Il n’y a pas si longtemps, dans une galaxie pas si lointaine, le rugby français était en quête d’une charnière capable de jouer plus de trois matchs d’affilée ensemble au niveau international. Pas tant qu’il y avait un vide intersidéral à la mêlée ou à l’ouverture, mais la défiance à l’égard des Machenaud-Beauxis, Trinh Duc, Parra, Belleau, Lopez ne rendaient personne vraiment « Serin »…
Et puis, il y a eu le retour de la Force, dans les mains, les jambes et les têtes (bien faites et bien pleines) de deux jeunes ouvreurs. Romain Ntamack (21 ans), où la force est très puissante dans sa famille, a su se faire un palmarès très tôt et donc un prénom. Et Matthieu Jalibert (22 ans), qui lui, a su se faire un nom, fort de pouvoirs évidents lui aussi. Deux talents précoces, à des postes qui demandent pourtant une certaine maturité, qui pilotent les destinées de deux vaisseaux majeurs du rugby français.
Deux jeunes hommes, qui se frottent aux épaisses défenses du Top 14, qui se font secouer, cabosser, dans des dark maul, mais qui en sortent encore plus endurcis et déterminés. Deux gamins devenus adultes à la vitesse de la lumière, sur qui reposent en plus, la responsabilité du but. Pression maximale donc ! Et pourtant, on a l’impression qu’elle glisse sur eux. La France peut se réjouir de compter dans ses rangs de tels chevaliers.
Mais, car il y a un mais évidemment, il semble de bon ton sur notre planète ovale, d’opposer plutôt que de rassembler, de comparer plutôt que d’associer. Le côté obscur de la force médiatique sportive est ainsi fait. Des articles qui cherchent à allumer des mèches, certes un peu longues, capillairement parlant, de nos deux héros. L’empire de la presse nationale contre attaque, alors qu’il serait si simple d’imaginer un Ntamack à l’ouverture ou au centre, un Jalibert à l’ouverture ou à l’arrière, ensemble.
Abondance de biens ne nuit pas, paraît-il, surtout quand la liste se rallonge avec un Louis Carbonel, au moins aussi talentueux et polyvalent. Surtout en plus, quand les automatismes sont facilités avec un autre talent XXL, un autre « poison-pilote » pour les défenses adverses, un jeune demi de mêlée considéré comme un des meilleurs du monde à son poste. Réjouissons-nous donc, arrêtons les guéguerres inutiles, et félicitions-nous d’avoir ces pépites qui défendent les couleurs du XV de France, d’avoir une génération montante qui ne demande qu’à être dorée.
Soyons impatients de voir le face à face galactique Ntamack-Jalibert en demi-finale de Coupe d’Europe, eux qui ont marqué tous les points de leur équipe respective en quarts. Mais de grâce, évitons une guerre des étoiles, ne soyons pas à l’affût d’un coup de pied trop long ou trop court, d’une passe laser en-avant ou d’une pénalité manquée. Laissons-leur le temps de s’aguerrir, de prendre à chaque sortie, un peu plus d’expérience, et puis té, soyons fous, un peu de plaisir aussi. A 20 balais, ce serait bien ça aussi non ?
Alors, roulez jeunesse, on vous espère en forme pour la demie européenne, pour la fin du Top 14, et surtout, en 2023, ensemble, plutôt… qu’en solo (Woki aime ça). Vous êtes notre paire ! D’ici là, l’alliance du peuple d’ovalie aura encore plus le sens de l’ouverture, la menace fantôme de certains médias au côté trop dark, aura disparu. Pour aller décrocher la Lune. A la recherche d’un nouvel espoir, quoi !