Pour le deuxième volet de notre rubrique « Itinéraire Bis », qui consiste à donner la parole aux « étrangers » du rugby amateur, nous avons rencontré Toby Quarendon, le demi d’ouverture (ou trois-quart centre) du FCTT (Fédérale 2 Poule 5). Grand voyageur, le Britannique de 27 ans, international maltais à 27 reprises, nous parle de son parcours atypique et de sa vision du rugby, mais pas que… (par Marco Matabiau).
Rugby Amateur: Date et lieu de naissance ?
Toby Quarendon: Je suis né à Londres le 6 avril 1992.
RA: Quand et comment as-tu commencé à jouer au rugby ?
TQ: J’ai commencé à l’âge de 7 ans dans un club de Londres, le Richmond Rugby Club. J’y ai d’ailleurs joué jusqu’à mes 17 ans. En parallèle, de 13 à 18 ans, j’ai joué pour l’Academy (l’équivalent des Espoirs) des Harlequins. A 17 ans, j’ai arrêté de jouer pour Richmond car j’ai obtenu une bourse d’études à la Cranleigh School, à proximité de Guilford dans le Surrey, au sud-est de l’Angleterre. J’y ai joué pendant deux saisons.
RA: Es-tu passé professionnel ?
TQ: J’ai signé mon premier contrat professionnel avec le Leeds Carnegie (devenu depuis le Yorkshire Carnegie). J’y ai évolué pendant deux ans avant de revenir à Richmond en National League One (équivalent de la Fédérale 1). Mais j’étais encore jeune et je voulais de nouveau jouer en professionnel.
RA: C’est le moment où tu arrives en France ?
TQ: Oui, en effet. Lors de la saison 2012/ 2013, j’ai personnellement envoyé un mail à tous les clubs de Top 14 et de Pro D2 ainsi qu’une vidéo contenant une « compilation » de mes actions. Deux clubs m’ont répondu, la Section Paloise et le Stade Montois. J’ai choisi le club landais où j’ai signé un contrat Espoirs. La seconde saison (2014/ 2015), j’ai intégré le centre de formation, je m’entraînais régulièrement avec le groupe professionnel, mais je n’ai pas réellement eu l’opportunité de jouer.
RA: Comment s’est passée l’arrivée à Mont-de-Marsan justement ?
TQ: J’arrivais de Londres. Comme vous l’imaginez, c’est une ville où ça bouge pas mal, où il se passe toujours quelque chose, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Et là, je débarque à Mont de Marsan un dimanche matin du mois de juillet, sans parler le moindre mot de Français. Inutile de préciser que j’étais plutôt déboussolé et que je me demandais ce que je faisais là. Par la suite, ça s’est arrangé. C’est d’ailleurs dans cette ville que j’ai rencontré ma petite amie, originaire de Toulouse et alors étudiante infirmière, qui est depuis devenue ma fiancée.
RA: Tu décides ensuite de quitter Mont de Marsan ?
TQ: Je voulais tenter une nouvelle expérience. J’ai été contacté par un club américain, le Griffins Rugby Club à Dallas, en 2015. Ils voulaient développer une ligue américaine de rugby, et j’ai fait partie des 5 ou 6 premiers joueurs professionnels des États Unis. J’ai joué une saison, puis je suis retourné à Richmond, désormais promu en Championship (l’équivalent de la Pro D2). J’y ai passé la saison avant de venir sur Toulouse en 2017. J’ai alors signé en Fédérale 1 à l’Avenir Castanéen pour la saison 2017/2018. Nous avons atteint les huitièmes de finale avant d’être éliminés par Mâcon. Le FCTT m’a ensuite contacté par l’intermédiaire du président Francis Cazeneuve et du coach Laurent Jalabert. Il s’agit donc de ma deuxième saison sous les couleurs toulousaines.
RA: De par ton expérience, as-tu remarqué des différences entre le rugby anglais et le rugby français?
TQ: Le rugby anglais est selon moi plus structuré. On prévoit plus les enchainements et chacun a un rôle bien précis. Sur un lancement de jeu, on a plusieurs options et on doit choisir celle qui nous semble la meilleure. En France, c’est un peu différent. On joue beaucoup sur l’adaptation. Les joueurs sont davantage libres d’opter pour divers choix ou formes de jeu. Les coachs, « Jaja » notamment, sont généralement ouverts à la discussion. En ce qui concerne le jeu, la nouvelle règle du plaquage me semble bien car elle diminue les risques de blessure à la tête (type commotion) ou aux cervicales mais elle ralentit le rythme du fait du très grand nombre de pénalités. Peut-être faudrait-il seulement sanctionner d’un coup franc afin de pousser les équipes à dynamiser davantage le jeu. Enfin, si je pouvais changer quelque chose, ce serait de jouer le samedi après-midi (comme en Angleterre) et non le dimanche. Ainsi, on pourrait profiter de la soirée du samedi avec les coéquipiers et les amis et passer le dimanche en famille.
RA: En tant que joueur anglais, as-tu droit à un traitement spécial, que ce soit de la part de tes coéquipiers ou de tes adversaires ?
TQ: Non, pas vraiment. Pour avoir joué dans pas mal de clubs et même au niveau international avec Malte, toutes les équipes de rugby se ressemblent: il y a une bonne ambiance, on vient pour prendre du plaisir et on boit une bière ou deux à la fin. Je pars du principe que lorsque tu arrives dans un club, que tu sois étranger ou pas, tu dois avant tout baisser la tête, t’entraîner sérieusement et prouver ce que tu vaux. Ensuite, quoi qu’il se passe sur le terrain, ça reste sur le terrain et tout le monde boit un coup ensemble à la fin.
RA: Quels sont selon toi, tes points forts et tes points plus faibles ?
TQ: Côté point fort, je pense que j’apporte de la structure, du cadre au jeu. Je parle beaucoup sur le terrain tant dans des situations offensives que défensives. Je communique énormément avec mes coéquipiers, entre autres pour les aider dans leur placement. Je pense aussi avoir une bonne qualité de passe, ce qui me permet de mettre mes partenaires dans de bonnes conditions. Côté point faible, j’avoue que je ne suis pas très rapide.
RA: Quelles ambitions as-tu pour cette saison 2019/ 2020 ?
TQ: Le président ainsi que les coachs Laurent et Yannick (Idrac) ne nous ont pas donnés d’objectif précis, du style la montée en Fédérale 1. Le but est simplement d’aller le plus loin possible, de faire le maximum. Tous les joueurs sont motivés pour bien faire. Selon moi, terminer en tête de la poule serait une grande performance, surtout quand on sait que des équipes comme Valence d’Agen, Layrac , Rieumes ou encore Villefranche et Gaillac en font partie.
RA: Pour conclure, es-tu à l’aise lorsqu’il s’agit de parler Français ?
TQ: Au Stade Montois, j’ai pris des cours pendant deux ans. Cela faisait partie de notre contrat. Il fallait montrer que l’on cherchait à s’intégrer dans la société et que notre capacité à interagir augmentait. Dans mon travail de coach sportif, à l’Ensenat Coaching de Balma (Toby a récemment obtenu son diplôme BPJEPS au CREPS de Toulouse), je côtoie aussi beaucoup de personnes avec qui je parle français tout au long de la journée, même si certains préfèrent que l’on parle Anglais pendant les séances. Mais pour répondre clairement à la question I am à l’aise oui !