Côté terrain
Tes premiers pas sur un terrain de rugby ? Dans les champs, on faisait les foins avec toute la famille, oncles, cousins. Et après vraiment, au FCL, en cadet juniors avec tous les amis d’enfance. J’ai lâché le sport études tennis après avoir joué le tournoi des Petits As, pour les rejoindre et faire la fiesta.
Le rituel que tu as avant un match ? Les 3 C : café, clope, caca ! Sinon, des passes avec ballon lesté et sophrologie pour mentaliser les tactiques et actions
Ton joueur préféré ? Tous mes coéquipiers, mais Juan Hernandez, c’était la classe, une facilité hors normes, parfois à l’entraînement, on s’arrêtait et on le regardait jouer. Actuellement, c’est le jeune Antoine Dupont, qui est de chez moi soit dit en passant, je pense qu’il va s’installer pour un bon moment en équipe de France.
Ton club préféré ? Lourdes, le FCL XV, son histoire, ses joueurs, sa culture, sa philosophie de jeu, mes racines.
Ton premier souvenir de rugby à la télé ? Quand j’étais jeune, je suis tombé par hasard de bon matin à la tv sur un match France – Afrique du Sud, à la coupe du monde 95. J’étais fasciné par le combat, l’ambiance, l’engouement du peuple derrière son équipe, je suis resté scotché. Et aussi les matchs de mon oncle à Pontacq, des belles bagarres générales jusqu’aux tribunes avec les mamies et leurs parapluies. Une belle ambiance bouillante aussi, dans un autre genre.
Ton meilleur souvenir rugby comme joueur ? Les titres bien sûr, Champion de France et d’Europe avec Toulouse, puis le Brennus avec Paris, en espoirs aussi, et l’Armagnac Bigorre, avec les copains du cru. Mais il y a un match en particulier dont je me souviens, avec le Stade Français, à Agen. on finit à 13, on était au bord de la relégation, et on gagne. Après, on part en stage dans les Alpes, on fait la bringue tous les jours, on fait du ski comateux, on rigole, on resserre les liens quoi, et on gagne dix matchs d’affilée. Jusqu’au titre contre l’USAP, en 2014 ! Enorme !
Ton pire ? Je ne garde que les bons dans ma tête
Ton plus beau geste réussi sur un terrain ? Enchaînement coup de genou par dessus, chistera et essai d’un copain
Ton plus beau raté ? Coup de pied dans la boîte, mais du gauche, il est resté sur place à la verticale. Dans ce cas, le temps est long, très très long…
Le coach (ou dirigeant) qui t’a marqué ? Tous, je m’inspire de chacun à leur niveau. J’ai eu cette chance d’avoir de bons éducateurs au FCL, Fernandez, Tabarant Zouzou, etc… et de très bons entraîneurs, comme Novès, Mallet, Galthié, Landreau, Hyardet, Magne, Sonnes, Alain Elias, Delpoux, etc… Que du lourd !
Le meilleur conseil qu’on t’ait donné ? Oublie que t’as aucune chance, et fonce, sur un malentendu ça peut marcher (rires). Non, je dirai Fabien Galthié par son professionnalisme, sa précision tactique, stratégique et technique. Comme ancien 9, il m’a beaucoup fait réfléchir sur mon poste et sur tous ces versants.
Si le rugby n’existait pas, quel sport aurais-tu fait ? Tennis, judo, pala, boxe, crossfit…
Côté vestiaires
Que fais-tu la veille d’un match ? L’amour à ma femme ! L’influx nerveux, c’est des conneries je peux le dire maintenant. Et puis comme ça, je gagne des points pour faire la 3ème mi temps tranquille après !
Le(s) comique(s) de l’équipe ? Là, je peux citer une belle brochette : Rémy Martin, Julien Candelon, Raf Poulain, Chaloupe à Carca… Il y en a trop en fait !
Le plus fêtard ? Le trio De Villiers – Marconnet – Auradou, c’était du solide, les meilleurs. Tous les mardis soirs, ils bouffaient ensemble et se prenaient une énorme cuite, c’était leur rituel. Le mercredi matin, les discours de Bibi (Auradou) n’étaient pas toujours cohérents. Bon après, si je suis vraiment honnête, j’étais pas mal non plus aussi niveau bringue.
