Beaucoup auraient pu qualifier cette rencontre de « match à douze points » car l’enjeu était de taille. Alors que pointe la fin imminente de la phase régulière, et si certains regardent ostensiblement vers le haut et la qualification, d’autres, à l’image des Toulousains et des Moissagais regardent vers le bas. Moissac lutte pour son maintien mais sans avoir nécessairement son destin entre ses mains quand le TUC voit clairement dans le rétroviseur les affres de la relégation mais en possédant une carte « joker » dans sa manche, soit deux matches en retard (dont un chez la lanterne rouge, Lisle sur Tarn). Restait donc à savoir si le jeu serait à la hauteur des enjeux de l’affiche… (résumé et photos par Wildon)
Certes, il y a bien eu le vent fort, glacial, qui rougit les joues et les cuisses, sans parler d’un terrain qui a fait bonne figure mais tout en restant glissant, ce qui aura un impact certain sur les appuis des uns et des autres.
Comme prévu, les Toulousains se montrent entreprenants, conformément au fait de jouer chez eux et d’être les plus menacés au classement général. Les hommes du coach Nicolas Alègre envoient donc les premières offensives en terre moissagaise mais vont rapidement faire preuve de manque de réalisme en vendangeant les occasions quand elles se présentent. Non seulement leurs offensives à la main n’amènent rien, mais leur artificier en chef, Rioualen, rate les perches deux fois en trois tentatives (5e et 40e). Son homologue tarn-et-garonnais, Montaubric, ne fait pas mieux, sur sa seule et unique tentative de la première période (9e).
Moissac oppose une farouche résistance, rendant coup pour coup et ratant même de très peu de marquer un essai par Duchayne juste avant la mi-temps. Malheureusement, un crampon de sa chaussure vient empiéter sur les plates-bandes de l’arbitre de touche : essai refusé (33e). Au milieu de ce florilège d’occasions ratées en actes manqués, Rioualen parviendra cependant à passer une pénalité (18e, 3-0), donnant un maigre avantage aux Toulousains à l’heure des oranges.
L’entame de la seconde période repart sur la même base que la première : le TUC est entreprenant mais stérile et Rioualen manque une nouvelle pénalité (47e). Malgré les évidentes bonnes volontés des uns et des autres, le jeu s’enferme dans une rencontre ennuyeuse, aux actions « téléphonées », sans aucune imagination tactique. Le combat au milieu de terrain donnant l’impression d’affrontements de bouquetins, têtes contre têtes, pour la conquête du territoire des autres. On envoie systématiquement les « gros » au combat, coups de boutoirs stériles, gratteurs de ballons finalement grattés, fracassée des côtelettes et d’épaules sans saveur, vrac de chevilles et poulets ailiers sans ailes. En un mot comme en dix, on s’ennuie ferme comme devant un 0-0 tout moisi d’un match joué par les « pingouins » du football…
Et puis, tout doucement, imperceptiblement, la gniaque moissagaise prend l’ascendant sur le réalisme en berne des Toulousains. Ce qui commence à faire pencher la balance grâce, notamment, au « petit Montau» qui passe coup sur coup deux pénalités (56e et 67e, 3-6) mais donne aussi de l’air à ses coéquipiers sous la pression toulousaine par quelques coups de pied inspirés. Sept minutes d’arrêt de jeu supplémentaires n’apporteront aucun suspense « insoutenable » à la fin de cette rencontre si ce n’est la joie légitime des joueurs de Moissac mais aussi la frustration de Toulousains plus que jamais relégables…
Réactions
Nicolas Alègre, co-entraîneur du Toulouse UC :
RA : Vous avez subi une courte défaite, sur un score étriqué, avec de nombreuses occasions ratées. Qu’a-t-il manqué finalement ?
NA : Disons que sur certaines actions, on a été emprunté et on n’a pas assez mis de vitesse, il y avait le vent aussi… c’est dommage. Mais il y avait aussi une très grosse défense en face.
RA : On a eu aussi la vision d’un jeu sans imagination…
NA : Oui, on a clairement manqué d’inspiration. Eux sont venus avec une grosse envie, ils nous ont contrés en défense avec beaucoup de vaillance. Au niveau des rucks, ils ont su nous ralentir et ils ont su annihiler toutes nos plus belles actions. De fait, nous avons eu beaucoup de mal à développer notre jeu et à mettre de la vitesse quand il l’aurait fallu. Ils nous ont bloqués et nous avons joué arrêtés…
Philippe Cousin, co-entraîneur de Moissac :
RA : C’est une courte victoire mais très importante pour vous. Que peut-on en retenir au final ?
PC : Malgré le vent violent, je retiens qu’il y a eu deux équipes qui ont essayé de jouer. Nous avions insisté auprès des joueurs sur la défense et on a réussi à tenir même si cela a été compliqué tout au long de la rencontre. Les Toulousains luttent aussi pour ne pas descendre.
RA : C’est une victoire du cœur et des tripes ou celle du réalisme ?
PC : C’est une victoire du cœur et du collectif. Nous avons beaucoup de blessés et nous en avons eu encore d’autres pendant ce match, sans oublier les suspendus. C’est la victoire des tripes et de garçons qui ont su « se sortir le doigt », comme on dit, pour le club et le maillot. Nous devions gagner pour nous maintenir On l’a fait et même si on n’est pas encore officiellement maintenu, cette victoire fait du bien au moral, pour les garçons et le staff…
LA FEUILLE DE MATCH
A Toulouse (Stade Alain Coulon) – Toulouse UC – Moissac 3-6 (Mi-temps : 3-0)
Arbitre : Mr Nirascou
Pour Toulouse UC : 1 pénalité de Rioualen (9)
Pour Moissac : 2 pénalités de Montaubric (56, 67)
Toulouse UC : Ducros, Wolff, Moreau, Chauvain, Rechal, Beauvillain, Rey, Bonhoure (cap), Dionnet, Montaubric, Tognan, Le Tallec, Dahan, Jilcot, Dupont – Remplaçants : Pasquier, Dorval, Delrieu, Bidondo, Rivas, Gregot, Bordes
Moissac : Kouati, Reche, Chazarenc, Patusso, Tullier, Combrié, Robinet, Cousin, Delpeyrou, Gros, Coudol, Lather, Rioualen, Duchayne, Roussy – Remplaçants : Avello, Magne, Julien Boble, Ballestrero, Chazelas, Gaydier