Il y a trois ans, Jean-Paul Barriac, alors jeune président de Rodez, avait prévenu : « Attention à l’implosion ! ». En cause, un lourd passif auprès de l’Urssaf, hérité du bureau précédent. Et si la DNACG n’avait pas sévi à ce moment-là, elle s’est montrée bien plus intransigeante ensuite. Le bras de fer engagé par tout le club pour éponger cette dette et maintenir le SRA en fédérale 1 ressemblait quelque peu au combat du pot de terre contre le pot de fer. Malgré une solidarité de tous les instants des joueurs, du staff, des dirigeants, des partenaires, des supporters et des collectivités locales, le sort de Rodez est désormais scellé. La liquidation judiciaire du club a été prononcée ce lundi. Et Jean-Paul Barriac de s’exprimer librement…
Président, tout d’abord, quel est votre sentiment sur cette liquidation judiciaire ?
Vous imaginez bien ma déception. On est en train de tuer le rugby à Rodez, et peut-être même en Aveyron. On avait un plan de redressement, avec un échéancier sur 5 ans pour rembourser les dettes du passé. Le déficit était de 800 000€, on en avait épongé 500 000. On était sur la bonne voie. Mais la FFR n’a pas compris notre plan visiblement.
Vous étiez proches d’être relégués administrativement en fédérale 2 il y a 3 ans, cette fois, c’est en fédérale 3, qu’est-ce qui a provoqué cette sanction puisque vous respectiez votre échéancier ?
On faisait partie des clubs les plus propres de fédérale 1 je pense. On était suivi par un commissaire et le TGI, on payait 200 000€ de charges par an, tout en remboursant 62 000€ en plus. On a été transparents… trop peut-être.
Malgré tout, pourquoi ne pas repartir en fédérale 3 ?
Parce que notre plan était calibré pour la fédérale 1, pas pour la fédérale 3. On ne rembourse pas 62 000 euros en ayant moins d’attractivité, moins de recettes, moins de sponsors, moins de résultats. Et puis surtout, on a eu le coup de grâce par la cour de cassation qui a cassée le jugement des prud’hommes qui datait de 3 ans, et qui nous oblige au final à payer en plus 96 000€ immédiatement. C’est impossible. On aura traîné cet héritage du passé comme un fardeau permanent. On a donc décidé de tout stopper, car tous les éléments sont visiblement contre nous. Pourtant, quand je vois l’appel aux dons qui avait ramené plus de 200 000€ en 15 jours il y a trois ans, cela montre bien l’attachement des Ruthénois à ce club.
« Dans le rugby, quand le père commet un homicide, c’est le fils qui va en prison ! »
Cela signifie-t-il qu’il n’y aura pas d’équipe ruthénoise sénior alignée en septembre prochain ?
Le risque est réel oui. Pas pour les jeunes, car l’école de rugby devrait survivre à tout ça, et je l’espère vraiment pour eux, pour les éducateurs et pour la ville. En revanche, en séniors rien n’est moins sûr.
On vous sent plus que dépité, écœuré…
Cela fait 5 ans qu’on demande à la FFR de venir nous voir. Pas pour manger un aligot, mais pour voir nos comptes, et le travail que l’on avait fait, sur place. On attend encore. On a été convoqué pendant 3 ans à Marcoussis en revanche, et j’ai l’impression qu’on paye pour d’autres, qu’on paye les rancœurs du passé. J’aurais préféré un discours préventif plutôt que nous descendre ainsi. Dans le rugby, quand le père commet un homicide, c’est le fils qui va en prison ! La FFR s’intéresse plus à l’équipe de France qu’au rugby amateur. Et puis, vous savez, les valeurs du rugby qu’on se plaît tant à mettre en avant, elles ont bon dos. Les clubs viennent nous piller, solliciter nos joueurs sans nous en parler, comme des vautours. Nos joueurs heureusement, sont honnêtes et loyaux. Et je le dis clairement, il n’y a aucune animosité envers eux, au contraire.
Certains vont partir malgré tout…
Et on ne peut pas leur en vouloir, c’est logique. Certains ont un niveau bien supérieur à la fédérale 3, ils sont jeunes, et méritent de jouer à leur niveau réel. Je peux vous dire que parmi eux, certains voulaient rester, mais ce n’était pas honnête vis à vis d’eux. J’en profite ici pour les remercier, car malgré toutes les difficultés, ils ont tout donné. Et je précise aussi que nous avons honoré nos engagements financiers avec chacun d’eux. Je veux également tirer un grand coup de chapeau à Arnaud Vercruysse. Rodez lui doit beaucoup. Sans lui, sans ce coach et cet homme de grande valeur, sans son travail formidable, l’équipe aurait déjà coulé depuis longtemps. Il est lui aussi dans une situation délicate, car les entraînements vont reprendre, et il ne sait pas à quoi s’en tenir, sachant que tous les clubs sont déjà pourvus d’entraîneurs désormais. Je la plains, car il a des valeurs qui ne sont peut être plus en adéquation avec notre société d’aujourd’hui.
Et vous, qu’allez-vous faire et devenir ?
Le rugby pour moi, c’est terminé ! Je suis épuisé de toutes ces batailles, usé de ces histoires de copinage, ce n’est pas ma façon de faire, je ne fonctionne pas par sous entendu. Il faut des nouvelles têtes de toute façon, je vais aider à ce que le club reparte bien sûr, mais une fois que ce sera fait, je partirai. Je suis chef d’entreprise, quand on dépose le bilan, il faut partir. Je ne suis pas du genre à jouer à cache-cache. A part l’Urssaf, on ne plante personne d’autre. Pas comme à Auch, qu’on essaye de prendre en exemple pour notre cas.
C’est-à-dire ?
Auch a rebondi après sa liquidation, oui. Mais a d’abord planté financièrement bon nombre de joueurs et de partenaires. Nos situations ne sont absolument pas comparables. Auch a de plus, un bassin économique plus important et beaucoup plus de clubs autour. En Aveyron, le rugby c’est 3 600 licenciés, répartis sur 6 ou 7 clubs et villes. A titre de comparaison, il y a 14 000 licenciés au foot.
Dernière question : quand est-ce que le SRA sera définitivement fixé sur son avenir ?
Dès que possible, mais on ne peut pas affirmer que tel jour une décision sera prise ou qu’une solution sera trouvée.
Dernière minute : selon nos informations, quelques personnes, des passionnés, travaillent en sous-marin pour garantir aux jeunes que le club existera bel et bien à l’heure de la reprise. Un poignée de joueurs resterait au club, mais rien ne garantit qu’il y en aura assez pour former un groupe suffisant, que ce soit en fédérale 3, ou à un niveau inférieur. Une chose est certaine, un long chemin jonché d’obstacles attend les futurs dirigeants. Mais ils pourront s’appuyer sur l’exemple du football, puisque Rodez, après avoir déposé le bilan aussi, a misé sur la formation avant de monter en Ligue 2 cette année. Ceci dit, et comme le précisait le président Barriac, le nombre de licenciés est autrement plus important pour le ballon rond dans le département. Et le SRA avait aussi l’habitude de faire son marché hors de l’Aveyron. L’avenir du rugby à Rodez est plus qu’incertain. Tout du moins pour retrouver le plus haut niveau amateur…
la solidarité des autres clubs ? c’est le rouquefort qui dit au rocamadour qui pue . pourquoi il font pas pareil eux ?
et le fameux sponsor de madagascar il est ou mr barriac ?
spécialiste de l’enfumage a rodez