Quand on est amateur de rugby, il est des noms qui résonnent et qui comptent plus que d’autres. Pour ce huitième de finale de championnat de France Honneur, deux d’entre eux se retrouvaient hier sur la pelouse toulousaine de George-Aybram. D’un côté, le Rugby Club Auch, né des cendres du FCAG au terme de l’exercice 2016/ 2017 (après rétrogradation administrative), s’était qualifié aux forceps (9-6) face aux Vauclusiens de Valréas. De l’autre, le Saint-Girons Sporting Club, champion Midi-Pyrénées après avoir survolé tant la saison régulière que les phases finales, enchaînant deux matchs à plus de 60 points face aux Languedociens de Bédarrieux et à Monaco. Inutile donc de préciser que ce choc de poids lourds était attendu dans chacun des deux camps avec la plus grande impatience, et par un public massivement présent… (par Marco Matabiau/ Photos Pascal Villalba).
Les retardataires se sont sans doute mordus les doigts ce dimanche. En effet, l’ouvreur auscitain Vienes (habituellement arrière mais replacé en 10 pour palier aux absences de Gassiot, blessé, et Labric, tout fraîchement marié) réceptionnait le coup d’envoi et souhaitait dégager son camp, mais il se faisait contrer par Bonzom. Le véloce ailier ariégeois ne s’arrêtait pas en si bon chemin et plongeait en-but pour donner l’avantage aux siens, Lazerges transformait (7-0, 1ère). Loin d’être abattus, les Gersois entraient peu à peu dans la partie et optaient le plus souvent pour des pénal touches au lieu de prendre les points. Après plusieurs tentatives infructueuses, Vienes tentait finalement la pénalité et convertissait des 25 mètres en face (7-3, 10è). Saint-Girons répliquait, conservant le ballon et proposant de belles séquences, mais Lazerges ratait la cible à deux reprises (17è, 20è).
Peu après, Auch se retrouvait en infériorité numérique, le centre Sourrouille (un des rares rescapés de l’équipe de Fédérale 1, passé notamment par Mont de Marsan et Blagnac) écopant d’un carton jaune pour un plaquage à l’épaule sur l’ouvreur couserannais Digregorio (23è). Lazerges manquait la pénalité concédée. Les Auscitains se retrouvaient même quelques instants à 13, le troisième ligne Soufflet recevant un carton blanc pour avoir écroulé un maul saint-gironnais prometteur (30è). Dans la foulée, c’était au tour du pilier ariégeois Rietbroek de se voir attribuer une « biscotte » pour un raffut un peu trop appuyé sur la glotte de son homologue Janlin (35è). Juste avant la pause, Auch manquait une belle occasion de prendre l’avantage, les lignes arrières négociant très moyennement un trois contre un côté droit. Saint-Girons concédait néanmoins une pénalité que Vienes transformait (7-6, 39ème). La pause était atteinte sur ce score.
Lazerges en filou, Auch jusqu’au bout…
Le match reprenait sur un faux rythme. La première banderille du second acte était à mettre à l’actif des Ariégeois: côté gauche, Lazerges redoublait son centre Dariaux puis allongeait sur Digrégorio. Le ballon échouait à Bonzom qui gratifiait le très nombreux public d’un beau numéro. Il poussait au pied mais les Auscitains faisaient bonne garde et l’arrière Sourrouille dégageait en touche. Sur celle-ci, Saint-Girons organisait un maul porté et Lazerges, voyant le petit côté dégarni, s’échappait pour inscrire le deuxième essai des siens (14 – 6, 46è). On pensait les Gersois K.O debout. Il n’en était rien. Ils réinvestissaient le camp de leurs adversaires, pilonnaient au ras et obtenaient une pénalité. Elle était rapidement jouée et Dallecarbonare, ballon bien calé sous le bras gauche, prenait l’intervalle et scorait en bonne position (14-11, 49ème). Saint-Girons reprenait ensuite un peu d’avance sur une pénalité de Lazerges suite à un hors-jeu de la ligne de défense adverse (17-11, 54ème).
Auch décidait alors de jouer son va-tout et de faire entrer l’expérimenté Bosque (40 printemps), entraîneur des lignes arrières. Il apportait un peu de dynamisme tout en utilisant son pied gauche à bon escient. Les rouge et blanc obtenaient une pénalité et optaient encore une fois pour la pénal touche. A peine retombé au sol après sa prise, Soufflet s’échappait et était repris aux chevilles à quelques encablures de la ligne. Les deux équipes se rendaient coup pour coup, mais les imprécisions étaient préjudiciables aux Gersois. Saint-Girons s’arc-boutait en défense et tenait bon.
