Calendriers, poules, arbitrage, gestion des compétitions, des intempéries, des sanctions, autant de sujets sensibles qu’il nous semblait utile, voire nécessaire, d’aborder en cette fin de saison. Pour avoir des réponse précises, nous avons sollicité le vice-président du Comité Midi-Pyrénées, Jacques Rezungle, en charge de tous ces dossiers importants. Personnage emblématique et incontournable de l’institution, l’ancien président de Quint, est plus que jamais au service du rugby depuis ses débuts. Il a répondu avec franchise et transparence à toutes nos questions, sans détours, comme l’ancien pilier qu’il a été. (par Jonah Lomu)
M. Rezungles, tout d’abord, pour ceux qui ne le savent pas, quelle est votre fonction au sein du Comité Midi Pyrénées ?
Je suis vice-président du Comité, en charge de la Commission des épreuves, ainsi que tout le secteur règlementations et compétitions. Ce qui couvre les affiliations, les mutations, les règlements, la discipline, et les épreuves.
Commençons par les calendriers, comment sont-ils gérés ?
Tout se prépare à la fin de la saison précédente. Dès la fin des phases finales, sont établis des classements de clubs en fonction de leurs résultats. Et à partir de là, nous établissons les différentes compétitions par catégorie. Ensuite, et c’est un point que tout le monde ne sait pas forcément, c’est la fédération qui établit le calendrier, pas nous. C’est à dire qu’on nous impose les dates de fin de saison pour les phases finales, certains tournois, des matchs de sélections, et donc, bien sûr les dates de la phase de poule régulière.
Avec une spécificité pour le niveau Honneur, puisque nous sommes tributaires des descentes éventuelles de fédérale 3.
Tout à fait. Il peut y avoir des descentes administratives en plus des sportives, comme Saint-Affrique l’année dernière. Là, c’est la commission des règlements fédérales qui examine les dossiers, tranche et nous en informe ensuite. Donc chaque année il faut attendre l’assemblée générale de la fédération pour avoir toutes les informations. Cette année ce sera les 19 et 20 juin.
Concernant l’Honneur, quelle est votre position sur ce système à trois poules ? On parle de trois poules de 9 l’an prochain…
On a réuni les clubs concernés ici même, au comité, pour échanger avec eux. Il s’est dégagé deux positions différentes : celle des clubs qualifiés en play off, favorables à la formule actuelle, et celle de ceux qui étaient en play down. On entend tous les avis. Concrètement, pour ceux qui souhaitaient deux poules de 12, on a fait une simulation en direct avec eux. Partant du principe que les clubs ne veulent pas commencer trop tôt en septembre, on s’est aperçu qu’on ne pouvait pas caser les 22 matchs, jusqu’aux phases finales. Où alors il aurait fallu passer directement à des 1/2 finales. Mais les clubs n’y étaient pas favorables. Dans la cour des échanges est remontée aussi une proposition à trois poules de 9 en effet, soumise au président. Au comité directeur midi pyrénées. ensuite de valider. Mais il faut savoir que le président Battut n’est pas très favorable à une augmentation des équipes en honneur. Au moment de la réforme de la fédérale 3, il voulait un passage plus doux pour réduire le nombre d’équipes, son objectif étant d’arriver à deux poules de 10. Mais tous les ans, il y a des clubs de fédérale 3 qui descendent, donc il est impossible de mettre en place cette formule. Il n’est pas dit pour autant que s’il n’y avait pas eu ces descentes depuis deux ans, nous serions déjà à deux poules de 10, but avoué du président je le répète.
Une fois établi le calendrier, on prévoit des dates de repli en prévision de reports éventuels, notamment à cause de conditions météorologiques défavorables. Là où ça devient compliqué, c’est quand les journées de mauvais temps se succèdent. Dans ce cas, il faut toujours respecter l’ordre initial de rencontres s’il y a plusieurs reports successifs. Et puis sous la contrainte de respecter la date butoir du calendrier, on applique la fameuse règle de la péréquation, pas toujours comprise et acceptée par tous. Mais c’est le seul moyen que nous avons pour pouvoir clôturer la saison régulière et établir les phases de qualification
Vous comprenez l’inquiétude des clubs qui risquent le forfait s’ils sont obligés de reporter une deuxième fois leur match ?
