Dimanche 11 juin restera, pour les amoureux de l’ovale en pays Saint-Affricain, une date historique. Ils l’avaient bien compris en se déplaçant en nombre à Moissac, avec pas moins de 5 bus de supporters affrétés par le club et de nombreuses voitures qui avaient également suivi ce cortège « jaune et bleu ». Les joueurs de la villotte étaient opposés à des Gujanais au palmarès impressionnant, champions de France 2016, champions de la Côte d’Argent 2017 et invaincus depuis deux ans… (par LCaylus)
En pénétrant sur le terrain, les hommes de Capelle et Sainz ne pouvaient que constater que les tribunes étaient à forte coloration jaune et bleu et que le stade leur était tout acquis pour réaliser l’exploit. Dès l’entame de match les Aveyronnais se montrent fébriles et sont sanctionnés d’une pénalité pour une conservation du ballon au sol. Les Gujanais tapent et trouvent une touche dans les 30m. Sur le lancer, ils écartent rapidement et envoient leur centre au mastic, mais ce dernier se heurte à une rugueuse défense qui lui fait perdre le contrôle du ballon. Les Aveyronnais sont dans le match, ils semblent plus en jambes que leurs vis-à-vis, et exercent un pressing tout terrain qui perturbe les Girondins. A la 6ème , les jaunards accentuent leur pressing qui oblige les Blanc et Noir à dégager en catastrophe dans leurs 10 m. Sur le lancer, le maul St Affricain s’organise bien, mettant à mal la défense adverse qui est sanctionné d’une pénalité. Marty s’avance et expédie le ballon entre les perches pour ouvrir le score (3-0)
Sur la remise, le buteur maritime à l’occasion d’égaliser sur à une faute, mais rate la cible. Ce n’est que partie remise car les « Barbots » mettent la pression à leur tour et sont récompensés de leurs efforts par une pénalité à la 14ème qui est convertie (3-3)
Les coéquipiers de Thiers repartent à l’abordage du navire Gujanais qui donne des signes de tangage, et se met à la faute. Mais au lieu de tenter la pénalité des 30m face aux poteaux, les joueurs du RCSA se précipitent pour jouer à la main et perdent le contrôle de la balle. Comment souvent en pareille occasion, l’adversaire en profite : faute de Saint-Affrique, suivi d’un carton jaune et trois points de plus dans l’escarcelle girondine (3-6). Après une nouvelle pénalité, ratée cette fois du buteur gujanais des 50m, les St Affricains sentent le danger et se remettent à jouer. A la 29ème, ils héritent d’un lancer en touche à 22m de l’en-but. Le ballon est capté et disparaît dans le maul. Les gros avancent doucement et sont stoppés une première fois sur les 10m. Le groupé pivote et continue son irrésistible progression vers la terre promise. Essai ! Marty irréprochable de précision, transforme (10-6) avant d’expédier le ballon entre les pagelles des 50m peu avant la pause. De 3-6, le score est passé à 13-6.
Une fin de match irrespirable…
Dès la reprise les Gujanais remettent la pression et obtiennent une pénalité, convertie par leur buteur (13-9). Sur le renvoi, comme bien souvent cette saison, la réception est manquée et une mêlée est accordée aux Noir et Blanc. L’arbitre sanctionne la maise ne place et offre une pénalité à Gujan, qui passe (13-12). Les hommes du bassin se sentent fort et à la 54ème décident de jouer une pénal touche au lieu de tenter les points. Le bloc de contre jaune et bleu monte et confisque le cuir pour le plus grand soulagement des supporters qui hurlent leurs encouragements. Sur la récupération les avants enchaînent en passe courte mais l’arbitre les sanctionne. Cette fois le buteur tente les points et rate sa cible. Le public sent le danger roder et se met à l’unisson de ses joueurs pour repousser les vagues Gujanaises.
A la 67ème, Marty tente et réussit une pénalité qui redonne un peu d’air à ses camardes (16-12). Ses coéquipiers se montrent un peu plus tranchants défensivement et annihilent les velléités offensives des Girondins. A la 70ème, ces derniers décident de jouer une pénalité en touche dans les 22m, mais leur lancer n’est pas droit, mêlée à suivre. Au lieu de dégager au pied les jaunards tentent une relance qui met le feu à la pelouse. La défense adverse est à la faute, pénalité aux 50m. Les St Affricains tapent en touche…mais le ballon sort en touche d’en but, offrant une mêlée aux 50m à leurs adversaires qui n’en demandaient pas tant. Sur le lancement de jeu, l’arbitre inflige en plus un carton jaune à un aveyronnais. Les Gujanais annexent les 22m pour un lancer en touche. Ils prennent le ballon en l’air, progressent avec leurs avants jusqu’aux dix mètres, mais sans trouver la faille. Mêlée à suivre, mais cette dernière ne donnera rien.