Le meilleur danseur ? Mike James ! Le mec fait 2 mètres, et te tombe un grand écart de folie. Le Travolta Caribou ! Et puis, Fabrice Landreau, le rappeur « Benebi » des alpes, un sketch !
Le plus gros mangeur ? Marconnet sans discussion, on l’appelait la paupiette qui fait de l’aérophagie
Le plus râleur ? Diego Dominguez et Domini, ex æquo
Le plus bagarreur ? Auradou et Roncero
Le plus fashion ? Missoup la class black, et Christian Labit, il se prend pour un jeunot !
Le plus ponctuel ? Diego Dominguez m’a impressionné par son volume de travail, jusqu’à la fin de sa carrière. A 40 ans, toujours le premier, un mental incroyable, à vouloir être toujours le premier, tout le temps. Il n’y a pas de hasard, le travail paye !
Celui qui ne l’est jamais ? Christian Labit, bon, en même temps, une partie de chasse ou de pêche, tu sais quand ça commence, mais jamais quand elle va finir
Celui que tu préfères avoir dans ton équipe qu’en face ? Là ausi, je vais citer une belle brochette de pépinos à éviter sur le terrain : Cudmore, Thion, Couzinet et Betsen. Ses mains traînaient partout, pour un 9 la galère, il faut chausser en permanence. Et puis Soulette aussi, car il voit rien, une taupe, alors il te défonce dans les rucks, que tu sois avec lui ou contre (rires)
Celui qui est vraiment au dessus ? Wilkinson et Hernandez, pour tout.
Celui qui est sponsorisé par Elastoplast ? Gonzalo Quesada : genou, épaule, poignet, la totale !
Celui qui finira coach ? Pierre Rabadan, le chidoshi des touches, la force tranquille, charisme humain, et intelligent. Il pige même le jeu des 3/4, ce qui est très rare pour un avant !
Celui qui fait peur sous la douche ? Vincent Forgues, à Brive… il sera content quand il verra l’interview, et il me dira merci Ganache.
Celui qui utilise un gel douche, un shampoing et un après-shampoing ? Franck Tournaire ! Les ripes longues soignés, le rebelle, le Lorenzo Lamas narbonnais, le biker fou, mais alors très très fou. Et Christophe Moni, mais lui dans l’impossible espoir de récupérer sa tignasse. Il me disait : « Regarde Ganache? j4étais beau gosse, mais j’ai donné ma gueule au rugby ! » Enorme.
Une anecdote mémorable ? J’ai fait une chasse aux trésors avec les roues de pneus de Fabien Rofes, remplies de feuilles mortes, juste avant de finir l’entraînement et de partir en vacances. Il m’a dit : « Ganache, je vais te crever ! ». Il y a aussi la fois où j’ai envoyé le numéro de mon meilleur pote sur le trombinoscope de Canal +, pour lui fêter son anniversaire. Il a du changer de numéro, tellement les gens l’ont harcelé. Et puis, il y a eu ce poisson d’avril, où j’avais demandé à toute ma famille et mes potes de venir me chercher à l’aéroport. Ils sont tous venus, certains ont quitté le boulot plus tôt, et se sont retrouvés à l’aéroport, sans moi donc. Du coup, ils ont fait l’apéro ensemble ! Et puis, il y a tout ce que je ne peux quand même pas raconté, ces soirées avec Max Guazzini, avec Patrick Sébastien
Un fou rire mémorable ? Cadeau pour les lecteurs et lectrices de RugbyAmateur, car pas grand monde ne connait l’histoire. Match contre Brive avec le Stade Français, hyper important pour qualification en phases finales. Bon, en amont, il faut savoir que j’avais cagué sur le paillasson de Pierre Rabadan et mis le feu ensuite. Mais j’avais grillé par la gardienne. Alors j’en reviens au match, j’étais remplaçant. Les mecs me pressaient pour aller m’échauffer, je comprenais pas, je mes suis dit que c’était bizarre, ils semblaient anormalement stressés. Mais bon, je me dépêche, je mets mes crampons et là, surprise ! J’avais de la merde danss mes crampons. Enorme fou rire, ils ont pleuré de rire pendant le discours de Bibi Auradou. Il m’a mis une calotte mémorable. Du coup, on a été dans les douches avec Pierre Rabadan, Rémy Martin, Raf Poulain, Benoit August, Jérôme Fillol, etc… Tous morts de rire forcément, on pleurait vraiment de rire, jusqu’à en avoir un fou rire en rentrant sur le terrain. Car ce qu’il faut savoir, c’est que je n’avais pas de chaussettes de rechange. Autant dire que j’ai joué avec des chaussettes bien parfumées !