Bien sûr, mais il y a un calendrier qui nous est imposé et un règlement que l’on applique. Pour votre information, il y a eu 353 matches reportés en début de cette année. On essaye pour autant de trouver la meilleure solution. Et puis si c’est possible au niveau des terrains, et si les deux clubs sont d’accord, comme c’est arrivé cette saison, on inverse les rencontres.
L’annonce du report des matchs n’est-elle pas tardive quand vous prévenez les clubs le vendredi soir ?
Dès qu’on a l’information d’un arrêté municipal, on communique sur notre site. Parfois en début de semaine, parfois plus tard. On est dépendant des mairies, qui prennent de moins en moins de risques. Le vrai problème, c’est la prise de l’arrêté municipal. il est incontournable, on ne peut pas aller à l’encontre de cette décision. L’autre problème, c’est de voir que certains arrêtés municipaux sont pris à la hâte en début de semaine. même s’il fait beau toute la semaine
Pour nous, c’est l’idéal, on peut y jouer par tous les temps. On a eu l’exemple du terrain du TUC, qui a été pris d’assaut par de nombreux clubs cette année. Launaguet y a même joué un dimanche matin à 10h. Pour le bon déroulement du championnat, j’aimerais qu’il y ait plus de terrains synthétiques c’est sûr.
Vous avez votre mot à dire pour réquisitionner un terrain synthétique ?
Non, ils appartiennent à une commune. Donc le club en recherche d’un terrain sollicite le club qui en dispose d’un, qui soumet la demande à la commune avant de pouvoir accepter. Si c’est le cas, le club nous en informe, et nous validons à ce moment là le changement de terrain officiellement.
Autre sujet délicat, celui de l’équipe de Bonnac, en 1ère série, exclu pour des raisons règlementaires certes, mais pourquoi les avoir prévenu à quatre jours de leur barrage ?
C’est une question de relais d’information. Notre président a mis en place une commission de contrôle des obligations : avoir des équipes de jeunes, des écoles de rugby, notamment. Partant de là, les clubs de série savent qu’ils doivent avoir une école de rugby avec au minimum 15 licenciés, c’est règlementaire. Cette commission se réunit avant le 31 décembre pour prévenir une première fois si une équipe n’est pas en règle, puis au 31 mars pour sanctionner si besoin. La commission s’est réunie le 1er avril, et après l’examen des différents cas, un procès verbal a été fait, transmis à la commission des règlements, qui a notifiée au club l’impossibilité de participer aux phases finales territoriales et France. Bonnac était donc au courant de sa situation depuis le début.
Il y a un problème d’effectif, même si notre comité est riche en nombre d’arbitres (280), ils sont pris par la fédération. Pour un match de Top 14, sept arbitres sont nécessaires ! Nous sommes le comité qui organisons le plus grand nombre de rencontres en France. Donc, entre le samedi et le dimanche, en fonction des disponibilités des arbitres, on ne peut pas toujours proposer trois arbitres. Les clubs s’arrangent entre eux pour avoir un arbitre de touche par équipe. Je suis conscient que cela peut engendrer quelques tensions parfois. Il arrive parfois qu’il n’y ait pas d’arbitre pour des raisons diverses. chaque club est tenu d’avoir un licencié en capacité d’arbitrage lors d’un match, joueur, éducateur, dirigeant. Nous faisons des formations dans ce sens.
Que pensez-vous de le Coupe des Pyrénées ?
Je dois préciser d’abord que je n’étais pas favorable à cette coupe, pour la bonne et simple raison qu’il y avait auparavant le Challenge Crédit Agricole, qui s’est arrêté, par le peu de sérieux de certains clubs. On a essayé toutes les formules : créer des groupes, pour mixer plus, tout a échoué. J’ai donc dit au président que je ne voulais plus m’occuper de ce genre de compétition. Le collège des présidents de série a voulu prendre le relais, Daniel Fabre (Hers Lauragais) et Bernard Papaix (St jory) sont donc en charge de cette Coupe. Le comité rentre uniquement sur le site « ovale » les oppositions qu’on nous communique.
