Dans le cadre de notre rubrique Itinéraire Bis, dans laquelle nous mettons en lumière des joueurs étrangers jouant dans les compétitions de Fédérale, nous nous sommes arrêtés à Saint-Sulpice la Pointe (Fédérale 2), tout près de Lavaur, pour faire la connaissance d’Andres Ortiz. Le solide trois-quart centre (1,84 m, 100 kg), venu au ballon ovale par hasard, nous dévoile les diverses étapes de sa trajectoire rugbystique, depuis San José jusqu’aux bords du Tarn, sans oublier sa halte dans les Hautes-Pyrénées… (Par Marco Matabiau)
Rugby Amateur: Date et lieu de naissance?
Andres Ortiz: Je suis né à San José, au Costa Rica, le 13 avril 1992.
RA: Quand et comment as-tu commencé à jouer du rugby?
AO: J’ai débuté un peu par hasard. Évidemment, au Costa Rica, le sport roi est le football. Je l’ai d’ailleurs pratiqué. J’ai également fait de l’athlétisme, en me spécialisant dans le 400 mètres. En octobre 2013, alors que j’avais déjà 21 ans, un collègue de travail m’a emmené voir un match de préparation entre l’équipe nationale et le club de ma ville renforcé par d’autres joueurs. C’était un samedi soir. Le dimanche matin, je participais à mon premier entraînement avec le Universitarios Club de Rugby de San José. Cela m’a plu tout de suite: un sport dynamique, explosif, dans lequel on ne se fait aucun cadeau pendant 80 minutes et à la fin, tout le monde se retrouve autour d’un verre pour la troisième mi-temps.
RA: Cela a tellement bien marché que tu es devenu international…
AO: Oui. A ce jour, je compte 16 sélections avec le Costa Rica. En Amérique du Sud, il y a trois divisions, trois groupes. Au départ, nous évoluions dans les groupe C avec le Guatemala, le Panama et le Salvador. Puis, avec le Guatemala, nous avons accédé au groupe B, dans lequel nous avons retrouvé le Pérou et le Vénézuéla. A 7, on a également fait les qualifications pour les Jeux Olympiques. On a passé l’étape de l’Amérique Centrale et on s’est qualifiés pour la zone Caraïbes. Mais la marche était trop haute avec la Jamaïque, les Îles Caïman et le Mexique.
RA: Parle-nous de ton arrivée en France…
AO: Je recherchais un défi sportif, mais pas seulement. Je souhaitais aussi vivre une aventure humaine, découvrir un nouveau pays, une nouvelle culture. J’ai contacté des responsables du rugby costaricien début 2017. Ils m’ont aiguillé et ont fait le lien avec des clubs, et l’offre la plus concrète était celle de Rabastens de Bigorre, qui évoluait alors en Promotion Honneur du Comité Armagnac-Bigorre. Ensuite, tout s’est enchainé très vite: la première semaine de décembre, j’étais en tournoi avec la sélection et le 10 décembre, je partais pour l’Europe. Un changement de vie total. A Rabastens, j’ai retrouvé le coach Eric Baron, qui connaissait bien le Costa Rica pour y être venu en vacances en 2015. Lors de ma première année au club, nous avons été sacrés champions du Comité (les derniers de l’histoire d’ailleurs) et nous sommes montés en Honneur. La saison suivante, on est arrivés en 16è de finale du championnat de France, ne nous inclinant que d’un petit point (25- 26) face à l’Avenir Bleu et Blanc.
RA: Tu signes alors à Saint Sulpice la Pointe…
AO: Exactement. L’ami d’un collègue qui habite dans le Tarn m’a demandé si je serais intéressé pour évoluer dans ce club. Il m’a invité à une soirée partenaires notamment organisée par Vinovalie, un des sponsors du club. Je suis également allé voir le match de saison régulière à Gimont ainsi que le match de la montée en Fédérale 2, à Saint Sulpice cette fois, toujours contre Gimont. J’ai ensuite décidé de m’engager avec ce club. Tout s’est de suite bien passé, même si un joueur venant du Costa Rica est regardé un peu différemment d’un gars qui viendrait de pays où le rugby est plus implanté comme l’Argentine ou l’Afrique du Sud. J’ai commencé la saison en équipe réserve, puis je suis passé en première pour les 15 matchs suivants, étant titulaire à 12 reprises. Je me suis vraiment régalé puisque j’ai eu la chance de jouer avec des joueurs chevronnés et talentueux.
RA: Qu’est-ce qui différencie le rugby au Costa Rica et le rugby que tu joues en France ?
AO: Au Costa Rica, il est très rare d’être 40 ou 50 à l’entraînement, même en équipe nationale. Quand je suis arrivé à Rabastens, on était toujours très nombreux, ce qui nous permettait de bien travailler. Ensuite, la grande différence, c’est la structure de jeu, les lancements. Les joueurs sont beaucoup moins individualistes ici. Enfin, dans mon pays, beaucoup de joueurs ont du talent mais manquent d’expérience alors qu’ici, tu rencontres souvent des gars qui ont évolué plusieurs niveaux au-dessus, voire en professionnels.
RA: Côté rugby, tout va bien donc. Et la vie de tous les jours, hors des terrains?
AO: Je me sens très bien ici. Je me souviens que, quand j’étais encore à Rabastens, un village dans lequel tout le monde se connait, je croisais des gens qui remarquaient mon accent. Je leur expliquais alors qui j’étais, beaucoup me disaient qu’ils avaient entendu parler de moi par un ami ou un membre de la famille. Cela permettait d’engager la conversation. De manière générale, les personnes que l’on croise sont très sympathiques. Côté professionnel, après des études d’ingénieur, je travaille depuis 4 mois pour un sous-traitant d’Airbus. Enfin, comment ne pas parler de la nourriture. Au Costa Rica, qui est un petit pays (environ 5 millions d’habitants), la spécialité, c’est le gallo pinto: un mélange de riz blanc, d’oignons et de haricots. On le prend généralement au petit déjeuner avec de la charcuterie, de la viande ou des œufs. Ici, vous avez tellement de plats et de spécialités différentes selon les régions. Et je ne parle même pas des diverses qualités de fromage!!!