La phrase préférée du coach ? Christian Labit : « On va se retrousser les coudes ! Un match de rugby, c’est 15 paires de belbes contre 15 paires de belbes ! » Magique ! Et je me souviens aussi d’un discours musclé d’avant match, pour préparer un match important. Et en plein milieu, d’un coup, il m’a regardé et dit : « Et Ganache, arrête de regarder les gonzesses dans les tribunes ! » Tout le vestiaire était mort de rire bien sûr.
La question qu’on ne t’a pas posée ?Tu aurais pu me demander si le rugby ne m’avait pas rendu encore plus barjot par exemple ?
Une conclusion ? « Grâce à cette interview, RugbyAmateur m’a permis de me remémorer des supers moments. Toute une carrière, de pitchoun à maintenant, qui est passée à 100 à l’heure. Les amitiés, les conneries, les fous rires, les anecdotes, les bringues, les titres, les blagues, les rencontres, rejaillissent. Je suis allé au rugby pour les copains, l’ambiance, la bringue. Je n’ai jamais oublié cette notion de plaisir, de partage, même quand c’était mon métier. Tu t’aperçois après coup de cette chance et ce bonheur d’avoir pu vivre et transpirer le rugby, d’avoir partagé cet amour de ce sport, cet amour entre coéquipiers, coachs, supporters, cette ambiance magique. Tous ces bons moments de partage sont inestimables, les voyages, les rencontres, les frissons, le stress, cette solidarité, cette adrénaline aussi. Je continue à le partager avec ma femme et ma jeune progéniture aujourd’hui. J’en profite ici pour dire un grand, un immense MERCI au rugby et au monde du rugby. Pour tout ce qu’il m a apporté tout au long de ma vie et ce qu’il m’apporte encore aujourd’hui, à tous les niveaux, en tant qu’homme, que père de famille et au niveau professionnel. Il m’a éduqué, formé, façonné, tout au long de ma vie. Quand on dit « le rugby, école de la vie », ça parait anodin, mais c’est tellement vrai. C’est ma réalité en tout cas, le rugby a été l’école de ma vie. J’ai même risqué ma vie pour cet amour de ce sport. Le rugby, et tout ce qui l’entoure, t’éduque et te forme à la vraie vie, te délivre des valeurs essentielles pour évoluer, progresser, ne jamais rien lâcher, bosser dur, pour soi, pour ton collègue, avoir le sens du travail du don de soi. Le rugby, c’est tout ça. Il m’a tout donné, je le répète, même ma femme ! »
Fiche d’identité
Né le 12 août 1981 à Tarbes
Profession : joueur de rugby… et maintenant Kiné
Parcours en club : Lourdes, Stade Toulousain, Stade Français, Narbonne, Brive, Marseille, Carcassonne, Limoges, St Julien, Hendaye, Bidart, Monaco, les Cow boys Maurice, Saint-Paul Réunion
Poste : demi de mêlée
Poids : 1.77
Taille : 92kg
Palmarès : Champion Armagnac Bigorre, Champion Espoirs, Coupe d’Europe avec Toulouse, Champion de France Top 14, 1/4 finale Hcup, Finaliste Top14 et Hcup avec Paris, sélection avec les Barbarians/Australie, et champion toutes catégories de… la 3ème mi-temps !
Les photos bonus
Revoir l’interview sur son AVC
Un grand merci à Greg pour sa confiance dans cette interview… très décalée !