Vous ne pensez pas que les clubs qui terminent leur saison en mars aient envie de prolonger leur saison ?
Si, si, bien sûr. Je reste favorable à ce qu’une compétition de fin de saison existe, mais il faut que les clubs jouent le jeu aussi. A donc été instauré une règle pour éviter les forfaits intempestifs, un forfait général, soit deux forfaits égale une relégation automatique. Il y a d’ailleurs un cas cette année malheureusement avec Labastide-Saint-Georges, qui a terminé 6ème de sa poule mais qui a été forfait général pour la coupe. La formule idéale est compliquée à trouver, j’en suis bien conscient. J’ai dit que ce genre de compétition dure trois ans. Et c’est la troisième année que la Coupe des Pyrénées existe. L’exemple des compétitions pour jeunes que nous organisons est un meilleur exemple
C’est-à-dire ?
Pour le Petit Sud, 188 équipes sont engagées en tout, ce qui est très important en nombre, et en organisation. Mais nous arrivons à bien gérer l’ensemble. En 64ème de finale philiponeau, il y avait 14 équipes engagées, 12 se sont qualifiées, ce qui signifie que notre compétition régionale n’est pas si mauvaise que ça, malgré quelques critiques.
« Il y a un trop grand déséquilibre entre les comités »
Très simplement. Je vais vous prendre un exemple avec le pays catalan que je connais bien. Ils ont un nombre de clubs séniors global, égal au nombre de clubs Honneur chez nous. Ce qui signifie qu’ils jouent beaucoup moins de matchs. La saison commence maintenant pour eux. Ils sont 4 par poule, se jouent quatre ou cinq fois dans la saison, en phase de poule, puis en phase finale. Conséquence, quand un club honneur de notre comité commence le championnat de France, il a 20 matchs de plus dans les jambes, qui plus est, contre des équipes d’un très bon niveau. Il y a un trop grand déséquilibre entre certains comités, c’est évident. Pour moi, l’explication principale à votre question. Ce qui me fait dire aussi que deux poules de 12 aurait été contradictoire en honneur car on aurait rajouté encore plus de matchs pour une équipe. En fait, on est un peu victime du nombre de clubs que nous avons.
Il faudrait envisager de diluer le nombre de clubs avec le Comité Armagnac Bigorre (sourire) ?
Il y a deux présidents pour deux comités, donc, c’est utopique de penser à cela (rires)
Plus sérieusement, le découpage du comité Midi-Pyrénées est particulier…
Notre région est grande, la plus grande même. Se pose la question de l’éloignement géographique des équipes. Dans le département du Lot, on a reçu une demande de Puy l’évêque pour jouer avec les équipes du Périgord-Agenais. On a accepté, mais au niveau administratif, cette équipe reste dans le comité midi Pyrénées. Si une équipe émet le souhait de changer et que ce soit justifié, chaque dossier s’étudie. Dans ce cas, une demande doit être faite auprès des deux présidents concernés, puis c’est à la fédération de valider, ou pas.
Les lecteurs de Rugby31 sont des présidents, entraîneurs, joueurs, arbitres…avez-vous un message à leur transmettre ?
On a la gestion de 192 clubs, et près de 6 000 rencontres par saison. Je comprends que nos décisions ne soient pas toujours bien perçues. Je pense que l’on peut améliorer notre communication, c’est pourquoi on diffuse les règlements sur notre site dès le début de saison pour éviter toute suspicion, car il n’y a rien de pire que ça. On essaie de traiter chacun sur un même pied d’égalité. Il y a, et il y aura toujours des petits grains de sable. Mais soyez assuré de notre réelle volonté, pour faire au mieux dans chaque cas que nous venons d’évoquer. Plus qu’un souhait, c’est un souci pour nous. Et puis, il y a votre site pour créer et maintenir du lien entre tout le monde (sourire).