Se battre au quotidien avec les moyens du bord, c’est quelque chose qui parle à bon nombre de clubs amateurs. Certains connaissent une embellie, plus ou moins durable, grâce à une grande génération de joueurs, et/ou l’apport d’un mécène généreux qui permet de grimper dans la hiérarchie. Le plus dur étant de se maintenir au sommet, et là, ça parle aussi aux clubs professionnels. Alors, quand un village de 1 000 habitants, abrite un club qui, sans bruit, s’évertue à maintenir le rugby auprès des jeunes dans une zone géographique plutôt isolée, éloignée des grandes et des moyennes villes dans un rayon de 40km, et que son équipe séniors domine l’élite régionale, au point d’en valider son ticket pour la fédérale 3, on se dit qu’il y a encore de belles histoires dans notre sport. Alban est ce petit village d’irréductibles rugbymen, posé sur les premiers contreforts du Massif Central. Le dernier bourg du Tarn avant d’entrer en Aveyron, fier de son équipe fanion, qui a signée un authentique exploit en assurant sa montée en fédérale 3, à trois journées de la fin, grâce à un parcours parfait (16 victoires en 16 matchs). La réserve n’est pas en reste, puisque, 3ème, elle va aussi se qualifier. le tout, avec 50 joueurs « seulement ». Nous avons demandé les secrets de cette réussite à son co-président, Bernard Mauriès, et les réactions des joueurs, ravis de cette première partie de saison. Car oui, qu’on se le dise, le Canton d’Alban entend bien aller au bout de cette incroyable aventure, et touche du bois, pour en toucher plus tard… (photos Christophe Fabriès)
Président, quel est votre sentiment maintenant que la montée en fédérale 3 est assurée ?
Bernard Mauriès : on est très heureux forcément. On partage ce bonheur avec toutes les personnes du club qui permettent ce superbe alignement des planètes. Depuis dimanche, on a reçu énormément de messages qui nous font comprendre que l’on donne également du plaisir aux gens qui nous suivent ou qui aiment le rugby tout simplement.
Est-ce que vous imaginiez une telle issue, à trois journées de la fin ?
On a été champions d’automne, ce n’était qu’honorifique bien sûr, mais révélateur malgré tout d’une belle dynamique, entretenue depuis. Donc, on s’est mis à y penser petit à petit, sans trop vraiment y croire. Mais on valide une montée à trois journées de la fin oui, c’est magnifique, une formidable récompense pour tout un club.
Quelles étaient vos ambitions réelles en début de saison ?
Secrètement, on visait la qualif, en prenant les matchs les uns après les autres comme on dit. Et puis, les victoires se sont enchaînées, et comme l’appétit vient en mangeant. Alors le staff et les joueurs ont pris conscience de ce qu’ils avaient fait, et de ce qu’il restait à faire. C’est pourquoi, je vous assure que cette montée officialisée ne va pas nous couper l’appétit. Au contraire, maintenant, le groupe a envie de plus. Les clignotants sont au vert, on va disputer les finales du terroir en mars, les phases finales de l’Occitanie ensuite, et enfin, les 16ème du championnat de France, grâce à notre beau parcours, qui je l’espère, va continuer le plus longtemps possible.
Vous vous projetez pour les prochaines échéances, vous devez donc penser dès maintenant à la rentrée prochaine, en fédérale 3 ?
On y pense, depuis dimanche (rires). On a le confort de pouvoir la préparer d’ores-et-déjà, plutôt que d’attendre fin mai. C’est un avantage certain. Maintenant, vu notre situation géographique, il n’est pas facile de renouveler les effectifs. Quand un ancien arrête, c’est un junior qui le remplace. On va faire au mieux pour bâtir un groupe capable de se maintenir en fédérale 3, car c’est un niveau très exigeant.
Vous mettez en avant les valeurs de votre groupe, du club, et vos moyens limités. Comment expliquez-vous cette réussite ?
Nous sommes un petit village de 1 000 habitants, on ne paye personne, on n’en a pas les moyens de toute façon. Mais le groupe est formidable. On a des jeunes qui font leurs études à Toulouse, et ils s’organisent chaque semaine pour être assidus aux entraînements, ils font du co-voiturage, c’est vraiment admirable cette mentalité. Ils apportent de l’énergie, de l’insouciance, de l’envie, un regain de motivation aussi. A peine majeurs, ils jouent en réserve, voire plus. C’est aussi cela notre fierté. Et une des raisons de cette réussite. Mais chaque maillon de la chaîne a son importance. Nos entraîneurs, François Giovanini et Marc Da Silva, qui ont connu des niveaux supérieurs, font un travail impressionnant, avec Guillaume Gos et Guillaume Libourel, sans oublier Cedric Combes et Arnaud Pousthomis en réserve aussi. Je me souviens que Marc m’avait dit en début de saison, qu’il lui tardait de voir comment on faisait pour faire autant avec si peu de moyens. Tous les petits détails comptent.
Vous avez un exemple à nous donner ?