Lazerges avait l’occasion de mettre son équipe à l’abri, mais il ratait trois nouveaux points (76ème). Dans les ultimes instants, Auch faisait le siège de la ligne ariégeoise mais perdait le cuir. Le contre s’organisait, l’arrière Zorzi héritait du ballon et s’échappait sur près de 50 mètres avant de poursuivre au pied et de trouver une touche dans les dix mètres adverses. Dans les arrêts de jeu, les Gersois revenaient dans les 22 saint-gironnais mais rien n’y ferait. Le dernier mot revenait ainsi aux champions Midi-Pyrénées.
Dans un match où les deux équipes se sont livrées sans compter, ce sont bel et bien les petits détails qui ont fait la différence. Le RCA a tout donné et, malgré les nombreuses absences, a tenu la dragée haute à son adversaire du jour. Après une entame des plus délicates (un essai encaissé au bout de douze secondes), les hommes de Grégory Menkarska et Patrick Bosque ont montré de belles aptitudes même s’ils se sont souvent fracassé sur la redoutable défense ariégeoise. Les deux cartons reçus (un jaune, un blanc) n’ont rien arrangé à l’affaire. Les troisième lignes Dallecarbonare et Soufflet ont fait preuve d’un beau volume de jeu et l’arrière Sourrouille a fait étalage de ses qualités de vitesse. Les Gersois sont peut-être déçus au terme de cette rencontre mais peuvent tout de même constater l’excellent parcours effectué cette saison après être repartis de zéro.
Pour leur part, les Saint-Gironnais ont encore une fois démontré qu’ils sont une équipe difficile à manoeuvrer et que, face à eux, la moindre erreur se paye cash. Ils ont certes inscrit deux essais à zéro passe (un contre, une échappée solitaire) mais ont proposé, par séquences, un jeu varié fait de volume et d’alternance. L’attaquant le plus dangereux a très certainement été l’ailier Bonzom. Il a mis son équipe sur les rails avec son essai initial et a fait peser le danger sur la défense auscitaine à chaque fois qu’il touchait le ballon. Le troisième ligne Maurette et l’arrière Zorzi ont constamment cherché à mettre les leurs dans l’avancée. Enfin, comment ne pas citer Lazerges qui, malgré ses soucis dans les tirs au but, a superbement orienté le jeu de son équipe, se fendant même d’un véritable essai de numéro 9. Les joueurs de Benoit Tessarotto et Lionel Heymans vont pouvoir souffler une petite semaine avant de préparer leur quart de finale face aux Ardéchois du Rugby Club Teillois, vainqueurs à l’arrachée des Varois de Draguignan (19-18).
Réactions
Lionel Heymans (Entraîneur, Saint-Girons): « On a trop respecté Auch. En première période, on n’a pas joué, on a été empruntés, fébriles. On était tendus et crispés. On a fait beaucoup de fautes de mains. Après, on voit qu’on a un groupe entier, de caractère. Les mecs qui entrent à la mi-temps nous font du bien. C’est le banc qui nous gagne le match aujourd’hui. On a un groupe de 26. Aujourd’hui, on en laisse deux sur le bord qui ne méritent absolument pas d’y rester. C’est comme ça chaque dimanche. Il faut faire des choix, ce qui est toujours difficile pour nous entraîneurs. Ce match symbolise ce qu’on est vraiment: quand certains ont du mal, d’autres reprennent le relais et font le boulot. »
Grégory Menkarska (Entraîneur, Auch): « Beaucoup de frustration. On les avait vus jouer. On savait ce qui nous attendait. Une bonne équipe qui mérite amplement sa qualification. Néanmoins, on leur donne trop de points. Cela devient ensuite compliqué, dans la débauche d’énergie, de revenir au score. On avait beaucoup de blessés, on a tout de même fait du bon boulot. Notre objectif était la Fédérale 3. Il est atteint. Pourtant, je suis déçu pour les joueurs. On a tout reconstruit pour en arriver là, et se faire sortir en huitièmes sur un coup du sort, un contre, un maul où on laisse le côté fermé dégarni, c’est frustrant parce que derrière, il y a huit mois de boulot (…) Je me demande si l’essai qu’on encaisse d’entrée ne nous réveille pas parce qu’à 7 – 6, ils n’étaient pas si sereins que ça. On avait dit que ça se jouerait sur des détails, comme la plupart des matchs de phases finales. Cela a été le cas aujourd’hui. »
