Quand un correspondant de RugbyAmateur, aperçoit au loin un joueur qui tape des ballons en solitaire, entre les perches d’un terrain isolé, il n’hésite pas à faire un petit crochet, tendre son micro et prendre quelques photos pour immortaliser cette rencontre imprévue, quasiment du 3ème type… (interview et photos par Wildon)
Il est là, seul, à envoyer ses trois ballons dans toutes les directions du demi-terrain, puis venir taper ses pénalités là où ils se sont immobilisés. A gauche, au centre, à droite, le buteur tarn-et-garonnais botte encore et encore, avec succès, ou pas. Alors, il recommence. Un petit signe de la tête plus tard, il fait une pause, et répond à quelques questions à la volée. Assis, à l’ombre de la petite tribune du stade de Reyniès, entre soleil, ballons, perches et pâquerettes, à un drop du Tarn, Clément Le Marchand a interrompu sa séance d’entraînement pour parler de son quotidien de joueur amateur, sevré de ballon ovale. Et dans cette succession de dimanches vides de leur substance rugbystique, c’est dingue tout ce qu’on peut se dire quand il n’y a pourtant rien à écrire…
R.A : Clément, peux-tu te présenter en quelques mots ?
C.L.M : Je suis joueur du Reyniès Olympique Club, aux postes de trois-quarts, centre ou arrière, c’est selon. Auparavant, je jouais en juniors à l’US Montauban. J’ai rejoint Reyniès au début de la saison actuelle.
R.A. : Combien de matches as-tu joué, du coup, en cette saison justement si particulière ?
C.L.M : Aucun (sourire). J’ai rejoint le club fin octobre 2020 alors que le ROC avait joué deux matches seulement. Et puis, ensuite, il y a eu le second confinement puis l’annulation pure et simple de la saison. Voilà pourquoi je n’ai pas joué un seul match avec Reyniès.
R.A. : Je te vois venir sur le terrain au moins une fois par semaine. Tu répètes tes gammes face aux perches régulièrement donc ?
C.L.M. : C’est tout à fait ça. Je m’entraîne une à deux fois par semaine, histoire de rester dans le coup. C’est important pour les jambes et la tête aussi (sourire)
R.A. : Qu’est-ce qui te manque le plus actuellement ?
C.L.M. : Les entraînements collectifs, les jours de match, le jeu, le contact et puis… le public (en montrant la tribune vide). En fait, ce sont tous ces moments qui font nos dimanches : se retrouver le matin avec l’équipe, déjeuner ensemble, puis le match puis la troisième mi-temps avec un apéro tous ensemble devant un match de rugby à la télé…
R.A. : Tu évoques les jours de match, mais il n’y a plus d’entraînement également…
C.L.M : Oui, on pourrait ceci dit, mais ce serait des entrainements sans aucun contact. On viendrait juste pour courir. Il y a peu voire aucun intérêt dans ces conditions.
R.A. : Si ce n’est de vous retrouver entre joueurs peut-être. Vous arrivez quand même à vous voir ?
C.L.M : On essaie de se retrouver le week-end parce qu’en semaine, beaucoup bossent et avec le couvre-feu qui était à 18 heures, c’était compliqué. A 19 heures, c’est pareil. On ne peut pas faire plus de toute manière.
R.A. : D’un point de vue sportif, après une nouvelle saison déclarée blanche, seras-tu toujours joueur du ROC, vas-tu reprendre une licence ?
C.L.M. : Du fait de la saison blanche, ma licence est automatiquement valable pour la suivante. Et oui, je serai toujours un joueur de Reyniès. Et il me tarde de jouer mon premier match (sourires). Il me tarde vraiment qu’on se retrouve tous en fait, sur et autour d’un terrain ! C’est aussi pour ça qu’on joue, c’est ça le rugby amateur non ?