandale. Concernant Pierre Maurens, qui est ariégeois, il a un projet professionnel sur le département, et c’est lui qui m’a appelé. Pour le reste, c’est la période des transferts, c’est comme ça depuis toujours, et ça le restera, on prend des joueurs, on en perd, c’est ainsi, Parfois, il y a des tensions, qui s’oublient dès que la saison reprend.
Benoît Trey s’est dit surpris de la signature de Nekelo Tolofua chez vous, alors qu’il est à Blagnac depuis six ans…
J’ai lu ça oui, qu’il l’avait appris sur les réseaux sociaux. Je suis étonné car Tolofua a prévenu ses coéquipiers deux jours avant, à l’entraînement, et il était en pleurs quand il l’a fait, je le sais. Je m’étonne donc qu’un président ne soit pas au courant de ce qu’il se passe dans son propre club avec ses joueurs. J’ai lu aussi que j’avais appelé 15 joueurs de Blagnac, j’en ai appelé trois. Et j’ai lu que je ne répondais pas aux appels. J’ai eu Benoît Trey au téléphone une fois, on ne va pas s’appeler tous les jours non plus.
Après Maurens et Tolofua, le troisième joueur dont vous parlez est Mathieu Vachon. Vous lui auriez formulé « une offre qui ferait faire tourner toutes les têtes »…
Oui c’est vrai que j’ai fait une offre conséquente pour ce joueur, je ne vais pas m’en cacher. Comme je peux vous dire que je vais le recontacter pour insister encore plus. Quant à savoir s’il restera à Blagnac ou pas, il ne faut jamais dire jamais ! Nous verrons bien. Je le répète, c’est la période des transferts, chaque club qui a des ambitions se bat pour faire le meilleur recrutement possible, il me semble que c’est normal.
Avec des moyens financiers importants, c’est plus facile d’y parvenir tout de même ?
Bien sûr ! Mais on ne peut pas me reprocher de mettre les moyens pour arriver à nos fins. L’argent compte, c’est une évidence, mais il ne fait pas tout. Sinon, deux de mes joueurs ne seraient pas partis à Berre ou à Chambéry peut-être.
« Notre club est contrôlé par la DNACG, et nous sommes dans les clous. »
Pamiers « désorganise l’éco-système du rugby régional et national » par certaines propositions financières hors normes. Vous réfutez totalement cette affirmation ?
Oui, car je ne dérègle rien du tout. Si un club paye ses joueurs de Nationale en dessous du marché, ça le regarde, s’il souhaite les envoyer disputer un match très loin, en bus ou en train, à 5h du matin, avec un sandwich à manger pour le retour, ça le regarde. Moi, je fais autrement. Et alors ? C’est mon argent, personnel, et j’en fais ce que je veux. Je n’en fais pas n’importe quoi pour autant, j’ai la tête sur les épaules et le cerveau qui fonctionne bien. Je ne suis pas un président rémunéré par le club, à qui je dois rendre des comptes ! Notre club est contrôlé par la DNACG, et nous sommes dans les clous. Je suis content qu’on s’inquiète pour moi, mais le SCA va très bien, qu’on se rassure. Je le répète, c’est mon argent, je le gère comme bon me semble. Je suis un entrepreneur, et je fais tout pour que mes sociétés prospèrent. C’est pareil dans le rugby. Je suis ambitieux et je fais tout pour arriver à atteindre nos objectifs. Cela ne regarde que moi. Je suis entièrement bénévole à mon poste de président, dans un club que je tente de bâtir sur la durée.
Sur ce point-là aussi, il semblerait qu’il y ait des interrogations sur cette notion de durée, de bâtir une équipe plus qu’un club…
Cela fait six ans que je suis au club, il n’y a pas que l’équipe Une qui a progressée. Pamiers a plus de 200 jeunes, des cadets nationaux, des espoirs très prometteurs. Nous avons ouvert un sport études en partenariat avec un lycée, et nous montons un centre de pré formation, qui sera labellisé l’an prochain, il me semble que ce n’est pas si mal pour un club qui n’a pas de fondations solides ! Il n’y a pas que les clubs de métropole ou des quartiers autour de Toulouse qui ont le droit de se développer, les paysans ariégeois aussi (sourire).
En novembre dernier, vous nous aviez contactés pour menacer de mettre la clé sous la porte par manque de moyens (voir article). Vous comprenez que certains s’interrogent aujourd’hui quand vous évoquez vos ambitions et les moyens que vous y mettez…
J’avais un problème avec la Préfète de notre Département oui, qui nous empêchait de recevoir du public et de prévoir des hospitalités, alors que d’autres clubs le pouvaient. Depuis la fin août jusqu’à l’arrêt officiel des compétitions, j’ai perdu de l’argent forcément, lié au manque de billetterie notamment, et tout ce qui tourne autour. J’étais en colère contre ce point-là car nous étions le seul club en France pénalisé à ce point. Pour le reste, nous avons pu économiser et bien préparer la saison qui vient oui.
Quand vous étiez montés en fédérale 2, nous vous avions demandé si vous visiez la fédérale 1. Vous aviez répondu que c’était dans un coin de votre tête. Maintenant que vous y êtes et avec votre recrutement, vous pouvez affirmer que vous visez la Nationale…
Oui, c’est vrai, d’où le fait de monter un centre de d’entraînement labellisé pour être en conformité avec ce qui est demandé par la FFR. Je veux faire de Pamiers le porte drapeau du rugby ariégeois. De nombreux jeunes viennent frapper à notre porte, il y a un réel engouement. Et les clubs de notre département nous soutiennent car ils voient bien que nous les respectons et que nous jouons le jeu. Si un jeune de 23 ans ne perce pas chez nous, il pourra renforcer des clubs comme Saverdun, Laroque, Tarascon et d’autres. Notre travail de formation profitera à tout le monde… sauf à Blagnac sans doute (sourire). Je le dis avec un brin d’ironie, car pour moi, il n’y a pas de polémique. Nous sommes tous des passionnés de rugby, de notre clocher, et je souhaite que le rugby sorte de cette crise de la meilleure des façons. Et de retrouver l’ambiance des matchs avec du public, les partenaires et tout ce qui va avec. Donc vive le rugby, et merci à vous RugbyAmateur de véhiculer les informations comme vous le faîtes. A bientôt au bord des terrains.
Dernière minute – Joint par téléphone, Benoit Trey a tenu lui aussi à calmer le jeu : « J’assume mes propos, notamment sur le fait que l’on appelle tous mes joueurs. Mais c’est ainsi, je regarde l’intérêt de mon club avant tout, comme tout président. Je ne tiens pas à faire plus de polémiques, surtout que ceux qui me connaissent savent les liens que j’ai avec l’Ariège. Nous travaillons tous de manière à sortir de l’ornière et faire en sorte que l’on aille de l’avant. C’est beaucoup de temps et d’énergie, donc bon courage à tout le monde. » Dont acte.