A un mois de la reprise du championnat, Michael Brachet, entraîneur des féminines de l’AS Pont Long, a préparé son groupe de manière originale mais méthodique, et visiblement efficace. plongée au coeur d’un weekend de cohésion, assez particulier… (par John Rambo, ©photos PYXL.Audiovisuel)
Le groupe a été divisé en 3 équipes distinctes, avec chacune des objectifs précis : « Dans un premier temps, il s’agissait d’apprendre à travailler ensemble dans un contexte autre que sur un terrain de rugby, et également pour les responsabiliser dans l’organisation du week-end de cohésion » nous glisse le coach béarnais.
Une équipe a eu en charge de préparer le menu, faire les courses, préparer la nourriture pour tout le weekend. Une deuxième, devait lister les besoins pour passer une nuit à l’extérieur et organiser la zone de bivouac. Enfin, la troisième devait cibler les zones pour manger, se laver et s’occuper de l’aspect convivialité. Chaque équipe devait en plus, préparer une activité à présenter durant la soirée.
Tout s’est bien mis en place, même si les filles se montraient aussi curieuses qu’inquiètes à l’idée de ne rien savoir du programme qui les attendait le samedi après-midi. Le vendredi soir, juste avant le début du fameux weekend d’intégration, le coach remet à chaque fille un treillis qu’elles devront obligatoirement porter pour une activité… militaire. Il en profite pour annoncer la composition de deux groupes en mélangeant avants, ¾, nouvelles et anciennes du club.
La cohésion, le nerf de la guerre
Le samedi matin arrive enfin, réservé aux préparatifs, avant de visionner un petit reportage sur « le jeu debout » et de basculer en mode auberge espagnole, avec les conjoints et les parents, pour faire connaissance avec tout le monde. 13H00, il est l’heure pour les joueuses d’aller se changer. Une séance habillage et de… maquillage. Ou plutôt de « camouflage », avant de se rendre sur la zone d’activité à 14 heures 00, face à un encadrement militaire, de Pau, pas là pour plaisanter.
Les Béarnaises se sont ainsi présentées de manière règlementaire, au garde à vous, et dans un silence complet. « Je pouvais lire une certaine inquiétude à travers leurs regards. C’était facile tellement elles avaient mis du camouflage sur leurs visages » se moque gentiment Michael Brachet. La peur de l’inconnue se mélangeait évidemment avec une solidarité collective instinctive renforcée pour l’affronter plus sereinement.
Et tant mieux, car les instructeurs annoncent qu’elles ont été sélectionnées pour remplir une mission plutôt périlleuse, où il faudra traverser une zone hostile afin de rejoindre un groupe de militaires en attente d’assistance. Les ennemis ? Une végétation dense et la présence de personnes potentiellement « nuisibles ».
Avant de partir en mission, les joueuses doivent suivre une préparation militaire stricte, orientée sur des techniques de combat, et au tir. Indispensable pour mener à bien leur mission en totale autonomie.:
- Echauffement général avec des petits exercices types abdos collectifs, rampés, déplacements de petites charges d’un point à un autre le plus rapidement possible, etc….
- Parcours de tir au pistolet « laser » en binôme sur des cibles. Epreuve qui demande de la coordination et de la communication, sans précipitation, car il faut impérativement toucher la cible avant de passer à l’autre
- Combat au poing et au pied avec gants de boxe et sac de frappe (toujours en binôme) pour travailler l’agressivité et le contrôle de soi, tout en respectant les consignes de l’instructeur, malgré la fatigue.
Machines de guerre !
Vient le moment de distribuer les armes (fictives bien sûr) à se répartir par groupe, des vivres et un sac avec du matériel (cordes, mousquetons, scie, etc….). Tout un nécessaire pour partir en mission, avant de grimper dans le camion pour un rendez-vous en terre inconnue.
Après quelques minutes de roulage, le camion s’arrête brusquement suite à une grosse détonation, suivi d’un écran de fumée. Les filles, surprises, sortent rapidement, chaque groupe se trouve confronté à la gestion d’un blessé (simulé par un sac de plaquage) et à la confection d’un brancard de fortune avec deux bambous et des vestes de treillis.
Les idées sont parfois pour le moins étonnantes, mais les deux groupes arrivent à installer confortablement les sacs de plaquage sur leur brancard qu’elles vont transporter durant toute la mission. Après la traversée d’un ruisseau d’eau froide, des cibles apparaissent à l’ombre de certains arbres, mais à chaque fois décelées par les filles et détruites par des petits « pan, pan, pan, je l’ai eue ! »
Mission réussie !
Les treillis mouillés, comme les godasses, se présente alors un obstacle qui provoque le silence général : une buse de 20 mètres de long, dans laquelle s’écoule le ruisseau. Autrement dit, notamment par les filles : « C’est quoi ce tunnel, tout noir, avec des araignées dedans ? » Les phobies des unes mélangées aux craintes des autres, ont été surmontées avec brio. Tout comme de franchir ce mur de 2 mètres de haut, sans prises, obligeant l’entraide et la réflexion sur l’ordre de passage, en fonction des gabarits.
« Elles sont passées comme des couleuvres, rapidement et sans bruit » sourit le coach, qui poursuit : « Le dernier obstacle est celui qui nous a fait le plus rire mais qui a demandé une vraie organisation d’équipe. Il fallait franchir une rivière sans toucher l’eau, avec l’aide de deux câbles métalliques suspendus à deux mètres de haut : deux manilles, une balançoire et une corde. Le franchissement était parfois très acrobatique, avec certaines idées improbables mais à l’exception d’une fille, en mode super-girl, toutes sont passées sans mettre un pied dans l’eau. »
Le travail d’équipe et de communication a porté ses fruits. L’occasion d’immortaliser cet instant les pieds dans l’eau… puis le reste du corps, pour montrer qu’elles n’ont pas eu froid aux yeux, à défaut des pieds donc.
« Nous avons pu mettre en avant certaines valeurs communes entre le rugby et l’armée : le dépassement de soi, l’esprit d’équipe, la combativité, la cohésion dans l’effort et la réflexion. Nous avons poursuivi la soirée en respectant l’organisation des filles, et nous avons bien ri grâce aux activités organisées par chaque équipe. »
La légende dit que tout le monde a bien chanté jusque tard dans la nuit. La cohésion du groupe s’est visiblement bien renforcée grâce à ce stage commando particulier. Pour leur entrée en lice dans leur championnat, les féminines de l’AS Pont Long se sont imposées 49 à 5.
Ce weekend, elles se déplacent à Bénéjacq pour le compte de la deuxième journée. L’occasion de vérifier qu’elles sont bien armées pour défendre les couleurs vertes et noires, loin de leur base…
Merci à Léonie et Michael pour leur participation