On sait que les phases finales réservent toujours leur lot de surprises. Du coup, rien d’étonnant à retrouver face à face, au Stade Municipal de Léguevin, deux outsiders pour cette demi-finale aller du championnat Honneur. En effet, tant le Coq Léguevinois, vainqueur en quarts du Canton d’Alban après avoir remporté les deux manches (23-13 à domicile puis 21-15 dans le Tarn), que l’AS Montesquieu Volvestre, victorieuse pour sa part aux tirs au but de Saint Gaudens (24-24 sur l’ensemble des deux matchs, 5 tirs au but à 4) venaient d’éliminer des adversaires mieux classés au terme de la saison régulière et donc supposément supérieurs. Une affiche qui valait son pesant d’or, puisqu’au bout des 160 minutes (voire plus si affinités) se profilaient non seulement l’opportunité de jouer la finale régionale, mais aussi l’occasion d’évoluer au Stade Ernest-Wallon, habituel antre des rouge et noir du Stade Toulousain… (par Marco Matabiau).
Léguevin attaquait ce match vent dans le dos… et tambour battant, enchaînant plusieurs temps de jeu et balayant le terrain de droite à gauche. Une faute de main mettait cependant fin à l’action. On venait de voir en deux minutes un concentré de ce qu’allait être le match des protégés du président Duquesne. Ils ouvraient néanmoins le score sur une pénalité de Berthier (3 – 0, 8è). Montesquieu réagissait sur le coup de renvoi, récupérant le ballon et enchaînant autour de son paquet d’avants, notamment les deuxièmes lignes Guchens et Pinson. Ils obtenaient une pénalité qu’Icard transformait (3-3, 10ème). Les deux équipes s’évertuaient à pratiquer un jeu aéré et varié. Léguevin n’utilisait pas beaucoup le vent et préférait conserver le ballon plutôt que d’aller jouer chez l’adversaire. Après une belle échappée de l’ailier Boukercha côté gauche, Montesquieu allait inscrire le premier essai de la partie. Sur un second temps de jeu, Icard prenait l’intervalle et servait Vignaux d’une superbe chistera. L’arrière visiteur n’avait plus qu’à plonger dans le coin droit de l’en-but (8-3, 24è). La tentative de transformation d’Icard heurtait le poteau. Quelques instants plus tard, les Montesquiviens doublaient la mise. Le maul porté, bien structuré, ne laissait d’autre choix aux locaux que de se mettre à la faute. Bilan : essai de pénalité (15-3, 30è). Léguevin semblait KO debout, mais relevait tout de même la tête en fin de première période. A la 38ème, Berthier convertissait une pénalité consécutive au premier véritable maul porté de ses avants (15-6), puis juste avant la pause, il récidivait après un plaquage sans ballon d’Icard sur l’ailier local Faure, faute qui valait d’ailleurs à l’artilleur du Volvestre d’aller se reposer dix minutes sur la touche. Aux citrons, Montesquieu menait donc 15 à 9.
Montesquieu met les points sur les «i»… comme Icard
La soufflante passée par Mickaël Carré à ses hommes semblait les avoir revigorés. Ils repartaient tambour battant et, de façon similaire à ce qu’il s’était passé au premier acte pour ses adversaires, Léguevin inscrivait un essai de pénalité sur un maul porté dévastateur (16-15, 48ème). On se disait alors que les Léguevinois avaient fait le plus dur en passant devant, mais Montesquieu allait leur mettre la tête sous l’eau en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Sur un ballon récupéré dans la ligne, Amiot récupérait et écartait immédiatement sur Boukercha qui gratifiait le public du forfait complet : raffut, prise d’intervalle, accélération et plongeon en coin après 70 mètres de course. Icard transformait d’un maître coup de pied (22-16, 55è). Icard apportait la touche finale au succès des siens, convertissant deux pénalités coup sur coup (69è, 73è) après que Stephan, le troisième ligne de Léguevin, ait reçu un carton jaune (70è) pour un plaquage jugé dangereux sur le talonneur Ramond.