J’ai souvenir de notre premier match de la saison, en Andorre, qui était notre déplacement le plus lointain. On s’était concertés et on a décidé de partir la veille, pour mettre les joueurs dans les meilleures conditions. Ils nous ont rendu cette attention au centuple avec une victoire. Peut-être que tout est parti de là, car depuis, cette dynamique ne s’est jamais arrêtée.
Six mois plus tard, vous voici en fédérale 3, avec 16 victoires en 16 matchs…
Et c’est tout simplement superbe. Depuis 3 ans, on a pris l’habitude de se qualifier, avec la Une et la réserve, et ce malgré un effectif de 50 bonhommes, on va essayer d’aller le plus loin possible cette année encore. Car gagner un titre serait une récompense formidable pour toutes celles et ceux qui oeuvrent au quotidien pour ce club. Je me souviens que la victoire en Coupe des Pyrénées en 2015 avait sans doute été le point de départ de cette aventure. Un titre, quel qu’il soit, reste un titre. On s’en souvient à vie.
Pour terminer, à moyen terme, la pérennité du Canton d’Alban ne passe-t-il pas par un rapprochement avec d’autres clubs ?
Les jeunes sont déjà en entente avec Lacaune et Valence d’Albi. On doit raisonner en fonction d’une démographie qui ne progresse pas, on doit raisonner en bassin d’emploi, en ressources locales… Alors oui, on envisage des solutions. Une entente plus élargie, pourquoi pas, mais raisonner en rugby de territoire, plus qu’en rugby de village semble inévitable. Nous sommes cependant éloignés des principales villes à 40 km à l’est, et 35 km à l’ouest. Peut-être faudra-t-il un jour parler avec Saint-Juéry, naturellement plus tourné vers la banlieue d’Albi, voir avec Montredon, qui fait un travail remarquable de son côté. Mais ce qui me semble certain, c’est qu’il faudra s’ouvrir sur l’extérieur.
Réactions – Côté joueurs
Alexandre Cambon (3ème ligne aile) : Au début de la saison on s’était fixé comme objectif déjà de se maintenir et de prendre du plaisir. Puis, vu nos bons résultats on a élevé nos ambitions. On a pris match après match bien sûr, tout en restant les pieds sur terre. Le résultat à Muret nous a permis de valider le travail de tout un groupe, joueurs, entraîneurs dirigeants, bénévoles, supporters. Après cette montée en fédérale 3, il faut vite basculer sur le prochain match et sur la suite du championnat si on veut ne pas avoir de grosses désillusions, comme se faire sortir d’entrée des phases finales. 16 victoires consécutives : ça ne m’est jamais arrivé ! L’expliquer est difficile, on a un super groupe seniors depuis quelques années, malgré le fait qu’on soit pas trop nombreux, avec des joueurs de qualité. Il y a des joueurs qui ont su tirer le groupe vers le haut ! Et ça nous a permis d’avancer ds le droit chemin et de regarder vers le haut !
Florent Pousthoumis (capitaine): Effectivement cette saison est déjà magnifique. Au mois d’août, on s’était fixé comme objectif de jouer au mois de mai, aujourd’hui on a validé la première place de la poule et ouvert les portes de la fédérale 3. C’est génial de vivre une saison comme celle-ci. Ça récompense le travail de tout un club, dirigeants, entraîneurs, éducateur de l’école de rugby, joueurs, sans oublier notre public et de tous ses bénévoles qui oeuvrent dans l’ombre afin que l’on puisse pratiquer notre sport dans les meilleures conditions. Maintenant on va préparer au mieux les phases finales pour continuer l’aventure le plus longtemps possible.
Léo Grazino (demi de mêlée): comme tout le groupe je pense, on ne s’y attendait vraiment pas, on a commencé à y penser à la mi saison. L’objectif premier était de pouvoir jouer en mai et que la saison soit la plus longue possible, après il y a eu la série de victoires mais ce n’était vraiment pas dans les plans en septembre. Évidemment on est tous très heureux de cette montée, on vit le moment présent chaque dimanche sans penser au prochain, à croire que c’est la bonne recette. J’en profite pour adresser un grand merci aux bénévoles et supporters car on le fait jamais assez, qui nous suivent autant à la maison qu’à l’extérieur on en a encore eu la preuve ce dimanche
Ce club du Canton d’Alban avait été la seule équipe a faire trembler le Saint Girons Sporting Club en 2018 lors de la fameuse saison des deux titres…
Il ressemble comme deux gouttes d’eau au sporting dans l’approche du rugby « vraiment » AMATEUR….
Un grand bravo à eux et tous mes voeux pour aller chercher des titres au printemps !!!
Il ne faut faire entente que si le rugby et le club sont en danger mais pas que pour rester en serie 3. Il vaut mieux 2 clubs de village en serie 4 qu’un de secteur en f3. Par contre en educatif et afin de pouvoir jouer dans toutes les categories la l’zntente et le regruppemznt est ok…