Guillaume Lazerges (Demi de mêlée et capitaine, Saint-Girons): « On est très fiers d’avoir gagné. On avait une très belle équipe en face. Auch nous a proposé beaucoup de jeu. En début de partie, on a eu un peu de mal à s’y mettre. Certes, on marque d’entrée mais c’est anecdotique. On a fait un match à l’image de ce que l’on est. On ne lâche jamais rien, on met le coeur, on défend très bien. L’envie d’aller plus loin, de faire toujours mieux, ça transforme les joueurs. Aujourd’hui, notre banc nous fait énormément de bien. On va profiter du weekend de repos, puis on va continuer à travailler en vue du quart de finale.J’espère qu’on se lâchera plus rapidement. Jusqu’à la fin, on n’a que six points d’avance. On n’a pas fait le meilleur match de notre saison, mais on a gagné. »
Aurélien Sourrouille (Trois-quart centre, Auch): « On savait que ce match allait se jouer sur des détails. On savait que l’on rencontrait une très belle équipe. D’entrée, on prend 7 points gratuits au bout de dix secondes. En deuxième période, leur demi de mêlée se fait une valise dans le fermé. Ces 14 points nous coûtent donc très cher. On était au niveau. Eux ont été réalistes, nous un peu moins. Félicitations à eux (…) On a vu qu’ils étaient à la fois costauds et mobiles. On a voulu les bouger, les jouer sur les extérieurs et les faire courir. Ils ont répondu présents dans tous ces compartiments du jeu. On a tout de même réussi à tenir le ballon, on a fait des choses intéressantes. Aujourd’hui, ça leur a souri à eux. »
Vincent Bonzom (Président, Saint-Girons): « Bon match de rugby. Deux belles équipes. Deux grosses cultures: la culture du Gers, les Gascons, et la culture du Couzerans, Saint Girons. Quand le rugby rural se rencontre, avec des clubs de régions cousines, ça donne de belles affiches avec un stade plein. On a été un peu fébriles, mais je pense qu’on a globalement maîtrisé le match. Auch nous a donné du fil à retordre. On a laissé pas mal de points en route, ce qui nous a mis en difficulté par moments. Notre défense a été de fer (…) La culture saint gironnaise, c’est le combat et la défense. Tant qu’on avance sur la défense et qu’on culbute les adversaires, on ne souffre pas. Le jour où une équipe nous prendra là-dessus, ce sera plus compliqué. »
Feuille de match
A Toulouse (Stade George-Aybram): Saint-Girons Sporting Club bat Rugby Club Auch 17 à 11 (mi-temps: 7 à 6).
Arbitrage: M. Frédéric Vergnaud (Comité Côte d’Argent).
Pour Saint Girons: 2 essais Bonzom (1è), Lazerges (46è), 1 pénalité (54è) et 2 transformations Lazerges.
Pour Auch: 1 essai Dallecarbonare (49è), 2 pénalités Vienes (10è, 39è).
Cartons blancs: à Auch, Soufflet (30è).
Cartons jaunes: à Saint Girons, Rietbroek (35è); à Auch, Sourrouille A. (23è).
Composition Saint Girons: Zorzi; Bonzom, Durrieu, Dariaux, Duba; Digregorio (o), Lazerges (m, cap); Maurette, Desbiaux, Pons; Pujol, Jaen; Rietbroek, Pons, Estaque.
Sur le banc: Inamps, Barbaste, Soum, Rietbroek, Roudière, Caubère, Bocchese.
Entraîneurs: Benoit Tessarotto et Lionel Heymans.
Composition Auch: Sourrouille G.; Duluc, Sourrouille A., Senac, Roure; Vienes (o), Monlor (m); Clauzade, Soufflet, Dallecarbonare; Revishvili, Bosque A.; Janlin, Peotta, Candelon (cap).
Sur le banc: Boué, Bimako, Maillart, Peffau, Garrigos, Lemoine, Bosque P.
Entraîneurs: Grégory Menkarska et Patrick Bosque.
Pour être honnête (et supporter st gironnais), il y avait quelques imbéciles (l’excès de bière ne fait pas tout) pseudo-supporters vert et noir qui ont passé leur temps à insulter arbitres et joueurs adverses et n’ont pas fait honneur à « leur » club. Vraiment désolé pour ces propos. Sinon, super ambiance autour du terrain du Toec, et bel engagement sur le terrain.
A noter toutefois qu’Auch a pu rester dans le match, notamment, grâce à l’imprécision du jour de l’artilleur couserannais qui manque 12 pts au pied dont, à mon sens , 9 de réalisable…
A souligner la foule massivedes deux clubs et le très bon esprit qui a pu régner autour du terrain…..
Un bon résumé… de notre résumé donc 🙂 merci Bibi
Sauf des incontournables supporters vert et noir insultant l ‘ arbitre on les refait pas ceux là
Quel manque de respect et quel dénigrement dans les termes ! Les « incontournables » et les « ceux-là » sont d’une prétention incroyable
Vous avez une belle équipe à Auch
Vous avez perdu le matche sur le terrain et dans les tribunes, ne vous en déplaise Mr JO MASSO et vos réflexions acerbes de mauvais perdant n’engagent que vous..heureusement.