Au final, Montesquieu l’emportait sur le score de 28 à 16 en ayant fait preuve de solidarité, de maîtrise et d’opportunisme. Sans jamais s’affoler, le groupe, autour de ses deux leaders Amiot (très complet dans son jeu, présent tant au près qu’au large) et Icard (impérial au pied, utilisant à merveille l’appui du vent en seconde période) a su dans un premier temps s’organiser, s’arc-bouter et repousser les assauts du Coq pour ensuite contrer et concrétiser dans ses temps forts. Pour leur part, les Léguevinois ont plutôt mal négocié ce match aller, utilisant peu le vent et multipliant les approximations dans le jeu à la main malgré une volonté évidente de produire dans le sillage du capitaine Barbara et de l’ouvreur De Chasteigner. Les nombreuses blessures accumulées tout au long de la saison (Cunnac, le capitaine habituel, dernier en date dimanche dernier, touché gravement au genou) ont peut-être aussi fini par avoir raison de la résilience des rouge et bleu. Même s’il reste un match retour à disputer, l’avantage acquis par les hommes du duo Brun – Boucheron-Métraud (+12) semble fort difficile à surmonter, et n a peine à croire que l’AS Montesquieu ne foulera pas la pelouse d’Ernest-Wallon lors de la finale du 30 avril prochain…
Réactions
Laurent Brun (Entraîneur, Montesquieu): «Je ne sais pas si on peut parler d’option prise pour la finale. Tout le monde peut rattraper des points à l’extérieur, il faut rester prudent. C’est une équipe qui pratique un beau rugby, qui est bien organisée quand elle met la main sur le ballon. On avait demandé aux joueurs, en premier lieu, de se faire plaisir, puisqu’on n’avait pas été en demi-finale depuis un petit moment, puis de pratiquer le jeu que l’on sait jouer. Il fallait s’envoyer à fond pour gagner les duels tant offensifs que défensifs, le rugby restant un sport de combat collectif.
Mathieu Amiot (Troisième ligne, Montesquieu): «On avait pas mal de petits bobos après notre quart contre Saint Gaudens. On a d’abord passé la semaine à essayer de guérir tout ça. Ensuite, individuellement, on est peut-être moins performants que les joueurs de Léguevin, mais sur le plan collectif, on a montré plus d’envie. C’est ce qui a fait notre force aujourd’hui. Les entraîneurs nous avaient demandé de rester sereins, calmes, de jouer le rugby que l’on sait jouer, d’être collectifs et solidaires. Ça a payé.»
Grégoire Barbara (Troisième ligne, Léguevin): «On déjoue complètement en première mi-temps. On n’arrive pas à gagner nos duels. En deuxième mi-temps, on prend un coup de klaxon, on arrive à rectifier le tir sur deux ou trois mauls portés. On arrive à mettre en place ce que l’on travaille habituellement. Après, Montesquieu a réussi à bien défendre. Ils ont été agressifs avec de bonnes montées. Ils nous ont mis en difficulté. On a beaucoup subi. Le score final nous met dans une position délicate pour aborder le match retour, même si on va jouer notre va-tout sur cette rencontre. A nous d’essayer de les faire déjouer et de nous préparer au mieux cette semaine.»
Feuille de match
A Léguevin (Stade Municipal): AS Montesquieu Volvestre bat Coq Léguevinois 28 à 16 (mi-temps: 15 – 9)
Arbitrage: M. Corentin Meler assisté de M. Pascal Vitrac et M. Mathieu Nirascou (Comité Midi-Pyrénées).
Pour Léguevin: 1 essai pénalité (48è), 3 pénalités (8è, 38è, 40è) 1 transformation Berthier.
Pour Montesquieu: 3 essais Vignaux (24è), pénalité (30è), Boukercha (55è) 3 pénalités (10è, 69è, 73è) 2 transformations Icard.
Cartons jaunes: à Montesquieu, Icard (40è) ; à Léguevin, Stephan (70è).
Composition Léguevin: Ancaert ; Faure, Gay, Berthier, Pagèze ; De Chasteignier (o), Julia (m) ; Barbara (cap), Bayol, Stephan ; Antony, Delpont ; Galaup, Darche, Samson.
Sur le banc: Gistau B., Goubert, Ates, Gistau J., Devautour, Raux, Bos.
Entraîneurs: Marc Thévenot, Sébastien Falco et Mickaël Carré.
Composition Montesquieu: Vignaux ; Subra, Rouaix, Inard, Boukercha ; Icard (o), Auban (m) ; Amiot, Tahar, Huillet ; Guchens (cap), Pinson ; Lenormand, Ramond, Mahieu.
Sur le banc: Vezat, Mouton, Pons, Chardeau, Lourde, Favareille, Lemaitre.
Entraîneurs: Jérôme Boucheron-Métraud et Laurent Brun.