RugbyAmateur – Thiérache, destination nature par excellence, qui regroupe des terroirs vallonnées de France et de Belgique, entre le Nord, l’Aisne et les Ardennes, entre bocage et herbage. Thiérache, région éclatée et sauvage donc, propice à l’agriculture, et à l’élevage de vaches, de chèvres et de poules. Un univers qui se mélange parfaitement avec l’équipe de rugby locale, qui sans transition, aucune, a salué la fin de carrière de l’un des siens : un certain « Jauzion ». Une « der » qui ne s’est pas passée comme il aurait pu l’imaginer…
Benoit Jauquet est arrivé dans le petit club de Thiérache en 2007 : « J’avais déjà joué au lycée, j’avais envie d’essayer en club, et je connaissais quelques têtes dans ce club. J’ai bien aimé la convivialité, l’esprit d’équipe… et voilà, 16 ans après, j’y suis encore. Mais physiquement, ça devient compliqué, alors j’ai décidé d’arrêter cette année. »
Un physique qu’il a optimisé pleinement dès son arrivée au club. Le gaillard, délesté à l’époque d’une quarantaine de kilos (!), jouait alors au centre, et s’est fait un surnom plutôt flatteur, de par une certaine ressemblance avec Yannick Jauzion. Un peu plus tard, et quelques kilos en plus donc (dans les cuisses, les joues et un peu le ventre), le voici dans la cage : « J’ai commencé le rugby en 12 oui, mais j’ai fait la majorité de ma carrière en deuxième ligne. »
Le premier bouclier, le meilleur souvenir
A l’heure du bilan, les souvenirs refont surface : « Je suis fier d’avoir vécu cette aventure, en ayant connu le club en 4ème Série. On se déplaçait alors à 16 et on repartait souvent avec une valise bien pleine. Aujourd’hui on est 4ème de notre poule de Régionale 2, avec pour la première fois, une équipe réserve qui est alignée. Voir cette évolution et avoir été acteur de celle-ci, c’est une vraie fierté. »
Et puis comment ne pas évoquer les bouts de bois touchés successivement avec son club de coeur, sans une pointe d’émotion : « Je pars avec trois titres de champion territorial consécutif (2018, 2019, et 2022 après covid). Mais mon premier bouclier restera mon meilleur souvenir je pense. »
Dimanche, pour son dernier match sur son pré, l’heure était aux sourires et à l’hommage. Un t-shirt était porté par tous les joueurs pour cette occasion, qui ont fait une haie d’honneur au héros du jour.
Les éducateurs de l’école de rugby, Antonin et Jean-Paul, ont même endossé la panoplie de soigneurs sexy : « L’un est mon premier entraineur et l’autre mon premier soigneur, ce sont des légendes du club. ils sont venus me chercher en civière pendant le match. Pour la blague, j’ai fait semblant d’être blessé, pou leur permettre de rentrer me soigner, et me sortir du terrain sur un brancard. Sauf que mon fils de 5 ans s’est mis à pleurer car il croyait que j’étais vraiment blessé. Bon, je l’ai rassuré rapidement… ». Une sortie en grande pompe, sur le brancard, avant d’en être éjecté sans délicatesse aucune.
« Je voulais que ce dernier match à domicile se passe discrètement, mais… »
Oui, les sourires étaient de mise pour cette dernière. Ne manquait plus qu’à marquer un essai, et ce n’est pas faute d’avoir essayé : « La 3ème ligne m’a laissé jouer une mêlée à 5 mètres en 8, où j’ai fait quelques piges à l’occasion, mais je n’ai pas réussi à inscrire l’essai. » Cette dernière restera donc un joli souvenir, avec plein d’images en tête : « En fait, je voulais que ce dernier match à domicile se passe discrètement, mais mon ami Sullivan Lambret en avait décidé autrement. »
Et puis, comme un symbole, une invasion, imprévue et imprévisible, elle, a eu lieu. Plusieurs chèvres, qui gambadaient dans les champs voisins, se sont en effet invitées, spécialement pour l’occasion. Nulle métaphore pour autant, ni l’envie de faire de l’ombre au GOAT of the day.
Mais cette dernière péripétie a définitivement fait entrer Benoît dans le cercle très fermé des légendes du Rugby Club de Thiérache. Et sa « der » restera aussi insolite que mémorable…
Maintenant il faut réfléchir à l’après. Alors, quel avenir pour l’agriculteur éleveur de poules pondeuses et producteur de céréales ? « Je pense avoir un nouveau rôle dans le club, on va voir. » Et oui, comme on dit sur place : « la Thiérache, on s’y attache ! »