Moissac a stoppé sa saison sur une élimination en play off. Puis s’est engagé en Coupe des Pyrénées sans ambition particulière. Et pourtant, les tarn-et-garonnais se sont pris au jeu et ouverts les portes de la finale. Deux jours avant celle-ci, le club déclarait forfait, à la surprise générale. Une décision incomprise, que le nouveau président Jean-Luc Arbia a dû expliquer au Comité lors d’un appel qui a tenu en haleine bon nombre de clubs régionaux concernés par une éventuelle sanction de relégation. Le suspense a pris fin hier, vers 15h, quand Moissac a reçu la confirmation de sa présence en Honneur. Jean-Luc Arbia, a accepté de répondre à chaud et en toute transparence à nos questions. A la fin de cet article, donnez votre avis (par Jonah Lomu)
Jean-Luc Arbia, tout d’abord, parlons de ce forfait. Que s’est-il passé pour ne pas jouer une finale ?
Il y a eu un cafouillage au niveau des dates. On avait noté que la finale avait lieu le dimanche, pas le samedi. On s’en est rendu compte très tard, trop tard. La majorité de nos joueurs travaillent le samedi, on a compris notre erreur le jeudi. Il était trop tard pour leur demander de poser un jour. C’est clairement une faute, c’est même un peu honteux de s’être trompé ainsi.
C’est ce que vous avez expliqué à la commission d’appel hier ?
J’ai été très clair. Oui on s’est trompé, mais en aucun cas, on a voulu déclarer forfait. Si on n’avait pas voulu jouer la finale, on aurait pris 40 points comme certains pour disparaître de la compétition. Or, les gars se sont pris au jeu et l’ont joué à fond. Ce n’était pas un objectif, mais arriver en 1/4 puis en 1/2, on joue les matchs à 100%.
Quel a été votre sentiment quand vous avez appris que vous étiez maintenus ?
J’étais partagé, entre de la joie bien sûr, et du soulagement. Je vivais tout cela comme une injustice. On est descendu de fédérale 3 à cause de la réforme il y a 4 ans. Là, on aurait été sanctionné lourdement, alors que sur le terrain, les joueurs avaient fait le boulot. Je ne critique pas le règlement, au contraire, j’aurais accepté une décision contraire, je peux vous l’assurer. D’ailleurs, quand j’ai pris la présidence, je l’ai fait en sachant que nous étions sous le coup de cette sanction. Mais qu’il aurait été dommage de pénaliser tout un club aussi durement pour une erreur de date. On ne méritait pas de descendre.
« On va s’atteler à changer notre image »
Comment voyez-vous la suite maintenant ?
Déjà, je remercie le comité de nous avoir entendu et compris. On a prévu un grand repas ce soir pour réunir tous les licenciés et leur expliquer la situation. Il y a eu des changements à la tête du club, et je peux vous assurer que le rugby à Moissac est soumis à la critique permanente. Parfois fondée, parfois pas. Je suis certain que certains espéraient nous voir descendre pour que ça leur profite, même à Moissac. On a jusqu’au 5 juillet pour recruter et avoir la meilleure équipe possible pour la prochaine saison. Je vais pouvoir m’appuyer sur Andrew Douglas qui continuera à s’occuper des avants, et sur mon frère Jean-Philippe, qui arrive de Valence d’Agen. Ce qui attisera sûrement d’autres critiques
On vous sent méfiant, voire suspicieux ?
Les deux co-présidents qui étaient en place depuis 4 ans en ont eu assez de toutes ces critiques permanentes. Certes les résultats sportifs n’étaient pas là, mais ce n’est pas une raison. Il y a quinze ans, le club jouait la montée en Groupe B, forcément pour les anciens, jouer en Honneur, c’est anormal. Oui le club est rentré dans le rang, mais le niveau a changé. Il n’y a qu’à voir la composition des poules pour s’apercevoir que les clubs de fédérale d’hier ont connu ou connaissent des difficultés aussi. J’aimerais pouvoir parler de montée, mais restons humbles.
D’autant que, vous me permettrez de souligner le fait que l’image du club est un peu écornée…
Mais vous avez raison. On a des oreilles et on entend ça aussi, au Comité ou ailleurs. Pour Jean-François Caliaro, Philippe Pujo et moi-même (les trois co-présidents), nous en avons fait une priorité. Nous ne sommes pas un club de voyous, et il n’y a jamais eu de gros problèmes. On va s’atteler à changer notre image, et cela passera par des faits, et des résultats. Je me doute que l’on va parler encore sur nous, et sur cette décision, c’est inévitable. Mais c’était important pour moi de pouvoir exprimer notre point de vue, nos ambitions.
Joint par téléphone, Philippe Pujo, l’un des trois nouveaux présidents de Moissac a également commenté la décision du Comité pour nous : « C’est un soulagement énorme, surtout que notre volonté est de construire un projet qui tienne la route, réaliste. On s’est rapproché de l’école de rugby, des anciens, on veut mobiliser tous ceux qui veulent soutenir l’Avenir Moissagais. Après cet épisode pénible, on veut aller de l’avant. Moissac a une histoire, c’est une ville de 14 000 habitants, il faut que le rugby y soit pérenne. On remercie le Comité pour leur compréhension, sans ça, repartir en PH aurait été compliqué. On va se mettre au travail maintenant ! »
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