Petit « cad’dèb » dans notre rubrique « Itinéraire Bis ». Nous avons décidé de nous intéresser non pas à un joueur de Fédérale mais à une joueuse du Top 16 Féminin, l’Espagnole Amàlia Argudo Llobregat. A tout juste 20 ans, l’arrière du Stade Toulousain, nous a accordés un long entretien, de ses débuts dès le plus jeune âge, à sa première sélection avec l’équipe nationale, elle nous dévoile son parcours et fait part de ses ambitions… (par Marco Matabiau).
Rugby Amateur: Date et lieu de naissance?
Amàlia Argudo Llobregat: Je suis née le 24 janvier 2000 à Barcelone.
RA: Quand et comment as-tu commencé à jouer au rugby?
AAL: J’ai débuté à 4 ans. Mon père jouait soit centre soit ailier au FC Barcelone. J’allais aussi souvent voir jouer mes frères. Ils évoluaient à l’Unio Esportiva Santboiana (le club de Sant Boi de Llobregat, dans la province de Barcelone). Un jour, je suis allée les voir et, juste à côté, il y avait des très petits qui jouaient. J’ai décidé d’essayer. Et je n’ai jamais arrêté. J’ai toujours joué dans des équipes de garçons. J’ai donc joué jusqu’à mes 12 ans à l’UES, puis de 12 à 16 ans, j’ai joué au Rugby Sant Cugat, toujours dans la région de Barcelone.
RA: C’est à ce moment-là que tu es partie pour le Stade Toulousain?
AAL: Oui, à partir de 16 ans, les filles ne peuvent plus jouer avec les garçons. Pour ma part, j’étais ambitieuse et je voulais continuer à jouer, si possible à haut niveau. Avec Sant Cugat, nous avions déjà joué contre le Stade Toulousain lors d’un tournoi que nous organisions et pour lequel nous les avions invités (le FCTT avait également disputé ce tournoi). J’ai donc contacté les Rouge et Noir pour venir effectuer un stage pendant l’été. Ils étaient intéressés, m’ont demandé une vidéo. Et ils m’ont dit que c’était bon.
RA: Comment s’est passée cette arrivée justement?
AAL: Je suis venue deux semaines en août, puis je suis repartie quelques jours dans ma famille avant de revenir début septembre. Et là, toute ma vie a complètement changé. J’étais en 1ère scientifique au Lycée Bellevue. Au début c’était difficile car je ne parlais absolument pas Français. J’étais à l’internat au Lycée d’Auzeville. Pour ne rien arranger, je me suis rapidement blessée à la clavicule, j’ai été opérée. Ce n’était vraiment pas évident. La deuxième année, j’ai intégré le pole espoirs. Néanmoins, j’ai continué à me blesser régulièrement à l’épaule. Ce n’est que cette année que je suis tranquille de ce côté-là.
RA: Peux-tu nous parler de ta saison avec le Stade Toulousain?
AAL: Pour l’instant, tout se passe bien. Je joue à l’arrière. J’étais un peu inquiète en début de saison car seules deux joueuses étrangères sont autorisées sur la feuille de match. Jusqu’ici, j’ai du temps de jeu et cela me permet de progresser. Ce qui est bien au Stade Toulousain, étant donné que les filles ne sont pas professionnelles, c’est qu’ils nous aident à mener à bien notre double, voire triple projet. Ils font tout pour faciliter les choses afin que l’on puisse aller s’entraîner dans de bonnes conditions. Pour ma part, je suis étudiante en deuxième année de STAPS et animatrice en CLAE dans une école primaire.
RA: Le 16 octobre dernier, tu as joué avec la sélection espagnole face à l’Occitanie. Qu’as-tu ressenti ce jour-là?
AAL: Une immense fierté. Cela m’a bien sûr fait très plaisir. En plus, le match s’est déroulé devant un nombreux public à Ernest-Wallon, le stade dans lequel je joue tout au long de la saison. J’ai affronté des filles avec lesquelles je joue en club. Et puis c’était ma toute première sélection avec « Las Leonas » (« Les Lionnes »). Cela reste un très beau souvenir. Depuis, avec l’équipe nationale, nous avons récemment rencontré l’Écosse à Almeria (défaite 30 – 12). On n’a pas su poser notre jeu, on a subi. Le temps qu’on s’y mette, il était trop tard. On va prochainement jouer contre l’Angleterre B, en Angleterre cette fois. Cela va être un gros test. Le staff procède à une large revue d’effectif. On a un groupe d’environ 80 joueuses (dont certaines évoluent en France ou en Angleterre). Notre but est de nous qualifier pour la Coupe du Monde 2021 en Nouvelle-Zélande.
RA: De belles ambitions avec l’équipe nationale. Et avec le Stade Toulousain?
AAL: Le but est bien entendu de gagner le titre. Voilà deux ans que nous perdons en finale contre la très belle équipe de Montpellier. Il faut qu’on arrive à changer ça.