Hier, la Cour d’Appel de Montpellier a infirmé la décision du Tass de Rodez (Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale). Conséquence, Rodez doit 375 000€ à l’Urssaf. Une décision lourde de conséquence, qui pourrait influencer la Commission d’Appel de la DNACG. Celle-ci doit en effet définir aujourd’hui, si oui ou non, le club sera rétrogradé en fédérale 2. Une situation plus que compliquée donc, que nous évoque en toute transparence Jean-Paul Barriac, un président toujours déterminé, mais usé par ce combat permanent qu’il mène depuis son arrivée au club, il y a un an et demi…
Président, l’Urssaf vous réclame 375 000€, est-ce possible de rembourser un telle somme ?
Les collectivités se sont engagées à nous verser 100 000€, notre appel aux dons à générer 215 000€, et va monter à 225 000, ce sont des dons privés et particuliers je le précise. Récupérer plus de 300 000€ en quelques semaines, par les temps qui courent, je crois que ce n’est pas si mal. Donc pour répondre à votre question, oui c’est possible de rembourser, à condition de rester en fédérale 1.
Et si on vous rétrograde en fédérale 2 ?
Le club perdra en attractivité, donc perdra des joueurs, il y aura moins de sponsors, moins de subventions aussi, tout en devant rembourser notre dette quand même. Ce serait vraiment mission impossible.
Vous êtes confiant ?
Le noeud du problème, c’est la décision de la DNACG ce vendredi. S’ils nous donnent un sursis, on pourra continuer à se battre. On a répondu à leurs attentes pour cette saison. On a réduit la voilure à tous les niveaux. Il n’y a plus que 3 contrats pro contre 14 l’an passé. On a baissé de 200 000€ environ le budget du club par rapport à la première année où je suis arrivé. Maintenant, on nous met au pied du mur pour des problèmes d’Urssaf qui datent de 2008 !
Comment expliquez-vous qu’il n’y ait pas eu de sanctions plus tôt envers le club?
Je ne peux pas commenter cela, mais c’est vrai que je ne comprends pas comment et pourquoi la DNACG n’a pas sévit plus tôt. Je pense surtout qu’un tour de vis a été donné ces derniers mois, car la situation des clubs est plus précaire que jamais. Ce n’est pas un scoop de dire que le rugby français va mal je crois. La formation ne se porte pas au mieux, on va chercher des joueurs à l’étranger, même à des niveaux inférieurs, et ils passent à la caisse à la fin du mois ! Ce n’est plus comme il y a trente ans, où on trouvait un boulot et on donnait un petit billet. On voit bien le résultat aujourd’hui en équipe de France après. Vous savez, il ne faut pas avoir la mémoire courte, le XIII était au sommet dans les années 80, et il a sombré. Il faut faire attention à ce que le XV ne suive pas le même chemin.
Donc selon vous, ce qui arrive à Rodez n’est pas un cas isolé ?
On l’a vu avec Lille et Chalon non ? Je sais que beaucoup de clubs suivent notre dossier de près, parce qu’ils se sentent concernés aussi, ils ont eux aussi des litiges avec l’Urssaf. Je le répète, le rugby peut imploser à force de vivre au dessus de ses moyens. L’Aveyron est une terre de foot d’abord. Il n’y a que 7 clubs de rugby. On n’a pas forcément le vivier. On enlève de l’attractivité au club s’il joue à un niveau moindre, et tout bascule très vite, il y a beaucoup d’exemples.
Est-il envisageable que le club dépose le bilan ?
Bien sûr, si on ne peut pas payer. Et je me dis parfois que peut être vaudrait-il mieux plier boutique et repartir de zéro. Après c’est à la fédération de délivrer une dérogation ou pas, pour ne pas repartir en bas de l’échelle.
Vous menez un combat permanent depuis votre arrivée au club, vous n’avez jamais eu envie de jeter l’éponge ?
Mon combat est que Rodez reste en fédérale 1, c’est tout. Si ce n’est pas le cas, j’arrêterai. Mais il y a un comité directeur, qui sera là pour savoir qui continue ou pas. J’espère que nous serons entendus, et que tous les efforts consentis seront payants. Je me bats pour des dettes qui se sont accumulées depuis 10 ans, et j’en ai quand même assez de devoir rattraper les erreurs des autres, je l’avoue.