A 14h55, Moissac, Gourdon et Saint-Céré étaient tous les trois leaders de la poule 4 avec 44 points chacun, mais Gourdon était en tête au nombre de matches gagnés (10 contre 9 pour les deux autres). Inutile donc de préciser l’enjeu du choc que représentait cette affiche entre Moissac et Gourdon, à quelques encablures de la fin de la saison régulière. A 14h56, un rapide coup d’œil confirme que les vacances sont bien là avec une tribune moins garnie que la buvette du Municipal moissagais. A 14h57, le speaker commence à égrener la liste des trente protagonistes qui vont entrer sur la pelouse dans quelques instants tout en précisant qu’une autre personne se trouve à Lauzerte pour donner le score évolutif de la rencontre contre Mauvezin : le club gersois étant le quatrième larron qui concoure à bouleverser l’ordre établi du trio de tête. A 14h58, les deux équipes font leur entrée sur le terrain. A 15h00, Monsieur Adgié donne le coup d’envoi… (Résumé et photos WilDon)
L’emprise de Moissac sur la rencontre ne met pas longtemps à devenir une réalité puisqu’il faut cent quatre-vingt secondes pour mettre Gourdon à la faute (pénalité que Plantade manque), puis quatre cent quatre-vingt secondes pour aller visiter l’en-but lotois au terme d’un slalom géant signé Jasinski, dans la défense gourdonnaise, pour un essai en solitaire que Gros transforme (8e, 7-0). Le décor est planté. Balat réduit la marque pour les siens d’une belle pénalité (11e, 7-3), mais Moissac remet le couvert au quart d’heure et enclenche un ballon porté destructeur qui part des vingt-deux lotois et s’arrête à cinq mètres de la ligne d’essai. Chazarenc en profite pour sortir du maul et marquer son essai en force pendant que Gros bonifie l’ensemble de l’œuvre de deux points de mieux (16e, 14-3). Complètement dominé, Gourdon s’en remet à son artilleur en chef, Balat, pour rester à flot, et revient au score (18e et 22e, 14-9).
Gros tente un drop-goal qui passe à gauche des poteaux, mais l’arbitre revient à une faute préalable, le buteur tarn-et-garonnais se charge de bien balancer le cuir entre les perches (25e, 17-9) et remet ça quatre minutes plus tard avec autant d’efficacité (29e, 20-9). Son homologue Balat en fait de même (35e, 20-12). Mais le pack visiteur va craquer à nouveau sur un autre ballon porté moissagais, l’ensemble du maul s’effondre dans l’en-but pour un magnifique essai collectif de bout en bout, que Gros transforme sans coup férir (40e, 27-12). Avec trois essais en première période, Moissac domine de la tête et des épaules ce match au sommet, tandis que Gourdon ne voit le camp de Moissac que sur les engagements pour mieux se faire raccompagner à la frontière de la moitié de terrain. Sur leur seule véritable action offensive qui s’approche de la ligne d’essai adverse, les Gourdonnais trouvent le moyen de faire un en-avant à dix mètres de la ligne.
A la reprise, les Moissagais commettent des fautes. Alors qu’ils étaient à la baguette, ils donnent le bâton pour se faire battre et filent des munitions à Balat qui ne demandait que ça. Le sniper lotois trouve deux fois consécutivement les perches tarn-et-garonnaises (42e et 48e, 27-18) et maintient les siens dans le coup. Les locaux retrouvent leur rugby offensif et Jasinski, encore lui, fait lever le Municipal sur une magnifique action qui transperce la défense adverse. Mais trop gourmand dans son slalom, le troisième ligne préfère éliminer un autre défenseur plutôt que de servir tout de suite Roussy, et se fait reprendre. Sa passe, en avant, en voulant servir Cousin de Puymarcel, alors que Roussy était seul sur la ligne des cinq mètres, provoque un énorme « ooooooh » des supporters locaux qui voyaient déjà Roussy plonger dans l’en-but gourdonnais (54e).
A défaut d’essai, Gros signe une nouvelle pénalité victorieuse pour Moissac (57e, 30-18). Gourdon écope de deux cartons blancs en neuf minutes (Barbès, 60e, et Sadout, 69e). L’Avenir Moissagais sembel donc radieux, avec une avance de 12 points et en double supériorité numérique. D’autant que six minutes plus tard, pour un spectaculaire placage sans ballon sur un Cousin qui n’est pas sur ses appuis, De Muylder prend à son tour dix minutes de pause administrative.