A la 79ème nouvelle pénalité à 15m face aux poteaux, les Girondins choisissent la mêlée. Le ballon gicle vers les trois quarts, ça tamponne dur, et Saint-Affrique récupère le cuir. On se dit qu’on ne le reverra plus jusqu’à la sirène. Mais les Aveyronnais se précipitent pour dégager et la touche n’est pas trouvée ! Nouvelle et dernière munition pour un adversaire qui donne tout. Sur la relance, Saint Aff se met à la faute et reçoit un carton jaune. Le peuple St Affricain ne veut pas connaitre les affres d’une nouvelle défaite et met le feu aux tribunes redonnant par la même un peu plus d’énergie et de hargne à ses joueurs. Les Gujanais jouent la touche à 5m… mais les Aveyronnais gagnent le ballon et parviennent à se dégager… un petit peu. On joue la 82ème Gujan tente une énième relance, les St Affricains sont à la faute, encore, pénalité, encore et mêlée choisie, encore.
Le ballon ne s’attarde pas dans les pieds de la troisième ligne et sort vers les trois quarts qui tentent de jouer dans les intervalles. Chaque St Affricain se dévoue pour son copain et l’attaque est stoppée. Le jeu rebondit, Gujan relance à nouveau mais les barbelés sont sortis. Les Jaunes parviennent même à faire reculer l’adversaire, et à lui arracher le ballon, pour le dégager en touche. Le signe indien est vaincu l’arbitre siffle la fin du match sacrant pour la première fois de son histoire le RCSA champion de France.
Les minutes et les heures suivantes ne seront que pleurs, mais de joie cette fois-ci, et congratulations entre des joueurs et son public qui les a poussé au plus profond d’eux même pour accomplir l’exploit. Les joueurs peuvent enfin exulter et savourer un titre acquis de haute lutte avec l’aide d’un public énorme tant par son nombre que par son comportement, quelque peu décrié par les Gujanais soit dit en passant. Au delà de ces considérations subjectives, saluons les champions 2016 comme ceux de 2017, pour le beau match qu’ils ont offert sur la pelouse surchauffée de Moissac.
La soirée ne pouvait qu’être belle longue du côté de Saint-Affrique, et selon nos informations, elle le fut…
Les réactions d’après-match
Les deux coachs Fred CAPELLE et Clément SAINZ : « Match à l’image de ceux des phases finales, dur, accroché. Rien n’est tombé du ciel, il a fallu un gros investissement après une grosse remise en question suite à notre élimination en demi finale des Pyrénées. Ce groupe a un esprit de corps remarquable, on est une équipe qui ne lâche rien. Nous avions peu de doutes sur leur investissements même si nous ne sommes pas les plus forts techniquement, les gars ont un mental à toute épreuve qui nous a permis de tenir les dix dernières minutes en infériorité numérique contre une très belle équipe girondine. Un très grand merci au public qui a été exceptionnel, la victoire leur appartient aussi. Une grosse pensé aux anciens qui raccrochent les crampons sur un titre national, on ne pouvait rêver mieux pour eux. Nous sommes tous les deux très fiers d’avoir apporté ce titre à notre ville et encore plus d’avoir manager une trentaine de joueurs durant la saison car ce bouclier s’est gagné sur toute une saison et pas uniquement avec les 22 de la feuille de match d’aujourd’hui. »
Lucas PEYROTTES (fils de Hubert, joueur des années 90 et jeune troisième ligne du RCSA) : « Champion de France, c’est beau, je ne réalise pas trop. A la fin du match j’ai été très touché par la joie que cela a procuré à tous les Saint Affricains. Je suis fier d’avoir marqué l’histoire du club avec une bande de copains. Par contre déçu de ne pas pouvoir faire la troisième mi-temps, demain j’ai des partiels à Tarbes. »
Cédric CAZABONNE, un des « vieux » de l’équipe : « On a fait une grosse entame de match. On se l’était promis dans le vestiaire. Avec un pressing défensif énorme, on a fait douter cette équipe de Gujan. A 39 ans, être champion de France avec des gamins dont certains que j’ai formé à l’école de rugby, c’est le top. C’est magnifique pour le club. Champion de France, quelque soit le niveau, tu l’es pour la vie de toute façon. Un grand merci à notre public qui nous a vraiment transcendé. »
Yoan MARTY, Monsieur 100% de cette finale : « Exceptionnel, c’est beau pour les jeunes, les anciens, pour tout le monde. Champion de France c’est le pied ! »