L’issue de la rencontre ne fait plus aucun doute, sauf que celle-ci tourne à l’avantage des Lotois, ce qui provoque quelques ardeurs, que l’arbitre calme par un commerce équitable de cartons jaunes (80e +2, Sabatié pour Gourdon et Jazinski pour Moissac). Gourdon en profite pour infliger un ballon porté rageur et un essai façon Carmina Buruiana au bout du bout du money time, essai que Balat bonifie (90e +4, 30-25). Moissac remporte le duel au sommet mais cette victoire a une saveur douce-amère. D’abord pour avoir laissé revenir son rival du jour et concurrent direct au classement, en prenant « seulement » les quatre points de la victoire, en perdant aussi le bonus offensif et en donnant en plus, le défensif à Gourdon. A la baguette toute la première mi-temps, Moissac a donné à Gourdon le bâton pour se faire battre. Un peu plus, et c’était le gourdin. Il est 17h00. Saint-Céré s’est incliné à Mauvezin, Moissac est seul leader. Les quatre premiers se tiennent en quatre points à trois journées de la fin. Alors, elle est pour qui la bonne opération finalement ?
Les réactions
Philippe Cousin, co-entraîneur de Moissac
Rugby Amateur : Sportivement et comptablement, vous avez battu un rival direct pour la première place, mais êtes-vous pleinement satisfait ?
PC : Non, effectivement. Car comptablement, ce n’est pas une bonne opération. On avait les cinq points, et nos adversaires zéro. Sur la dernière action, ils prennent le bonus défensif et nous enlèvent l’offensif. Pour moi, ce n’est pas un bon résultat. Enfin, si, parce qu’on gagne, mais on laisse deux points par terre. On fait beaucoup d’erreurs et ils en profitent par leur buteur. C’est dommage…
RA : On sent beaucoup de regrets en vous…
PC : Evidément. On gagne et on reste premiers, c’est bien, mais ces deux points perdus, à la fin, ils vont compter…
Jean-Denis Falgas, co-président de Moissac
Rugby Amateur : Président, ce score étriqué ne laisse-t-il pas des regrets ?
JDF : Tout d’abord, je suis ravi de notre équipe. Ensuite, il est vrai que Gourdon s’est nourri de nos fautes, avec trop de points donnés au pied et à leur super buteur. Mais, comme je l’ai dit, je retiens l’esprit de nos joueurs, les quatre points de notre victoire et la première place de l’Avenir Moissagais. Je suis très fier d’être avec ces garçons. Comptablement, c’est très bon, l’esprit est bon, les garçons viennent aux entraînements, tout le monde est uni, les bénévoles sont récompensés, alors je pense que c’est une bonne après-midi.
RA : En somme, Président, tous les feux sont verts pour les Bleus ?
JDF : (il sourit) : Tout est vert pour les Bleus oui, tant que cela ne clignote pas à l’orange, tout va bien (rires)
Alexandre Baron, co-entraîneur de Gourdon
Rugby Amateur : En première mi-temps, vous avez été particulièrement dominé, vous restez « en vie » par le jeu au pied de Balat, et pourtant, au final, il ne vous manque pas grand-chose pour faire un coup ?
AB : Oui, tout à fait. On a subi la pression, on a pris la foudre pendant les vingt premières minutes qu’on n’a pas su gérer. Heureusement notre buteur nous maintient au niveau du score. Après, c’est un match de haut de tableau, ça se joue sur de détails, mais ils ont été meilleurs que nous. Ils méritent leur victoire. Si on avait tenu ces vingt premières minutes où ils ont craché leur venin, si je puis dire, je pense qu’avec le vent favorable, on aurait pu leur passer devant en seconde période. Heureusement, on prend le bonus défensif et on leur enlève le bonus offensif, ce qui est logique vue la fin du match. Mais j’ai le regret de n’avoir pas existé lors de ces vingt premières minutes…
RA : D’un point de vue comptable, malgré cette défaite, Gourdon reste dans la course…
AB : Exactement, nnotre objectif, c’est la qualification. Et si la première place se présente, on la prendra bien volontiers. (sourire)
FEUILLE DE MATCH
A Moissac (Stade Municipal) – Moissac – Gourdon 30-25 (Mi-temps : 27-12)
Arbitre : M. Adgié
Pour Moissac : 3 essais de Jazinski (8e), Chazarenc (16), collectif (40), 3 pénalités (25, 29, 57) et 3 transformations de Gros (8, 16, 40)
Pour Gourdon : 1 essai de Buruiana (80 +4), 6 pénalités (11, 18, 22, 35, 42, 48) et 1 transformation (80 +4) de Balat
Moissac : El Mansouri, Robin, Chazarenc, Franceries, Bottarelli, Jasinski, Robinet, Cousin de Puymarcel (cap), Delpeyrou, Gros, Chazelas, Delbos, Plantade, Roussy, Robinet – Remplaçants : Fichet, Peccolo, Lachize, Le Du, Coudol, Benoni, Barendes.
Gourdon : Marty, Sadout, Malou, Troclet, Pagès, Andrieu, Labrande, Adenot, Lavernhe, Balat, Sabatié, Genneson (cap), Calles, Barbès, Lalande – Remplaçants : Gibrat, Buruiana, Arteil, Salanié, De Muylder.
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